Le courroux peu voilé du président de la République

Les mots du Président de la République sont précis, incisifs, directs, parfois teintés de colère, parfois porteurs d’espoir, souvent sonnant comme un ultimatum aux fossoyeurs de la démarche engagée pour remettre l’économie nationale sur les rails et sortir de la dépendance aux hydrocarbures.

Abdelmadjid Tebboune reste constant dans sa «communication». La franchise avec laquelle il s’était adressé à l’assistance lors de la conférence d’août 2020, consacrée à la relance économique, la sincérité qui ressort dans chacune de ses sorties médiatiques, la poigne avec, laquelle il se saisit des problèmes, sont autant d’indicateurs de la volonté du président de la République de sortir le pays de l’état de léthargie dans lequel il se morfond et de le remettre sur rail.

Ce vendredi 24 février 2023, lors de sa traditionnelle rencontre avec les médias, le président de la République a laissé libre cours à son mécontentement à l’égard de la prestation du gouvernement notamment en ce qui concerne la mauvaise interprétation de  ses  instructions et la manière peu adroite de leur mise en œuvre et qui in fine produisent les effets contraires à ceux attendus. Un mécontentement qu’il déjà exprimé lors du dernier Conseil des ministres tenu le 20 février.

On peut citer l’opération de démolition des constructions illicites sur laquelle le président s’est largement exprimé en faisant preuve de pédagogie en direction des départements ministériels et des collectivité locales concernées dans la manière de traiter un problème récurrent  arguant le fait que la démolitions ne peut et ne doit survenir que lorsque toutes les voies de recours ont été épuisées. Il a par ailleurs demandé au garde des sceaux de préparer un texte qui encadre juridiquement les constructions illicites et criminalise les atteintes au foncier

La disponibilité des produits, la limitation des importations, l’inflation, les délais de réalisations, les lenteurs bureaucratiques, l’approximation des chiffres et des données, le retard dans la numérisation des services publics essentiels, la communication tatillonne et peu percutante ont été pêle-mêle les abcès de fixation du courroux peu voilé du président de la République.

Il est indéniable aujourd’hui de reconnaitre que le rythme qu’imprime le président de la République à l’exécutif met à nu les carences d’une gouvernance des affaires publiques bien en décalage avec ses aspirations et ses ambitions. Au moment où le président parle de révolution dans l’approche et la manière d’agir l’administration lui oppose son ronronnement habituel, à coup de faux chiffres et d’ approches tatillonnes et approximatives en tentant de gagner du temps pour l’avoir à l’usure et perpétuer un statut quo rentable pour les bureaucrates mais morbide pour le pays et son économie.

Nous avions dans ces mêmes colonnes dans un précèdent éditorial évoqué la criminalisation de la bureaucratie, il semble que l’on s’achemine inéluctablement vers cela même si cela ne peut être suffisant à lui seul. La lutte contre la bureaucratie passe par une véritable révolution et l’imagination d’un nouveau paradigme et l’édification d’une nouvelle représentation des rapports entre l’Etat et les citoyens dans les domaines de la gestion et du management de la chose publique, de l’économie et des rapports entre les acteurs économiques et les institutions publiques.

Il s’agit en réalité de déconstruire patiemment et dans le temps  un système qui a fait de  l’administration le seul et unique régulateur de la vie économique et sociale un système qui s’est imposé au fil du temps et qui a réussi à modifier les comportements et les relations entre les institutions et les citoyens,  les institutions entre elles et les citoyens entre eux.

DZEntreprise

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