Inamed : un jeune, une entreprise, des ambitions

Spécialisé dans la production de boissons aux fruits, le groupe Inamed passe au food, sans abandonner le jus, mais avec une autre touche, des créations nouvelles. Des produits emballés dans des packs en carton comme s’il s’agit des boissons d’autrefois. L’industrie de l’agroalimentaire dans le sang, les enfants Ferradji gardent le cœur du métier. Ils s’installent à Koléa, dans la wilaya de Tipasa, sans quitter Baba Ali (Alger) où se trouve l’entreprise mère, fondée et gérée par leur père.

Un amour «inconditionnel» pour l’Algérie

Officiellement, l’unité de Inamed de Koléa d’Inamed n’est pas encore mise en service. Toutefois, avons-nous constaté, il y a du mouvement dans l’infrastructure, récemment rénovée. Une bâtisse qui appartenait à une entreprise qui travaillait dans un domaine autre que l’agroalimentaire, soit le plastique. Le terrain et la bâtisse ont été achetés sur fonds propres.

L’unité de production du groupe Inamed prend forme. S’étalant sur une superficie de 2 ha, elle dispose d’un équipement tout neuf, importé d’Europe. Les machines fabriquées par des leaders mondiaux dans le domaine de l’agroalimentaire occupent un espace de 4.000 m2.

 «L’agroalimentaire, c’est très sensible. Nous sommes en période d’essais pour nous familiariser avec les machines et nous assurer que tout fonctionne pour le mieux au niveau de toute l’unité avant de faire venir les travailleurs et lancer la production en même temps que la commercialisation», nous dit Selim-Adel, 28 ans, le plus jeune de la fratrie Ferradji. Il occupe le poste de manager général de la nouvelle entreprise du groupe Inamed.

Très dynamique, plein d’ambitions, il porte un amour inconditionnel à l’Algérie : «Je suis un amoureux inconditionnel de l’Algérie et particulièrement Alger.» Pour lui, il n’était pas question de rester en France après les études : «J’avais hâte de terminer mes études et de rentrer au pays faire ce que j’ai à faire. C’est un projet d’enfance. La vision de ce projet, je l’avais depuis que j’étais très jeune.» Selim est né en France, contrairement à sa grande sœur Amira qui, elle, a quitté le pays à l’âge de 13 ans.

«Je suis né en France, j’ai passé une grande partie de mon enfance et de ma jeunesse en France, je ne venais en Algérie que pendant les vacances scolaires ou universitaires», confie le jeune patron. De lui, nous apprenons que les trois enfants (Selim et Amira ont un troisième frère qui lui aussi occupe un poste dans l’entreprise familiale), étaient tous en France, depuis le début des années 1990, avec leur maman.

Le père, chef d’entreprise, est resté dans le pays. «Notre père n’a jamais quitté l’Algérie. Quand il a décidé de nous envoyer à l’étranger, c’était durant les années du terrorisme. C’était surtout pour notre sécurité», nous confie encore Selim, non sans poursuivre : «C’est peut-être parce que nous étions longtemps séparés de notre père que nous avions ce projet commun de revenir au pays et nous y installer au plus vite.» Parlant du père, Selim insiste : «Il est vrai que c’est notre père qui a décidé de nous envoyer à l’étranger pour notre sécurité et pour nos études, mais la décision de revenir est la nôtre. Uniquement la nôtre, nous les trois frères. A aucun moment, notre père ne nous a demandé de revenir pour l’assister dans son travail ou autre».

Perpétuer une tradition familiale

Quatre ans depuis son retour définitif en Algérie, le jeune Ferradji affiche beaucoup d’enthousiasme et d’empressement de voir l’unité Inamed de Koléa ouvrir grandes ses portes. «J’ai vraiment hâte, je ne le cache pas. Ce sera fait dans moins d’un mois. Nous avons effectué toutes les démarches nécessaires pour réunir les conditions pour le bon fonctionnement de l’entreprise. Il y avait des contraintes mais nous avons persévéré, ma sœur et moi pour les surmonter. Notre frère aussi. Je ne peux m’attribuer à moi seul le mérite de la réussite de ce projet», dit-il, insistant sur le fait qu’il s’agit d’une entreprise familiale.

