Quant le FCE monte au front


Las ! le FCE sort du bois dans lequel on voulait l’y confiner, sinon le réduire, pour proposer, en tant qu’organisation patronale, sa propre vision du développement économique national.

Et il ne fait pas grand mystère d’une démarche qui se veut d’abord une contribution du patronat privé à la dynamique nationale d’une croissance économique qui ne soit pas tributaire des exportations d’hydrocarbures. Les 50 propositions du FCE pour pratiquement libérer l’initiative privée pour ce que beaucoup d’analystes ont vite appelé un nouveau pacte de croissance sont une courageuse prise de position vis à vis d’une dérive plus ou moins téléguidée de l’économie du pays.
Sinon, comment interpréter le fait que le plan quinquennal 2010-2014, doté d’une enveloppe financière qui donne le vertige avec 286 milliards de dollars, n’arrive pas à générer des pointes de croissance suffisamment importantes pour que les exportations hors hydrocarbures dépassent les 2 millions de dollars actuels (2,15 Mds en 2011) et reflètent la bonne santé économique du pays.
Hormis les hydrocarbures, l’économie algérienne n’arrive pas à mettre sur le marché international des produits suffisamment performants pour que l’on parle d’une économie en bonne santé. Que valent donc ces 286 milliards de dollars, avec des carnets de commandes pleins si l’économie nationale n’arrive pas à décoller ? En fait, le coup de gueule du FCE et ses 50 propositions est la face cachée d’une économie assistée, à la dérive, et qui a besoin, aujourd’hui plus que jamais de se libérer du joug de l’administration et des faux débats public-privé.
Parmi les grands objectifs du FCE, il s’agit de provoquer rapidement la naissance de champions nationaux de l’industrie, d’arriver à des niveaux de production d’excellence, et de faire en sorte que les PME algériennes puissent créer de l’emploi, de la valeur ajoutée et, fatalement, booster la croissance économique.
Mais, pour arriver à ce niveau de performance, les conditions du FCE, à travers ses 50 propositions, dont ”la simplification de l’environnement de l’entreprise et l’amélioration du climat des affaires”, ou de permettre ”la poursuite de l’effort d’investissement” pour des niveaux de croissance de 8 à 10% sur une dizaine d’années sont tout à fait claires. Et réalisables. Sinon un appel aux pouvoirs publics pour revoir l’ensemble des mécanismes qui font tourner l’économie nationale. A commencer par libérer réellement au profit de l’investissement privé, de la PME algérienne, des filières jusque là chasse gardées du secteur public, comme les transports aériens et maritimes, l’audiovisuel, les banques, la pétrochimie etc..
En clair, le FCE, la plus grande organisation patronale algérienne, veut des lois courageuses et de soutien à l’investissement privé pour réorienter vers les secteurs hors hydrocarbures le rythme du développement économique national: en premier lieu une nouvelle conception par les pouvoirs
publics du rôle et de la valeur de la PME privée dans la création de richesses nationales. Toute la question, en ces temps de campagne électorale, est de savoir jusqu’à quel point l’administration est disposée à ouvrir les secteurs potentiellement créateurs de richesses au secteur productif privé.
Et l’accompagner par des lois pérennes, au même titre que le secteur public, dans son objectif de mettre en place une économie diversifiée qui ne soit plus dépendante des exportations d’hydrocarbures. Est-ce possible? Le FCE a-t-il tous les ressorts pour rebondir?

Par Aissa Benmedia

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