Papirec, filiale du Groupe industriel de papier et de la cellulose (Gipec)


« Les récupérateurs de papier tous réunis ne récupèrent que 15 à 20 % seulement du gisement »

Dans l’entretien qu’il nous a accordé, Azzedine Hannache est revenu sur l’impact de l’attribution de la qualité d’artisan aux personnes physiques dont l’activité consiste à collecter des papiers usagers, sur l’activité du groupe Gipec ainsi que la filiale récupération dont il a la charge.
Il nous livre également un aperçu sur l’investissement, l’état de l’offre et de la demande sur le marché et les difficultés rencontrées par son entreprise compte tenu de la nature de son activité.

DZEntreprise : Quelle est l’activité générale du groupe Gipec ?

Mr Azzedine Hannache : Papirec est une filiale du groupe Gipec crée en 2003 pour satisfaire les besoins du groupe spécialisé dans la production et transformation de papier avec un capital social de 602 millions de dinars.
La filiale se charge de la récupération de plusieurs gammes de vieux papier (journaux, cartons, kraft, papier blanc) et de l’alimentation d’autres filiales qui font le recyclage. Celles-ci alimentent à leur tour celles qui font la transformation. Récupération, recyclage, fabrication, transformation et distribution, telle est l’activité générale du groupe GIPEC.
Pour revenir à Papirec, celle-ci compte 137 emplois directs et 100 récupérateurs indépendants au niveau d’Alger et une trentaine au niveau des centres situés à Annaba, Alger ainsi que 2 sous -centres à Bordj Bou Arreridj et Constantine.

DZEntreprise : Comment l’activité de récupération est-elle organisée ?

Mr Azzedine Hannache : Le papier récupéré est trié, sélectionné, compacté et vendu. C’est le cheminement de l’activité récupération : la récupération, le pesage, la sélection, le tri et le compactage.

DZEntreprise : Qu’en est-il de l’investissement ?

Mr Azzedine Hannache : L’activité demande des surfaces de stockage pour les matières premières et le produit fini ( pour notre cas nous avons 30000 m2 sur Alger, 25000 pour Oran, 7000 sur Annaba et 100000 sur Constantine), des presses de compactage qui coutent environs 600 000 euros, des moyens de transport pour se déplacer en milieu urbain et dans les grands axes routiers, des engins de la manutention (Clark, chargeurs, chariots élévateurs,…).
C’est donc un investissement lourd, sachant que les produits ne dégagent pas beaucoup de marges. Il faut faire très attention à la gestion si on veut être bénéficiaire. En outre, c’est une activité cyclique.
Il y a des périodes où nous n’avons pas beaucoup de matières premières. Le cycle commence à descendre à la fin juin, pendant la période des vacances scolaires.

DZEntreprise : Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face ?

Mr Azzedine Hannache : La récupération de déchets en général est une culture qui ne s’est pas encore installée en Algérie, nous essayons donc de sensibiliser les entreprises qui sont dans le domaine de l’imprimerie, la transformation de papier et même les ménages sur l’importance de récupérer le vieux papier et les enjeux qu’il y a derrière ; protection de l’environnement et préservation des ressources naturelles, mais aussi la réduction de la facture de l’importation.
Il faut savoir que l’Algérie importe actuellement près de 600000 tonnes de papier (l’équivalent de 600 millions de dollars). A notre niveau, nous essayons d’augmenter nos parts de marché pour essayer de réduire cette fracture qui est lourde pour l’Algérie.

DZEntreprise : Quel est l’état de l’offre et de la demande sur le marché ?

Mr Azzedine Hannache : Le gisement est de l’ordre d’environs 500 000 tonnes par an avec une progression annuelle de 2 % par an. Le mode consommation a changé et le besoin d’emballage a augmenté.
Aujourd’hui, chaque Algérien consomme annuellement entre 13 et 15 kg de papier. Papirec récupère entre 16000 à 17000 tonnes de vieux papier par an, et les récupérateurs tous réunis ne récupèrent que 15 à 20 % seulement du gisement.

DZEntreprise : Quel est l’impact attendu de la mesure relative à l’attribution aux personnes physiques exerçant l’activité de collecte de papier usagé, la qualité d’artisan ?

Mr Azzedine Hannache : Cette mesure permettra d’une part aux jeunes de travailler et donc la baisse le taux de chômage. D’autre part, l’augmentation du taux de collecte de papier.
Il faut savoir qu’il y a des récupérateurs qui exercent dans l’informel et qui ne peuvent pas travailler avec les entreprises publiques car nous leur demandons des factures alors qu’ils n’ont pas de registre de commerce.
C’est un facteur bloquant qui empêche le développement de cette activité. Mais ça reste une mesure parmi d’autres. L’exonération de TVA peut également conduire au développement de l’activité.
Pour l’instant, elle est de 7 %. Or, dans tous les autres pays du monde elle est de 0 % pour les récupérateurs de papier en plus des aides de l’Etat ,ce qui n’existe pas en Algérie.

DZEntreprise : Avez-vous constaté des changements dernièrement ?

Mr Azzedine Hannache : Depuis environ une année, nous notons une prise de conscience de l’opinion publique sur l’importance des enjeux environnementaux, c’est ce qui a poussé le politique à entreprendre des actions dans ce sens.
Cette année, on sent un redéploiement dans ce sens avec la ministre de l’Environnement qui oriente ses efforts pour développer cette activité de récupération des déchets, notamment le vieux papier à travers les entreprises publiques et privées.
Des projets sont entrepris dans ce sens pour aider les wilayas et communes à ouvrir des centres de récupération tel que le centre de Kouba qui a été ouvert récemment.
À notre niveau, nous avons remarqué que les gens se rapprochent de nous un peu plus, nous sommes souvent contactés pour des opérations de récupération de papier.

DZEntreprise : Avez-vous entrepris une démarche de certification ?

Mr Azzedine Hannache : Nous avons préféré attendre le budget qui nous a été alloué par l’Etat pour le renouvellement du parc machines, le parc roulant et les engins de manutention. Nous entamerons la démarche de certification après l’acquisition du matériel.
C’est la première opération de renouvellement du matériel depuis la création de la filiale.
Nous sommes obligés d’aller vers la certification car Papirec exporte les surplus que le marché national n’arrive pas à absorber et qui sont d’environ 10 % vers des pays tels que l’Arabie Saoudite, l’Inde, la Tunisie qui sont de grands consommateurs de papier.
La priorité est bien sur donnée au marché local, mais l’exportation s’impose à nous car l’activité représente un danger, plus le stock est important, plus le risque d’incendie est élevé.
Bien que nous ayons pris des mesures en interne pour éviter tout incident, en formant des employés à raison de deux exercices par an avec les pompiers et des citernes de réserve, le risque demeure.

Entretien réalisé par Hind Slamani

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