Amendes sur les conteneurs: Les propositions de CARE

Le Cercle d’action et de réflexion pour l’Entreprise (CARE), a réagi, hier, à l’annonce du ministre des Transport concernant l’instauration d’amendes graduelles à l’encontre des importateurs dont les conteneurs sont retenus au-delà de 30 jours au niveau des infrastructures portuaires du pays.

Pour rappel, lors de la première édition du Forum du transport dédié au transport maritime des marchandises, Lazhar Hani, ministre des transports avait indiqué qu’«une amende devra être mise en œuvre à l’encontre des opérateurs économiques ayant leur conteneurs retenus au niveau des infrastructures portuaires du pays, ce qui engendre des frais supplémentaires en devises sur l’opération d’importation», affirmant que «les surestaries, les frais de rétention de conteneurs, représentent un réel fléau ».

Selon CARE, cette mesure «peut paraitre, à première vue, raisonnable et justifiée, mais la question posée est celle de savoir pourquoi des entreprises qui importent des marchandises prennent le risque de ne pas restituer les conteneurs dans lesquelles celles-ci sont entreposées. Pourquoi prennent-elles le risque de payer entre 40 dollars et 100 dollars par jour et par conteneur en frais d’entreposage plutôt que de vider rapidement les conteneurs et de les restituer à leur propriétaire ?».

CARE explique qu’après 30 jours, cela couterait 3 000 dollars par conteneur par mois, ou 384 000 dinars pour 30 m2 d’entreposage.

«Ce serait l’équivalent d’un loyer de 1 280 000 DA pour un espace d’entreposage de 100 m2. Cela couterait ainsi 2 à 3 fois plus cher que de louer un bâtiment à Hydra pour stocker sa marchandise», analyse ce Think tank.

Ainsi, CARE distingue quatre volets différents du problème posé. «Il ne faut sanctionner l’entreprise importatrice que là où sa responsabilité est effectivement établie. Il serait raisonnable dans un premier temps de faire la distinction entre les délais de mobilisation des conteneurs selon qu’ils soient à l’intérieur ou l’extérieur des enceintes portuaires, ou bien avant et après la finalisation des procédures de dédouanement des marchandises concernées.» Plaide CARE.

En outre, et pour la partie des délais après l’autorisation d’enlèvement des marchandises délivrée par les services des douanes, le Cercle indique qu’«il n’y a aucune objection à ce que des amendes financières alourdies soient appliquées sur tout conteneur qui ne serait pas restitué dans un délai encore plus réduit, soit dix à quinze jours».

C’est ainsi que ce Think tank insiste sur la nécessité de traiter sur le fond la question des procédures préalables au dédouanement des marchandises importées, mettant en avant la multiplicité des parties prenantes intervenant dans la chaîne portuaire ou aéroportuaires ainsi que les délais et le coût des procédures d’enlèvement des marchandises qui accusent de grands retards par rapport aux pays de la région MENA. 

Face à cette situation le Cercle recommande la mise en place d’une instance de coordination de l’action des différents intervenants, dont l’enjeu, affirme-t-il, «est de faire en sorte d’aider les entreprises locales à enlever leurs marchandises aussi rapidement que possible et avec un coût aussi réduit que possible».

Par ailleurs, CARE plaide pour la levée rapide de l’interdiction d’importation des conteneurs usagés qu’il qualifie « d’absurdité ».

«Plus fondamentalement, l’axe de travail sur lequel les autorités devraient se concentrer est sans conteste celui consistant à réduire le délai de séjour des navires dans les ports algériens, qui est en moyenne de 3 à 4 fois la norme observable à travers le monde», ajoute CARE qui estime, par ailleurs, que « les surcoûts résultant de ce manque de compétitivité dans la gestion des ports commerciaux algériens se montent annuellement à plusieurs centaines de millions de dollars».

Pour ce Think tank, les autorités économiques du pays ne devraient pas s’engager dans des mesures précipitées qui, outre qu’elles pénalisent lourdement les entreprises, ne s’attaquent pas aux sources profondes des surcoûts qui grèvent la gestion du commerce extérieur.

« Plutôt que de continuer à jeter systématiquement l’opprobre sur les entreprises importatrices, il serait plus indiqué de procéder au préalable aux expertises techniques des différents volets de l’organisation de nos échanges extérieurs. Et d’y apporter des réponses rapides et appropriées », conclut CARE.

Y.Oumakhlouf

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