Introduire dans la nomenclature de l’ANSEJ, les métiers «verts» et «verdissants»

La création d’emplois au profit des jeunes et des femmes par la vulgarisation et la promotion des métiers liés à l’économie verte en Algérie, a été au centre des préoccupations des quelques 200 participants aux travaux d’un séminaire tenu les 28 et 29 mars à l’hôtel Hilton à Alger.

Organisée par la Coopération allemande pour le développement (GIZ), en collaboration avec la direction de la PME au ministère de l’Industrie, de la PME et de la Promotion de l’emploi, cette rencontre, première du genre en Algérie, a constitué une occasion pour identifier les voies et moyens permettant d’établir un lien direct entre l’économie verte et la création d’emplois et de richesses.
Des universitaires-chercheurs, des membres de la société civile et des représentants des pouvoirs publics ont souligné, à l’unanimité, l’impératif d’orienter les dispositifs d’appui à l’emploi de jeunes vers les activités écologiques qu’ils ont qualifiées de « métiers d’avenir » et de « vecteur de richesses ».
Ils ont également préconisé l’introduction, dans les plus brefs délais, des métiers dits « verts » ou « verdissants » dans les nomenclatures d’activités proposées par les différents dispositifs mis en place par l’Etat pour appuyer et promouvoir l’emploi de jeunes, à l’image de l’Agence nationale de soutien à l’emploi de jeunes (ANSEJ).
Les séminaristes ont jugé, par ailleurs, essentiel de réserver une partie des recettes provenant des exportations d’hydrocarbures à la concrétisation de projets liés aux énergies renouvelables et au financement des jeunes start-up activant dans les filières de l’économie verte, telles que le traitement des déchets, l’agriculture « bio » ou encore la gestion des espaces verts dans les milieux urbains.
Les représentants de la GIZ, qui présidaient les quatre ateliers thématiques mis en place lors de ce séminaire, ont affirmé la disponibilité de leur organisation à contribuer au développement en Algérie des professions ” vertes “, surtout celles consistant à produire, transporter et stocker l’électricité provenant d’énergies comme l’éolien et le solaire. Ils ont estimé qu’un renforcement du partenariat algéro-allemand dans le domaine des énergies renouvelables permettrait à la partie algérienne de bénéficier du savoir-faire de l’Allemagne, un des pays précurseurs dans l’exploitation d’énergies non fossiles à des fins domestiques.

Qu’est ce que l’économie verte ?

Pour rappel, pour le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), l’économie verte est “une économie qui entraîne une amélioration du bien-être humain et de l’équité sociale tout en réduisant de manière significative les risques environnementaux et la pénurie des ressources”.
Dans ce type d’économie, la croissance des revenus et de l’emploi provient d’investissements publics et privés qui réduisent les émissions de carbone et la pollution, renforcent l’utilisation rationnelle des ressources et l’efficacité énergétique et empêche la perte de biodiversité.
Le développement durable a été défini en 1987 par la Commission mondiale sur l’environnement et le développement comme ” un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs “.

1,4 millions d’emplois créés à l’horizon 2025

Présentée au deuxième jour des travaux de la rencontre, une étude réalisée par la GIZ, a relevé, avec chiffres à l’appui, le fort potentiel de l’économie verte et de l’ensemble des métiers qu’elle regroupe dans le domaine de la création de l’emploi. Ce sont plus de 1,4 million d’emplois qui peuvent être créés en Algérie à l’horizon 2025 si les conditions nécessaires à la promotion des métiers verts sont réunies.
L’enquête a relevé, d’autre part, que près de 600.000 personnes, dont beaucoup de jeunes, travaillaient actuellement en Algérie dans des activités liées à l’économie verte comme le recyclage des déchets ménagers, l’agriculture ou les énergies renouvelables.
En 2010, le nombre d’entreprises exerçant ce type d’activités s’élevait à 273.202 unités. Ainsi, 3.407 entreprises activaient dans la récupération et la valorisation des déchets, 1.470 dans la gestion de l’eau, 168.648 dans le bâtiment vert, 68.631 dans la gestion des espaces verts, et 30.085 unités travaillaient dans les services liés à l’environnement tels que l’audit, les études, le conseil et la formation. Ces activités connaissent, selon cette enquête réalisée entre janvier et février derniers, un engouement particulier notamment de la part des jeunes et des femmes.
Au total, ce sont 14.574 femmes qui travaillent actuellement dans les professions dites “vertes” ou “verdissantes “, soit 7,9% du nombre global des femmes inscrites au registre de commerce, dont 1.938 sont des gérantes.
Mais, et malgré une prise de conscience évidente que la protection de l’environnement est devenue une opportunité d’investissements générateurs de croissance et d’emplois en Algérie, l’enquête a relevé que ” le concept d’économie verte n’est pas très répandu dans le pays et reste quasiment absent de la littérature politique et économique ” des pouvoirs publics.
Les experts algériens qui ont réalisé l’étude recommandent, pour remédier, à cette situation la mise en place, par les dispositifs d’appui à l’emploi, de programmes de communication pour orienter les jeunes et les femmes en particulier vers les métiers verts.

Par Mokhtar Chemache

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