La dinanderie, un savoir- faire traditionnel

La maison de l’artisanat que nous avons visitée se situe dans la commune de Oued Koreich sur les hauteurs de Bab El Oued qui fait partie de l’agglomération d’Alger.
Elle abrite sous son toit des artisans occupant 18 locaux tous dotés d’un grand potentiel dans le métier artisanal, telles que la peinture sur verre, la broderie, la vannerie, la tapisserie et tant d’autres.
Elle s’étend sur une superficie de 1300 m2.

Attirés par la luisance de ces objets artisanaux aux formes originales, nous sommes allés tout naturellement à la rencontre de M Hassani Mohamed, un dinandier qui a fait de cet art son métier depuis plus de trois décennies.

Fils de la Casbah, cet homme âgé aujourd’hui de 54 ans n’a reçu pour enseignement que les techniques de la dinanderie. Une formation sur le tas comme on dit : «Je n’ai jamais fréquenté d’école, je suis fils de la Casbah et comme vous le savez, dans ce quartier historique, vous pouviez trouver, à une certaine époque, un dinandier à chaque coin de rue.»

Son initiation à la dinanderie –qui consiste à transformer les feuilles de cuivre en toutes sortes d’objets- est selon lui une évidence pour bien des raisons.

Sa formation débute en 1974, à l’âge de 16 ans, sous les ordres du maître-artisan dinandier Driss Zolo, connu de tous les dinandiers d’Alger et dont il parle avec beaucoup de fierté et de respect : «Driss était installé au bas de la maison de mes parents.
Un beau jour je lui ai demandé de m’initier à son métier, j’avais alors 16 ans. Ainsi débutera ma relation avec cet art.»

En 2006, date de l’ouverture de la maison de l’artisanat, et le destin faisant bien les choses, le maître et son élève auront la chance de bénéficier de locaux dans cette maison pour y exercer dans un cadre organisé.

Le talent de Hassani Mohamed s’exprime par ses œuvres mais aussi par les nombreux prix et diplôme remportés au fil des années.

Ainsi, en 1998, il obtient le diplôme communal d’organisation de la fête de la poterie à Maatka. Il possède aussi l’attestation de l’atelier de formation des entrepreneurs (SFE) acquise en juillet 2007.

Cet art du métal se pratique en plusieurs étapes, et dans l’atelier de Hassani Mohamed, on peut découvrir nombre de matériaux et machines entrant dans l’accomplissement des tâches quotidiennes.

Il nous indiquera par exemple qu’il est facile de réaliser un objet en cuivre car cette matière est malléable à souhait et prend forme rapidement.

Explication : « On commence par couper les feuilles de cuivre grâce à une cisaille à main ou éclectique, ensuite on monte l’objet et on le soude pour enfin le sculpter selon l’inspiration.»

Cet artiste, dont le souhait est de transmettre son savoir- faire, dit sa disponibilité mais ne manque pas d’exprimer le besoin de bénéficier d’une aide afin de pouvoir répondre à la demande et gérer les commandes.

Parmi les raisons qui font fuir les jeunes de ce métier, il dira: «C’est un métier aussi pénible que difficile à exercer. Le dernier apprenti que j’ai eu n’a pas pu tenir longtemps et a du abandonner à cause de problèmes réels de santé liés à la composition même du cuivre qui dégage des particules toxiques au moment de donner forme aux objets.

Tout en rappelant le manque de matière première au niveau national qui altère la productivité de ce secteur quand on sait que, insiste-t-il, «la matière première nous vient de Turquie.

Souvent les commandes prennent du retard et cela nous pénalise en nous freinant énormément dans nos activités» .

M.Hassani Mohamed, qui ne se plaint par ailleurs pas quant aux ventes de ses objets, encore moins en cette saison estivale réservée aux mariages, ne s’arrête pas au seul aspect commercial en rappelant que «le cuivre n’est pas seulement une matière qu’on transforme mais, aussi et surtout, une partie intégrante de notre culture.

Il représente, par exemple, un élément important dans le trousseau de la mariée. Souvent, les commandes se font par des particuliers».

Cette maison, à l’architecture particulière, existe depuis 2006. Elle est gérée par les artisans qui lui donnent vie, mais qui se plaignent malheureusement de la cherté du loyer et du manque de visiteurs.

Faute de marketing ou manque d’intérêt pour l’artisanat en Algérie ? Les avis, à ce sujet, différent et convergent à la fois.

Par Latifa Abada

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