Kamel Boulechfar,céramiste:« j’aspire à travailler avec des hôtels »

Au moment où nous passons devant son stand,  Kamel Boulechfar, la quarantaine accomplie, s’affaire à taquiner avec un pinceau une  jarre  en terre cuite. Quelques secondes et voila que le noir habille entièrement l’ustensile qui va aller rejoindre sur une étagère  une bonne dizaine d’objets que le céramiste a choisi d’exposer à l’occasion d’un  salon dédié à la micro-entreprise.

Le noir et le blanc ! Voila la touche de Kamel Boulechfar. « C’est ma signature », confie- t-il à une visiteuse visiblement très intéressée par les  abat- jours, « noblesse de la terre et magie de la lumière », commente- t-il quand  option est prise pour  un objet.  Le prix de l’article laisse sans voix la cliente. Elle n’en revient pas ! « Sincèrement, je pensais que c’était bien plus cher », lui fait- elle remarquer. L’occasion pour l’artisan de répliquer non sans humour, « c’est aussi abordable que les produits chinois qui nous envahissent, de meilleure qualité et surtout fait chez nous ».

La céramique, Kamel Boulechfar l’a connue  il y a plus  de trente ans à Tunis. Originaire de Skikda, il avait, comme de centaines de jeunes de sa génération rallié Tunis pour rejoindre clandestinement l’Europe via l’Italie. « Le destin en a voulu autrement. A court d’argent, il me fallait trouver un travail  pour survivre. J’ai décroché un emploi comme homme à tout faire chez un céramiste. J’ai découvert l’argile, le façonnage et je n’ai plus quitté ce métier, c’était en 1988 ». En 1997, le savoir- faire en poche, il rentre en Algérie  pour s’installer dans sa ville natale  Skikda où il réalise une exposition, il est repéré par un cadre de la chambre des métiers et de l’artisanat qui lui conseille de se doter d’une carte d’artisan.

Son succès est réel. Il décide alors d’acheter un four qu’il va récupérer en Tunisie. S’ensuit un parcours du combattant pour le dédouaner. Il perdra une année. Un temps qu’il fructifie à sa façon en dénichant les gisements d’argile de la région, notamment à Ain El kechra.  En 2007,  les choses s’enchainent ; les collectivités locales et certaines directions de wilaya, des banques et des clients  le sollicitent pour des cadeaux de fin d’année.

La commande est importante et les moyens manquent. « J’ai alors eu recours à un microcrédit  non rémunéré. Il était de 400 mille dinars. Mon produit est à 90 % algérien, je fais tout moi-même, le façonnage, l’habillage, seul l’encre que j’utilise pour colorer mes œuvres est importée. »

Kamel Boulechfar, qui confie à DZEntreprise que les artisans de l’intérieur du pays sont exploités par un réseau qui commercialise leurs produits sur Alger et les grandes villes, souhaite voir une structure réguler le commerce des produits de l’artisanat, « nos produits sont parfois revendus 10 fois le prix, c’est tout simplement injuste ».

Kamel Boulechfar  souhaite  travailler avec les hôtels qui veulent habiller de touches locales et originales leurs chambres et salons.

S.C.

 

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