Lafarge Holcim Algérie : 18 millions de dollars pour renforcer la logistique à l’export

Le développement durable chez Lafarge Algérie, membre du groupe suisse Holcim, et l’exportation du clinker et du ciment ont constitué l’essentiel de la rencontre du top management de l’entreprise avec des journalistes de la presse nationale, organisée le 27 février dernier à Alger.

Il a été question de recherche et développement, de produits verts, de partenariats pour le traitement des déchets, d’économie circulaire, de captage de CO2, de taxe carbone. En somme, de tout ce qui peut être fait pour «accélérer la transition vers la neutralité carbone par des solutions et des produits verts».

Il s’agit notamment de la  solution d’isolation thermique des bâtiments Airium, de la route Ardia et de toute l’activité Geocycle qui «prône l’économie circulaire et la préservation des ressources naturelles, grâce à la valorisation des déchets industriels et dangereux en cimenterie».

Se sont succédé pour évoquer le sujet, Amina Kocheida, directeur pays en environnement et développement durable, et Athmane Benkara, directeur des activités de croissance géocycle et bag. Ainsi, nous apprenons que quatre usines sur cinq ont été dotées de filtres à manche et que l’unité d’Oggaz le sera très bientôt.

Les intervenants  sont revenus sur les solutions et les produits verts lancés par le cimentier, mais également sur les mesures et les investissements consentis pour «la maîtrise des émissions de poussière»,  les initiatives pour préserver les «ressources naturelles par la destruction, dans les fours des cimenteries, de la boue des barrages». «Un projet mené avec l’Université d’Aïn Témouchent», précise l’intervenante. Il a également été question des mesures prises pour  «protéger la nature et la biodiversité», en procédant à un recensement des espèces, faune et flore, vivant dans le périmètre des usines et carrières pour les réintroduire dans et autour des sites.

Sites dont les fours servent également à détruire les déchets solides emballés, comme les déchets des process industriels, les déchets de laboratoire, les déchets tabacs, ceux de l’industrie-agroalimentaire, de la biomasse, des pneus usés et solvants.  A l’horizon 2026, le cimentier ambitionne la destruction de plus de 2.500 tonnes de déchets par an. S’agissant de la destruction des pesticides et des produits chimiques organiques dont la destruction s’avère nocive  pour la santé humaine et l’environnement, il a été précisé que pour le moment, ce n’est pas à l’ordre du jour, bien que «nous travaillons en étroite collaboration avec le ministère de l’Environnement pour contribuer à réduire tout impact négatif sur l’environnement en relation avec nos activités».   

Pour rappel, Lafarge Holcim Algérie a récemment signé une convention avec le Centre national des technologies de productions plus propres  (CNTPP) dont l’objectif est l’accompagnement  par le centre,  des installations industrielles de Lafarge en Algérie dans «leurs efforts volontaires de réduire l’empreinte environnementale». 

La réduction de l’empreinte carbone est un sujet qui a fait l’objet de questions-réponses entre les journalistes et le représentant du groupe Holcim en Algérie, Nicolas George, qui est également le directeur général ciment de M’sila. Le responsable est formel : se mettre dès à présent au captage et au stockage du CO2  ne pourra être que bénéfique et rentable pour le pays. 

«D’autant que le captage du CO2 n’est pas nouveau pour nous, puisqu’en 1991, une expérience a été menée à Hassi Messaoud», a rappelé Hafid Aouchiche, directeur des relations publiques et parties prenantes, après une présentation, par Nicolas George, sur la chaîne de valeurs de captage, transport et stockage de CO2.

Il a fait remarquer que «pour maintenir sa compétitivité à l’export, l’Algérie doit anticiper la mise en place de la taxe carbone à payer par tonne de CO2 émise à l’entrée en Europe et probablement d’autres pays». Taxe, qui, précisera-t-il, connaîtra une augmentation graduelle à l’horizon 2034.

S’agissant des exportations, lors de sa présentation par les chiffres de l’activité de son entreprise, le représentant du groupe Holcim en Algérie, après avoir évoqué le contexte économique qui a permis à l’Algérie d’aller vers l’exportation de clinker et ciment,  a fait remarquer que des «problèmes de logistique» freinent quelque peu l’activité export du cimentier, qui, pour rappel, est premier exportateur de ciment en Afrique et deuxième dans le Bassin méditerranéen.

«Les problèmes rencontrés sont ceux de tous les opérateurs», dira le directeur général ciment de M’sila, précisant que «le vieillissement du parc camions, le manque de camions en Algérie, notamment ceux dits cocottes, et l’indisponibilité de silos de stockage au niveau des ports» sont les principales entraves rencontrées. Problèmes auxquels le cimentier a décidé de faire face à travers des  mesures pour «l’industrialisation de l’export». Sur le plan logistique, Lafarge Holcim Algérie a investi localement sur les quatre dernières années,  l’équivalent de 18 millions de dollars sur des projets d’investissement durable.

Il s’agit de la réalisation d’une plateforme logistique dédiée à l’export, premier hall de stockage inauguré en juin 2020, de la mise en place, au niveau du port de Djendjen, d’un chargeur automatique de navires avec une capacité de chargement de 18.000 tonnes par jour. «Ce type d’investissement est indispensable pour que l’Algérie puisse devenir leader du marché international du ciment et du clinker.

Cela permettra de dépasser les 10 millions de tonnes d’exportation par an et générera plus de 400 millions de dollars par an», précise Nicolas George qui évoque la dotation des usines en docks et silos de stockage et l’acquisition d’une nouvelle flotte de camions, dont les camions cocottes.

Pour rappel, au cours de l’année 2022, 20% des produits exportés par le cimentier étaient des produits finis (ciments), soit une augmentation de 500% par rapport à l’année 2021. Ce taux devrait grimper à plus de 35% à l’horizon de 2023, sur un total de plus de 4 millions de tonnes.

Pour rappel, selon un rapport publié le 14 février par la Commission présidentielle sur le climat (Presidential Climate Commission/PCC) en Afrique du Sud, le mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières (MACF) pourrait engendrer une baisse comprise entre 30 et 35% des exportations africaines vers l’Union européenne (UE) dans les sept secteurs qu’il couvre.

S.A

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