Métaux nécessaires à la transition énergétique : 90% des réserves mondiales en Afrique

Alors qu’il constitue l’un des principaux bassins, voire le principal bassin, de matières premières pour l’industrie mondiale, le continent africain se révèle aussi la panacée pour la transition énergétique vers laquelle tend la planète à moyen et long terme.

L’Afrique renferme, en effet, jusqu’à 90% des réserves mondiales de métaux nécessaires pour l’industrie verte. C’est ce qu’a révélé un nouveau rapport de Natural Resource Governance Institute (NRGI), une ONG dont l’action est centrée sur l’amélioration de la gouvernance des ressources naturelles et la promotion d’un développement durable et inclusif.

Intitulé «Comment l’exploitation minière peut bénéficier aux citoyens africains, à leur environnement et à la transition énergétique, des bénéfices sur trois fronts» (Triple win : How mining can benefit Africa’s citizens, their environment and the energy transition), le rapport livre dans le détail les réserves identifiées à travers le continent pour les différentes catégories des métaux nécessaires pour les segments clés de l’industrie verte, dont la fabrication de voitures et de batteries électriques, le stockage d’énergie ou les engrais agricoles.

L’Afrique concentre ainsi plus de 90% des réserves mondiales des métaux du groupe du platine (ruthénium, rhodium, palladium, osmium, iridium, platine et rhénium), utilisés notamment dans la fabrication des piles à combustible, des électrolyseurs nécessaires à la production de l’hydrogène vert et des catalyseurs automobiles, selon le rapport de NRGI qui ne précise, toutefois, pas, les pays ou les régions du continent où sont localisées lesdites réserves.

Pour ce qui est du phosphate, très sollicité dans la production d’engrais agricoles et «la fabrication des cathodes des accumulateurs LFP (lithium, fer, phosphate)», l’Afrique renfermerait jusqu’à 80% des réserves mondiales, selon le rapport en question, de même que pour pas moins de 9 autres métaux nécessaires pour la fabrication de solutions de stockage d’énergie, de panneaux photovoltaïques, de pales d’éoliennes ainsi que divers composants des véhicules électriques.

Les métaux en question sont, selon le rapport de l’ONG, le manganèse, dont l’Afrique dispose de 55% des réserves mondiales, le cobalt (44%), l’ilménite (43%), l’yttrium (43%), le chrome (40%), le vanadium (30%), la bauxite (22%), le graphite (21%) et le zircon (20%). S’y concentrent aussi 19% des réserves mondiales de métaux indispensables pour «la fabrication d’un véhicule électrique standard alimenté par une batterie», est-il encore mentionné.

Ces réserves de métaux, qui sont déjà importantes dans leurs proportions actuelles, pourraient s’avérer encore plus abondantes, puisque, précise le même rapport, «le continent est encore peu exploré». En conséquence, est-il encore ajouté, une exploration plus poussée pourrait conduire à la découverte de nouveaux gisements de ces minéraux dits «critiques», ce qui amènera donc le continent africain à jouer les premiers rôles dans la réussite de la transition énergétique à laquelle aspire la planète entière.

Une exploitation qui profitera aux populations locales

Tout en mettant en garde contre la réédition des «erreurs du passé», l’ONG insiste sur la nécessité d’asseoir des mécanismes qui permettront d’éviter toute forme d’exploitation de ces métaux, nouvelles richesses du continent au détriment des sociétés locales. En effet, est-il noté dans le rapport, même si l’industrie minière a contribué à hauteur de «8% aux recettes publiques dans les 15 pays africains les plus dépendants» de l’extraction minière, elle a peu profité aux entreprises du continent, alors que les activités minières ont accéléré la déforestation et généré la pollution à travers le continent.

C’est pourquoi donc les experts de l’ONG américaine militent pour la mise en place de politiques d’exploitation saines qui permettraient aux populations africaines de profiter de ces nouvelles ressources sur trois fronts. Toutefois, cet objectif ne peut être atteint qu’à travers une importante amélioration des indicateurs de gouvernance, sachant qu’à présent, «16% seulement des pays producteurs de minéraux critiques divulguent systématiquement tous leurs contrats miniers ou la plupart d’entre eux», soulignent-ils.

En conséquence, le rapport suggère, d’une part, d’aller vers l’établissement de «zones interdites à l’exploitation minière regroupant notamment les sites du patrimoine mondial de l’Unesco, les vastes étendues de forêts et les aires de précieuse biodiversité dans le cadre d’accords entre les gouvernements locaux, les bailleurs de fonds et les compagnies minières» et, d’autre part, l’instauration d’un modèle d’exploitation faisant obligation aux bailleurs de fonds multilatéraux de soutenir les Etats et les compagnies minières du continent.

Enfin, recommande le même rapport, pour faire bénéficier davantage les Africains des richesses de leurs sous-sols, les pays développés et les bailleurs de fonds devraient encourager l’émergence d’une industrie locale dans la chaîne de valeur des véhicules électriques et des énergies renouvelables.

Mohamed Naïli

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