Réforme du secteur des assurances en Algérie : Un nouveau projet de loi en préparation

Un nouveau texte de loi sur les Assurances est en préparation, a affirmé ce lundi le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane, à l’ouverture à Alger de la 49e Conférence de l’Organisation des Assurances Africaines (OAA). Très attendu par les professionnels du secteur qui affirment avoir soumis des nombreuses propositions aux autorités pour une réforme profonde des Assurances, le projet de loi sera soumis aux deux chambres du Parlement avant la fin de l’année en cours, a déclaré en effet le Premier ministre.

Les pouvoirs publics «sont en phase de finaliser un nouveau projet de loi sur les assurances qui sera soumis aux deux chambres du Parlement avant la fin 2023 pour accroître l’attractivité du secteur des assurances en Algérie », a-t-il expliqué. Il a également rappelé que le secteur des assurances en Algérie «a connu plusieurs réformes qui ont favorisé l’ouverture du marché à de nouvelles sociétés privées et étrangères, le nombre de sociétés étant passé de 6 sociétés publiques en 1995 à 25 sociétés actuellement, à capital, public, privé, étranger ou mixte».

Le ministre des Finances Laaziz Faïd, a expliqué que l’objectif du texte en préparation « est d’améliorer l’organisation et la performance du marché de l’assurance et de consacrer le principe de la concurrence loyale entre intervenants dans la perspective de promouvoir le niveau de cette activité et son rôle dans les domaines économique et social». Les nouvelles dispositions prévues dans ce texte permettront, dira-t-il «d’améliorer la couverture en assurance des indicateurs nationaux, de contribuer largement au financement de l’économie nationale et d’offrir des services de qualité aux assurés ».

«Le cadre juridique a été renforcé ce qui a favorisé le développement de l’activité d’assurance et par la même du volume du marché de trois fois durant les 15 dernières années, soit plus de 1,1 milliard de dollars en 2022», a rappelé par ailleurs M. Benabderrahmane.

Malgré les réformes successives, le secteur demeure en deçà des attentes des compagnies d’assurances, a rappelé pour sa part Youcef Benmicia, président de l’Union algérienne des sociétés d’assurances et de réassurances (UAR) lors de la conférence de presse organisée ce dimanche à Alger, où se déroule la 49e Conférence de l’OAA, qui se déroulera en même temps que l’Assemblée générale de cette institution, forte de 371 membres à travers tout le continent africain.

« Selon les experts, le poids réel du secteur des assurances est 4 à 5 fois plus important que ce qu’il est aujourd’hui », avait affirmé M. Benmicia, défendant avec M. Khelifati, PDG d’Alliance Assurances, qui a co-animé cette conférence de presse, la nécessaire révision du cadre juridique et également organisationnel d’un secteur. Un secteur qui aspire à jouer un rôle clé en matière de contribution au Produit national brut (PIB) du pays, représentant actuellement moins de 1%, selon le dernier rapport du Conseil national des assurances (CNA).

«Notre démarche vise à participer à la dynamique économique nationale, à travers les propositions que nous avons formulées au gouvernement », a souligné M. Khelifati.

Certes, en 2022, le secteur des assurances a enregistré 6% de croissances par rapport à 2021, avec un chiffre d’affaires estimé à 156 milliards de dinars, après une période pandémique (Covid-19) qui a plombé l’ensemble de l’activité économique, mais les compagnies d’assurances se cherchent une nouvelle voie pour aller de l’avant.

La piste du développement d’une véritable assurance agricole en Algérie constitue un des axes de leurs réflexions, concernant cette réforme, et la 49e Conférence de l’OAA leur offre une véritable opportunité pour approfondir le débat sur le sujet, dans un contexte de risques émergents (sécheresses, inondations, etc.).

Pour rappel, la “Contribution de l’assurance aux défis de la sécurité alimentaire en Afrique” est le thème de cet important rendez-vous africain des acteurs du secteur à Alger, où plus de 1700 participants de 73 pays, issus de cinq continents, débâteront jusqu’au 31 mai de la manière à développer une nouvelle vision en Afrique pour accompagner le développement économique du continent.

« Les Assurances ne peuvent pas rester à l’écart », a insisté M. Benmicia lors de la conférence de presse de dimanche, soulignant que l’assurance agricole représente à peine 2% en Algérie, ce pourquoi les professionnels des assurances, à leur tête le PDG d’Alliances Assurances, pensent qu’il serait judicieux de rendre l’assurance agricole obligatoire. 

« L’assurance agricole joue un rôle crucial dans la protection des revenus des agriculteurs, la promotion de la sécurité alimentaire et la stimulation du développement économique durable. Relever le défi de la sécurité alimentaire exige une vision audacieuse et une collaboration étroite entre les assureurs, les organismes de réglementation et les parties prenantes concernées », a insisté M. Khelifati.

Conscients de la difficulté que trouveront certainement certains petits paysans et agriculteurs à s’assurer une bonne couverture, les Assureurs ont déjà mis en place dans certains pays africains ce qu’ils appellent la « micro-assurance ». Et c’est ce que propose M. Benmicia comme expérience à reproduire en Algérie, proposant aussi « une révision profonde de la vision que nous avons face à la sécheresse et mettre en place de nouveaux outils pour répondre à l’impact provoqué par ce phénomène », devenu récurrent dans notre pays, depuis quelques années, et menaçant aussi de nombreux pays africains.

« La branche agricole représente moins de 4% du marché africain des assurances, évalué à 62 milliards de dollars. Face à l’ampleur des catastrophes naturelles, les propositions mettront l’accent sur l’impératif de mettre en place de nouveaux dispositifs d’assurance adaptés pour assurer la sécurité alimentaire des pays du continent, en tenant compte de l’ampleur des calamités agricoles accentuée par les changements climatiques », a conclu M. Benmicia.

Lyès Menacer

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