Assises nationales de l’agriculture : faire de « l’autosuffisance alimentaire » une réalité

Le secteur agricole est-il en mesure d’assurer l’autosuffisance alimentaire du pays ? La réponse est oui pour les participants aux Assises nationales de l’agriculture qui se sont tenues hier mardi au Palais des Nations à Alger sous le slogan de « Agriculture : sécurité alimentaire durable », en premier lieu le chef de l’Etat, Abdelmadjid Tebboune, qui, dans son allocution d’ouverture, n’a pas manqué de développer une approche qui rompt nettement avec la démarche suivie durant de longues décennies en matière de développement agricole et de sécurité alimentaire.

Un délai de 12 mois pour le ministère de tutelle

Scindés en quatre ateliers, qui sont «les moyens et les facteurs de production», «la promotion des filières stratégiques», « l’organisation et l’accompagnement» et «l’économie forestière et le barrage vert», pas moins de 440 experts et professionnels du secteur se sont penchés durant plusieurs mois sur les différents aspects du secteur agricole, en amont  et en aval de la production, pour aboutir aux recommandations présentées hier lors de ces Assises consacrées à l’agriculture.

Axées principalement sur la nécessaire numérisation de la gestion du secteur agricole, l’extension des périmètres irrigués et la régularisation foncière, les recommandations des ateliers en question seront débattues prochainement en réunion de gouvernement, puis en Conseil des ministres avant que le ministère de l’Agriculture et du développement rural ne procède à leur mise en œuvre dans un délai de douze mois, a tenu à préciser le premier ministre, Aïmene Benabderrahim.

Des statistiques peu fiables

Au-delà des performances enregistrées dans certaines filières ces deux dernières années, les Assises de l’agriculture d’hier ont été aussi une occasion pour mettre en exergue les écueils et autres insuffisances qui freinent encore l’essor du secteur.

Sur ce plan, le chef de l’Etat a pointé du doigt la problématique de la fiabilité des données statistiques du secteur qui, faut-il le dire, empêche depuis de longues années la mise en place de politiques de développement adéquates.

En lançant à l’adresse de l’assistance, notamment des responsables du secteur que «l’Etat qui veut s’ériger en puissance économique, voire agricole, doit disposer de chiffres précis», le président Tebboune a révélé que ni les données sur les surfaces cultivées, ni le potentiel de la filière élevage ne sont exactes. « La superficie des terres cultivées à travers le pays évaluée, alors, à 3 millions d’hectares (les terres relevant du domaine privé de l’Etat, ndlr), mais les enquêtes menées dans le cadre de la numérisation, ont démontré que ce chiffre ne dépassait pas 1,8 million d’hectares », a-t-il déclaré avant de poursuivre « l’Algérie disposait de 19 millions de têtes ovines et non pas de 23 millions, encore moins de 29 millions d’après les anciennes statistiques ».

Désormais, il est donc question d’identifier les facteurs de blocage qui subsistent pour permettre au secteur agricole de prendre son élan et en faire un deuxième socle de l’économie nationale après le secteur des hydrocarbures, tel que le souhaite le chef de l’Etat qui trouve « inadmissible de continuer à importer avec les recettes pétrolières des produits comme l’ail et d’autres produits agricoles, au moment où nous disposons de terres agricoles et de 87 barrages », alors qu’en matière des rendements céréaliers, il relèvera le faible taux de 23 quintaux/hectare alors que « nous sommes capables d’(en) produire jusqu’à 60 quintaux/hectare ».

Avantages fiscaux

Pour inciter les producteurs à s’inscrire dans la nouvelle dynamique que les pouvoirs publics inculquent désormais au secteur agricole, d’importantes mesures d’accompagnement sont prévues dans le cadre de la nouvelle feuille de route tracée par le gouvernement, notamment en matière d’accès aux facteurs de production (le foncier et ressources hydriques) et aux crédits.

Si le chef de l’Etat a en effet exprimé son engagement à soutenir jusqu’à hauteur de 90% tout projet agricole ou agroalimentaire utilisant des matières premières locales à 100%, la directrice générale des impôts a pour sa part annoncé la défiscalisation totale des petits exploitants, dont la superficie ne dépasse pas 2 hectares.

Une fois les lacunes qui subsistent identifiées pour y remédier, les moyens tant financiers qu’administratifs pour accompagner les agriculteurs déployés, le tissu juridique mis à jour et adapté aux exigences du terrain, il ne reste aux acteurs du secteur qu’à se mobiliser pour travailler et exploiter d’une manière effective les terres dont ils sont attributaires. Tel est le message qui ressort en substance de ces Assises auxquelles ont pris part des hauts responsables de l’Etat, des représentants des agriculteurs et producteurs mais aussi des experts et spécialistes de différentes disciplines en lien avec l’agriculture.

Mohamed Naïli

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