Soficlef, leader national de quincaillerie.

Située dans la commune de Si Mustapha, wilaya de Boumerdès, à une cinquantaine de kilomètres d’Alger, l’usine de Soficlef, leader national de la quincaillerie, s’étend sur quelque 35 000 m². Elle y est installée depuis 2009.
Il s’agit en fait du siège de l’ex-Entreprise nationale d’approvisionnement et de production électronique et électroménager que l’entreprise a racheté aux enchères.

[dropcap]L[/dropcap]es lieux ont bien changé depuis, comme en témoignent les photos prises juste après l’acquisition du site.
Un site que nous découvrons en ce début de juin 2015. A peine le seuil de l’entreprise franchi, nous sommes attirés par la tranquillité qui règne dans cet espace où la verdure se taille une part de choix.
La signalisation et les recommandations à tenir sur ce lieu de travail impeccablement tenu, aussi.
L’endroit est propre. Il est évident que des efforts ont été faits pour offrir aux 280 employés de Soficlef un cadre de travail agréable pour un meilleur rendement.
Des employés que l’on a initiés au tri sélectif, comme en témoignent les nombreux bacs installés dans les unités de production et leurs abords.
«Avant de nous installer dans cette commune, nous étions à Birkhadem», a indiqué Sofiane Khiar, directeur général de Soficlef qui nous reçoit avant la visite des lieux.
Le patron ne manque pas de nous raconter une anecdote concernant l’acquisition du site où il siège aujourd’hui.
«La vente aux enchères du site a eu lieu le jour où l’Algérie disputait son match contre l’Égypte à Oum Dormane. À ma grande surprise, j’étais le seul présent à cette vente, ce qui m’a évidemment permis de la remporter.»
Depuis, beaucoup de choses ont été faites pour installer confortablement et dans la durée l’unité de production et d’assemblage de Soficlef, et l’occasion nous a été donnée de découvrir les projets de développement de l’entreprise et la technologie qu’elle utilise.

Notre interlocuteur revient sur les débuts de l’entreprise qui aujourd’hui fabrique des poignées, des plaques d’immatriculation et des serrures et qui est arrivée à s’imposer sur le marché grâce à un produit compétitif et de qualité.

«Nous nous sommes lancés dans le projet industriel en 2006, du début de notre activité à cette date, nous étions importateur distributeur de clés, ébauches de clé et serrures. Nous étions aussi le représentant exclusif de plusieurs marques européennes.».

Un marché à l’époque dominé par un produit européen assez cher et un produit chinois qui n’est pas aux normes, fait remarquer Sofiane Khiar qui revient sur son expérience : «Nous avons donc en 2006 décidé de nous lancer dans la production, nous avons commencé par la fabrication de la plaque d’immatriculation. Ce qui n’était pas aisé, car il y a une technologie à maîtriser.»

Et c’est par l’unité de production des plaques d’immatriculation que commence notre visite de cette usine qui a son propre dépôt sous douanes.
L’espace de fabrication de la plaque d’immatriculation où la température doit être maintenue à 23 degrés, nous le découvrons avec Rédha Boutiouta, directeur de production.
Il nous explique que cette machine de production est la deuxième du genre dans le monde.
«Le processus de fabrication de la plaque d’immatriculation est indépendant de celui de la poignée et la serrure. Trois composants entrent dans sa fabrication, à savoir l’aluminium en rouleau, le solid foil et le film réfléchissant.»

En ce qui concerne l’aluminium, ce composant est de différentes épaisseurs et cela dépend du type de la plaque.
Le film réfléchissant et le solid foil sont importés d’Europe. Le solid foil est un matériau important car il facilite la découpe pour une conception de plaque rapide, précise Redha Boutiouta.

L’unité de production de la plaque d’immatriculation est dotée de deux lignes. Celles-ci sont numérisées.
L’intervention de l’élément humain se limite au paramétrage et à l’alimentation des machines.

«Ces deux lignes disposent d’une capacité de production importante, en 8 heures de service chaque ligne produit 10 mille plaques. En trois shifts, elles produisent au total 30 mille plaques par jour.»
Ce qui, selon le directeur général, couvre largement la demande nationale en matière de plaques d’immatriculation.

