Performance de l’entreprise: Kamel Kheffache plaide pour un management de transition

DZEntreprise : En tant que spécialiste du management, vous recommandez ce que vous appelez le «management de transition» pour les entreprises impactées par la double crise financière et sanitaire. De quoi s’agit-il exactement ?

Kamel Kheffache : Le management de transition consiste en la préconisation d’une solution opérationnelle pour une entreprise, en mettant à sa disposition une expertise avérée (un manager de transition) dans la gestion d’opérations stratégiques et complexes ou dans la gestion de crise. Le recours à un manager de transition en période de crise permet de développer les compétences internes de l’entreprise et renforcer sa performance opérationnelle.

Le management de transition regroupe l’ensemble des fonctions représentées dans les entreprises, sur des niveaux top et middle management, à savoir membre opérationnel au sein du comité de direction ou du comité exécutif dans l’entreprise ou le groupe et les fonctions rattachées aux organes de gouvernance.

Le manager de transition intervient dans le cadre d’une problématique ponctuelle, notamment en situation de crise, et délimitée dans le temps. L’objectif n’est pas d’intégrer l’entreprise sur le long terme. Les missions confiées généralement au manager de transition s’inscrivent dans le court terme (6 à 12 mois en moyenne) et peuvent concerner de nombreux domaines d’expertises : la Direction Générale, la Direction de Production, la Direction Financière, la Direction des Ressources Humaines, la Direction des Achats, la Direction de la Logistique, la Direction des Systèmes d’Information, la Direction des Projets, la Direction Commerciale et Marketing…etc.

Récemment, le président du Conseil national économique, social et environnemental (CNESE), Redha Tir, a lancé un appel aux investisseurs privés pour aider au financement des grands projets structurants. Qu’en pensez-vous ?

Pendant longtemps, à l’époque où les caisses du trésor public étaient renflouées par les recettes des hydrocarbures, les grands projets structurants ont été financés sur le budget de l’Etat. Depuis la chute brutale et drastique des cours du pétrole brut sur les places du marché mondial, survenue en juin 2014, ces caisses commençaient à connaître un tarissement drastique. Cette situation a conduit les pouvoirs publics à revoir la politique de financement, en se focalisant sur les investissements publics prioritaires. De grands projets structurants d’intérêt publics ne trouvent pas d’issue pour leur financement, d’où la nécessité de recourir au concours des investisseurs privés nationaux ou étrangers pour leur financement, par le biais du mode de financement dit « Partenariat Public-Privé (PPP) ».

Ce mode de financement nécessite des efforts considérables en mobilisant des capitaux importants apportés par des investisseurs privés. Ce qui amènera à la création de richesses et d’emplois et à fructifier les capitaux détenus par le secteur privé. L’implication du secteur privé, qui joue un rôle moteur dans l’économie national, dans le financement des grands projets structurants, engendrera la relance économique pérenne et garantira un développement durable. La mise en œuvre de ce type de financement nécessite la révision des textes en matière d’investissement dans des projets structurants et créer les conditions d’émergence d’un marché de capitaux diversifié, notamment, par la dynamisation de la Bourse d’Alger.

A l’issue de la réunion du Conseil des ministres, tenue début août, a été annoncée l’ouverture prochaine du capital des banques publiques, au même titre que toutes les entreprises publiques. A votre avis, quelle est l’opportunité de cette décision et comment cela va-t-il se faire ?

L’ouverture du capital des banques publiques à travers la Bourse d’Alger, s’inscrit dans le cadre des orientations économiques des pouvoirs publics qui consiste à favoriser progressivement le financement de l’économie par le recours à un marché de capitaux.

Cette option est motivée par les impératifs de la nouvelle politique budgétaire visant la rationalisation de la dépense publique et la préservation des ressources de l’Etat, dans un contexte financier fortement contraignant marqué par un déficit en liquidités. C’est une option qui a été revendiquée depuis le début des années 90.

Dans la conjoncture actuelle, il est impératif de revoir le mode de financement de notre économie, dépendant exclusivement du budget de l’Etat, alimenté en quasi-totalité par les recettes des hydrocarbures. La décision du gouvernement d’aller vite vers la refonte de la gouvernance du système bancaire algérien s’avère ainsi décisive en ce sens qu’elle est censée accompagner et favoriser la diversification de l’économie nationale.

Pour assurer une dynamique économique, il est recommandé aux pouvoirs publics d’engager très rapidement une restructuration du système bancaire national, à travers notamment des réformes en matière de réglementation régissant l’activité bancaire, d’ouverture du capital des banques publiques, le renforcement du contrôle bancaire, la gouvernance des banques, ainsi que la dynamisation du marché financier et du commerce électronique qui tardent à décoller.

Entretien réalisé par Karima Mokrani

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