Montage automobile: Vers la réorganisation du secteur

Livré à l’anarchie depuis 2014, année où le gouvernement avait introduit une disposition dans la loi de Finance complémentaire pour obliger les concessionnaires à développer une activité industrielle, le montage automobile était à l’ordre du jour du Conseil des ministres.Un

Un intérêt particulier a été accordé au dossier du montage automobile lors de ce conseil présidé par la chef de l’Etat.

En effet, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a instruit son gouvernement de prendre des mesures urgentes pour assainir le dossier d’importation des kits CKD-SKD destinés au montage automobile en Algérie.

Estimant que ce dossier figurait parmi les dossiers à caractère «urgent» et «sensible»,  méritant des «réponses concrètes», le Président de la République a insisté sur l’assainissement de la situation de ces importations et «la mise en place de nouvelles règles les régissant».

A travers ses instructions, M. Tebboune voudrait visiblement marquer une rupture avec les pratiques de ses prédécesseurs qui, malgré un cahier des charges révisé en 2017, ont versé dans la précipitation sans rationaliser les dépenses en devises, d’une part, et sans imposer un contrôle sur le secteur, d’autre part.

Ainsi, le chef de l’Etat, à travers «la mise en place de nouvelles règles» qui régira ce secteur, sous-entend la prochaine révision de l’actuel cahier des charges et inscrit dans l’«urgence» le déploiement d’un dispositif juridique et de nouveaux garde-fous pour baliser le terrain et éviter de tomber dans les mêmes travers.

Il faut rappeler que durant les neuf premiers mois de 2019, l’Algérie a importé pour 2,3 milliards de dollars de kits SKD destinés au montage automobile des véhicules de tourisme et du transport du personnel et de marchandises.

En 2018, la facture globale d’importation des collections CKD/SKD s’était établie à plus de 3,73 milliards de dollars, contre 2,2 milliards de dollars en 2017, en hausse annuelle de 1,53 milliard de dollars (+70%).

Malgré ces sommes colossales, le montage local des véhicules a réalisé en 2018 une production de 4 500 véhicules industriels et 180 000 véhicules de tourisme, contre 110 000 véhicules de tourisme en 2017.

En 2019, des décisions importantes avaient été prises par le gouvernement pour faire baisser la facture d’importation des kits SKD destinés au montage des voitures touristiques, ainsi qu’à la fabrication des produits électroménagers, électroniques et de la téléphonie mobile.

En mai dernier, le ministère de l’Industrie avait fixé des quotas d’importation des kits SKD aux seuls quatre principaux constructeurs automobiles dont les projets et les programmes de production (modèles) ont été validés par le Conseil national d’investissement (CNI).

Il s’agit de Renault-Algérie Production (RAP), de Tahkout Manufacturing Company, de Sovac production et de Gloviz (KIA).

Montage automobile, la justice s’implique

Pour rappel,  le dossier du montage automobile, impliquant d’anciens ministres et des hommes d’affaires, a révélé des scandales qui ont provoqué de lourdes pertes pour le Trésor public. La justice avait estimé ses pertes à près de 129 milliards de dinars.

La justice avait expliqué que les pratiques relatives à l’investissement dans le domaine du montage automobile, étaient basées sur le népotisme et le favoritisme d’un opérateur à un autre sans aucun motif légal, ce qui a élargi le fossé entre le peuple et ses institutions.

Ce dossier qui a fait l’objet de deux enquêtes judiciaires au niveau de la Cour suprême (pour les cadres supérieurs) et au niveau du Tribunal de Sidi M’Hamed (pour les hommes d’affaires), a révélé que certains hommes d’affaires géraient des sociétés écrans tout en bénéficiant d’indus avantages fiscaux, douaniers et fonciers.

Yanis Oumakhlouf

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