«Nous produisons annuellement trois millions de plaques, nous répondons donc à la demande locale. Nous souhaitons d’ailleurs aller vers le marché européen dans un avenir proche.»

Il est à noter que les déchets résidus de la fabrication de la plaque sont récupérés et transformés en linguaux d’aluminium.

La plus grande partie de la superficie de l’entreprise est consacrée à l’unité de production de la poignée de porte, la crémone de fenêtre et la serrure.

La poignée de porte est produite à hauteur de 6 000 pièces durant les trois shifts. Sa fabrication passe par plusieurs étapes.
«La première étape est la fusion des linguaux d’aluminium qui se fait dans un four à 800 degrés, ensuite viennent la transformation, le passage au bol vibrant pour extraire la bavure et, enfin, le polissage. Une fois la pièce polie, elle revient au bol vibrant pour un autre nettoyage. La dernière étape est le passage dans un four à tunnel pour un accrochage», détaille Rédha Boutiouta.
Au poste d’assemblage, un agent peut monter jusqu’à 450 crémones par jour. «Dans la partie assemblage, nous avons 8 agents, ce qui nous donne approximativement près de 5 000 crémones jour.»

Les noms d’agents sont inscrits sur les cagots contenant des poignées de porte.
On nous explique que c’est une manière de mesurer la cadence de travail de chaque agent de cet atelier où ne travaillent que des hommes.
Mis à part au sein de l’administration, l’élément féminin est inexistant.
Des employés au geste machinal dont chacun s’occupe de l’assemblage d’une partie de la serrure qui porte le nom de l’entreprise.

Soficlef a aujourd’hui un taux d’intégration de 60%, et le faire passer à 100% est l’une des ses priorités.

Sofiane Khiar nous explique que Soficlef souhaite fabriquer un composant important de la serrure.
«Il s’agit du cylindre, un composant à base d’étau que nous importons à un prix assez élevé. Nous avons donc décidé d’acquérir les machines qui nous permettront de le fabriquer. Celles-ci coûtent environ 2 millions de dollars.
Le déchet de cette matière représente 40% de son poids. Il est nécessaire de le récupérer pour rester compétitif.
Un investissement de plus que Soficlef envisage d’assumer et qui nous permettrait d’exporter ce déchet récupéré et transformé en matière première.»
Hélas, l’existence d’une loi qui interdit l’exportation de produits ferreux et non ferreux vient une fois de plus pénaliser le projet.

S’agissant des investissements, Soficlef a initié un projet de récupération de déchets. Selon Zemouri Kheireddine, directeur adjoint au sein de l’entreprise, ce projet est très important pour la commune de Si Mustapha en termes d’employabilité et de réduction des coûts.

«Nous avons initié un projet de récupération des déchets plastiques. Actuellement, nous sommes en attente d’attribution du terrain dont la superficie atteindra les 10.00 m². Un tel projet a une importance capitale pour la région où nous sommes implantés car il permettra la création de 1.000 emplois au minimum.»
Ce projet nécessitera un montant d’investissement de 5 millions de dollars.

Un laboratoire de qualité de quincaillerie avec un centre de recherche et de développement ouvert aux étudiants figure parmi les projets de développement de l’entreprise.
Des ambitions que l’entreprise tend à réaliser malgré les difficultés qu’elle rencontre.

Des difficultés comme le paiement des droits et taxes. «A titre d’exemple, un importateur qui ramène la plaque d’un pays européen ne paie aucune taxe.
Nous, on importe la matière première pour fabriquer des plaques et on est soumis aux 15% de droit des douanes.»

Une incohérence dans le système douanier que Sofiane Khiar souhaite voir changer. Malgré toutes ces difficultés, le manager reste optimiste quant à l’avenir de son entreprise. Les projets cités permettront sa pérennité.

Accéder au marché étranger notamment européen est l’un des objectifs de Soficlef.
«Nous avons commencé à prospecter le marché européen vers lequel nous souhaitons exporter la plaque d’immatriculation, pour cela, il nous faudra l’homologation serrure.
Nous avons commencé le processus avec un organisme français», conclu Sofiane Khiar.

Par   Latifa Abada

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