Partenariat public-privé: La mise au point de l’UNEP

Un débat fort intéressant sur le partenariat public-privé a eu lieu aujourd’hui à Alger, plus précisément à l’Ecole supérieure d’hôtellerie et restauration (ESHRA) d’Ain Benian, à l’occasion d’une journée d’étude sur ce thème, initiée par l’Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP).

Outre les membres de l’UNEP, cette rencontre consacrée au “Partenariat public-privé et relance de l’investissement” a vu la participation de représentants d’organisations patronales, d’autres d’administrations et d’institutions publiques, ainsi que des représentants de banques et de compagnies d’assurances. Tous concernés par cette formule dans un contexte d’amenuisement des ressources financières de l’Etat et son incapacité à maintenir ou à lancer des projets d’intérêt général.

Contrairement à ce que pensent certains, y compris des acteurs du marché, il ne s’agit pas de partenariat entre entreprises publiques et privées mais de la réalisation d’équipements publics par le secteur économique. «On parle du partenariat public-privé, pas de l’entreprise publique et de l’entreprise privée. Il ne s’agit pas non plus d’ouverture du capital de l’entreprise publique. On est plutôt en train de parler de la réalisation d’équipements publics par le secteur économique» a affirmé, d’emblée, le président de l’UNEP, M. Lakhdar Rekhroukh, conforté dans ses dires par M. Nacer Sais, le P-DG de la SAA (société algérienne d’assurances).

Allant plus dans la précision, M. Sais expliquera que le Partenariat public-privé est plutôt un partenariat «entre la puissance publique qui est l’Etat et le secteur économique. Le public, c’est l’Etat, c’est l’administration. Le privé, c’est le secteur économique. Ce peut être une entreprise publique, une entreprise privée ou un partenaire étranger» a-t-souligné. D’où la question du financement.

Qui va financer la réalisation de ces projets ? Les banques ? L’investisseur public ou privé ? Le partenaire étranger ? L’on ne sait pas trop. Une chose est sûre, ce n’est pas l’Etat.

A ce propos, l’orateur évoquera le contexte du recours à ce modèle de partenariat : «Pourquoi on en parle précisément aujourd’hui ? C’est parce qu’actuellement, il y a ce besoin de financement. Autrefois, c’était l’Etat qui finançait ses projets. Le budget était alimenté par les cours du pétrole. Ce n’est plus le cas aujourd’hui même si l’on enregistre une certaine reprise des prix depuis quelques mois. L’Etat cherche donc des solutions alternatives. Le PPP en est une piste. L’objectif est donc d’alléger la pression sur le budget de l’Etat mais aussi éviter à ce qu’il y ait interruption dans la réalisation des grandes infrastructures».

Le P-DG de la SAA rappellera que ce n’est pas la première fois que l’Algérie recourt à cette formule : «ça été fait début des années 2000 suite à la sécheresse qu’a connue notre pays. 11 stations de dessalement de l’eau de mer ont été réalisées sous cette forme. C’étaient les investisseurs eux-mêmes qui s’occupaient de la mobilisation des finances. Le PPP ne ramène pas que des financements mais il permet aussi la réalisation des projets selon les normes et dans le respect des délais».

Intervenant sur l’organisation du secteur public marchand et la promotion de l’investissement, le Pr Mohamed Cherif Belmihoub, ancien ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de la Prospective, a longuement parlé des problèmes de l’entreprise publique économique en Algérie : «l’outil public national a été cassé et le privé n’est pas vraiment développé». Aujourd’hui, a-t-il souligné, il y a nécessité d’assainir l’environnement économique de façon à protéger notamment l’entreprise publique des effets pervers de l’informel. Pour l’intervenant, il y a possibilité de faire évoluer l’EPE sinon la transformer en EPIC.

Un retour aux réformes de 1988, avec une bonne application sur le terrain, contrairement à ce qui est fait jusque-là, apporterait de bons résultats, selon le spécialiste en économie. Evoquant le financement, il a plaidé pour l’ouverture de nouvelles banques afin de créer de la concurrence. De même, il a évoqué la nécessité de mettre en place une agence des participations de l’Etat, devant être une entité totalement indépendante.

De son côté, le Pr Ali Mebroukine, spécialiste en droit des affaires, a souligné la nécessité de modifier certains textes de loi portant sur l’acte de gestion de l’entreprise. Pour l’intervenant, il y a nécessité de définir la faute de gestion : «Le texte juridique doit d’abord définir la faute de gestion. Lister les infractions». De même, il est nécessaire de «définir les  missions économiques de l’Etat en tant que régulateur ou gestionnaire». Par ailleurs, le Pr Mebroukine a affirmé qu’il y a un sérieux problème de formation des magistrats. D’où l’urgence d’y remédier.

Karima Mokrani.

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