Le CEREFE plaide pour l’ouverture de la production d’électricité solaire aux investisseurs privés

Une année après son installation, le commissariat aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique (CEREFE) a remis aux services du Premier ministère un rapport exhaustif sur ce qui empêche le développement des énergies renouvelables dans le pays. Le rapport s’attarde particulièrement sur le programme national de production de 4000 MW d’électricité solaire à l’horizon 2024.

Messaoud Khelif, le secrétaire général du CEREFE, invité de la chaine 3 de la radio algérienne, dimanche 29 novembre 2020, a particulièrement insisté sur un point: l’urgence de lever le monopole de Sonelgaz sur la production d’électricité solaire pour permettre l’émergence de petits et moyens producteurs. Affirmant être fier de cette entreprise publique, il estime toutefois nécessaire qu’elle se mette à jour, selon ses propres dires, afin de permettre de démarrer ce programme.

L’invité de la radio explique que rien ne justifie ce monopole sur la production d’électricité solaire du moment qu’une loi a été signée en 2002 et a prévu clairement la libéraliser le marché de la production d’électricité. «Pour la distribution et le transport, il est normal que Sonelgaz continue à assurer seule cette mission en raison de sa difficulté. En revanche, il est absolument nécessaire d’associer d’autres intervenants à l’opération de production».

«Quand ils ont annoncé la création d’un ministère de la transition énergétique et des énergies renouvelables, j’ai vraiment pensé que c’est ce département ministériel qui s’occupera des énergies renouvelables. Nous ne comprenons pas pourquoi cela n’a pas été fait.» Fait remarquer M. Khelif

Rapportant que Sonelgaz n’accepte pas d’acheter l’électricité solaire chez les producteurs, si producteurs y a, parce qu’elle considère qu’il s’agit d’un achat à perte, le spécialiste affirme que l’entreprise nationale ne doit pas agir de la sorte car «il faut bien que l’électricité produite par les autres producteurs trouve acheteur. Or, le seul acheteur, c’est bien Sonelgaz.

L’électricité solaire produite doit arriver dans le réseau de haute tension qui est géré par Sonelgaz. C’est la seule solution, y en n’a pas d’autres. Cela se passe ainsi partout dans le monde». En réagissant de la sorte, Sonelgaz dissuade les investisseurs potentiels. Ils renoncent à leur projet de produire de l’électricité solaire. M. Khelif révèle que certains petits producteurs (producteurs d’électricité solaire pour leurs propres besoins) offrent gratuitement des réserves de cette électricité solaire. «C’est illégal. Ils ont signé avec Sonelgaz comme consommateurs et non producteurs».

De là, le SG du CEREFE appelle à mettre en place un cadre réglementaire qui permette aux producteurs de vendre leur électricité et surtout à ce que celle-ci soit placée dans le réseau de haute tension de Sonelgaz sans difficultés. Aussi, soutient-il, il y a nécessité d’encourager l’installation de petites centrales, citant le cas d’Allemagne qui, rapporte-t-il, recense 1 700 000 petits producteurs qui produisent un volume total de 22 à 23 GW d’électricité solaire, soit la capacité totale de l’Algérie.

Dans son rapport remis au Premier ministère, le CEREFE note que «le réseau de distribution de moyenne tension MTA (30 KV) peut également s’ouvrir aux investisseurs indépendants dans les centrales solaires photovoltaïques de tailles moyennes (5 à 10 MW) qui peuvent être déployées notamment dans des endroits proches des villes et autres gros consommateurs comme les zones industrielles, minimisant ainsi les distances de transit de l’énergie».

Pour ce faire, soutient-t-il, «il est nécessaire de préparer, avec les opérateurs concernés (ministère de l’Energie, CREG, Opérateur Système), une plateforme réglementaire permettant au gestionnaire du réseau de distribution de pouvoir diversifier son approvisionnement en énergie électrique qui était jusqu’ici assurée par le réseau de transport à partir de moyens de productions centralisés».

Dans son analyse, le CEREFE déplore également le retard dans la création de ce qui est appelé «opérateur marché» censé «faire jouer de la concurrence». La création de ce comité marché a été prévue dans la loi 2002, rappelle M. Khelif.

S. H.

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