Un pôle de biotechnologie en algérie à l’horizon 2020

Entre défi, rêve et illusion

L’Algérie ambitionne de disposer pour son pôle de biotechnologie du même standing que ceux de Boston, d’Ireland et Singapour à l’horizon 2020.
Ce pôle, fruit du partenariat algéro-américain, sera implanté à Sidi-Abdellah (Alger) et dédié à la recherche scientifique et médicale ainsi qu’à la production de produits pharmaceutiques.

Un mégaprojet en somme, devant couvrir la zone Afrique du Nord et Moyen-Orient (MENA) en matière de fabrication et d’approvisionnement en médicaments
notamment, s’il arrive à se concrétiser.
Il faut relever au passage que les Etats-Unis d’Amérique ont mis une centaine d’années pour bâtir le pôle biotechnologique de Boston, appelé communément «le Davos de la biotechnologie», l’Ireland cinquante ans et Singapour trente ans. Celui de l’Algérie devrait être le 4e en la matière dans le monde.

Toutefois, l’entreprise n’est pas de tout repos au vu de l’étude de faisabilité effectuée sur l’environnement socio-économique en Algérie par le bureau d’expertise international Deloitte, pour le compte des Américains.
Au terme de cette étude, un rapport de 200 pages a été établi avec 88 recommandations que l’Algérie devrait prendre en compte pour prétendre bénéficier d’un pôle de biotechnologie.

L’étude a fait ressortir que l’économie algérienne est fortement dépendante des hydrocarbures. Le taux de diplômés en Algérie dans les filières scientifique est de moins 1%, alors qu’il y a un accroissement dans les dépenses de santé et une faible participation du secteur privé.

Les lois sur l’actionnariat des étrangers ou le principe de 49/51% est considéré comme un aspect ralentissant les investissements étrangers, malgré l’existence d’un grand potentiel en Algérie, note le même document.
Le rapport recommande aussi de faciliter l’entrée de produits innovants en Algérie dans la mesure oû le futur pôle biotechnologique ne pourrait pas tout produire localement. Pour ce qui est du taux de croissance des essais cliniques, considéré comme une première échelle de valeurs au sein des pôles de biotechnologie, une étude comparative a fait ressortir qu’en 2011 Singapour a réalisé 686 essais cliniques, l’Irelande 457 et Boston 5 210 contre 28 en Algérie.

L’étude a déploré aussi le faible taux de fabricants de médicaments en Algérie qui auraient pu intégrer le futur pôle biotechnologique. Cette expertise s’est également intéressée dans ses recommandations à la stabilité, la transparence et la prévisibilité réglementaires.

Dans son rapport, ce bureau d’expertise a notamment insisté sur les ressources humaines et la valorisation des compétences en Algérie. Il est ainsi recommandé d’accroître le partenariat en Algérie entre l’industrie et l’université ainsi qu’avec des instituts internationaux, d’aller vers une réglementation assurant la libéralisation des prix, l’actionnariat et les droits de propriété intellectuelle, selon les standards internationaux.

Autant de «conditions» que l’Algérie, où les moyens financiers ne manquent pas, doit satisfaire pour prétendre à un pôle de biotechnologie de la même envergure que les trois autres existant de par le monde. Le rêve est permis, mais le défi est difficile à relever tant le parcours est semé d’embûches.

Par Aïssa Benmedia   

Les commentaires sont fermés.