L’unité Inamed de Koléa est projet commun des trois enfants Ferradji pour perpétuer une tradition familiale, le père ayant créé, lui aussi, une entreprise avec ses frères : cette entreprise spécialisée dans l’agroalimentaire qui, en 1998, portait le nom de Yop Milk. Elle n’était pas très connue du large public parce que ses clients étaient essentiellement les collectivités (cantines, restos universitaires, bases de vie…). Avant le père, il y avait le grand-père, fondateur d’une briqueterie à Baba Ali.

«La fibre industrielle, on l’a eue du père et du grand-père», confie Amira. C’est elle la directrice générale de l’unité Inamed de Koléa. Pour le moment, elle est gérante, tient-elle à préciser, parce que l’entreprise n’est pas encore passée au statut de Sarl. Avocate de métier, elle est très à cheval sur ces détails.

Le choix d’une femme à la tête de cette entreprise est loin d’être fortuit. Il est vrai que la jeune maman est une bosseuse. Elle ne compte pas les heures de travail au bureau ou à la maison. Elle s’occupe de l’entreprise et de son foyer. «Les femmes algériennes sont des battantes», soutient Selim, expliquant que s’il y a eu cette idée de se lancer dans les compotes pour bébés et les sauces, ainsi que quelques préparations culinaires, c’est bien pour soulager ces femmes qui sont au four et au moulin dans une société où les deux parents doivent travailler pour assurer les besoins de la famille.

Le jus Kulte

L’unité Inamed de Koléa est certifiée ISO. Elle cible le marché de l’alimentation infantile. Nourrir sainement les enfants. «On fait très attention aux produits que nous utilisons. Le sucre, les conservateurs, les colorants et autres.» Auquel s’ajoutent, comme susmentionné, des sauces et des préparations culinaires à découvrir le jour de l’inauguration officielle de la nouvelle entreprise. Il y a toutefois un produit bien particulier qui est déjà commercialisé dont notre interlocuteur parle avec grande fierté, parce que c’est sa création à lui seul.

«J’ai créé une marque de jus qui s’appelle Kulte. Le nom vient de l’anglais, il signifie communauté. Mon but est de créer une communauté de personnes ou de clients autour du bien-être. C’est du semi-industriel. Des jus faits à base de fruits et légumes, sans rien de plus. Différentes recettes faites par des nutritionnistes selon les besoins de chaque consommateur. Un besoin en vitamine C, en fer…», nous explique le créateur de cette marque.

Ces jus sont adressés par exemple à ceux qui veulent perdre du poids, d’autres qui souffrent d’anémie. Ce sont des produits 100% naturels, sans sucre, sans colorants, sans conservateurs. La technique utilisée est la pression à froid.  

«Nous avons quelques points de vente à Alger. Nous ne pouvons étendre notre marché à d’autres wilayas en ce qui concerne cette marque Kulte pour la simple raison que les boissons fabriquées ne contiennent pas de conservateurs. Comme il s’agit de fruits et légumes très frais, la durée limite de conservation ne doit pas dépasser quatre jours.» A présent, la production de ces boissons Kulte se fait dans une annexe au Val d’Hydra : «C’est pour me rapprocher de mes clients.»

Créer de l’emploi

A son démarrage, l’unité Inamed de Koléa compte faire travailler 150 personnes. Une fois les machines bien rodées et tout le système de production et de commercialisation mis en place, l’unité prévoit de passer au 3×8. Ce sera selon les besoins.

«Ma grande satisfaction est de voir les jeunes de Koléa intégrer l’entreprise dans différents postes. C’est mon souhait majeur. C’est une zone rurale. Pas de commodités ici. Les jeunes sont désœuvrés, exposés aux différents fléaux sociaux. Je tiens à ce que l’entreprise crée de l’emploi ici même», affirme le jeune patron, très au fait de la situation de la population locale.

Par ailleurs, interrogé sur la distribution des produits, notre interlocuteur affirme que pour le moment, l’unité Inamed de Koléa ne dispose pas de véhicules pour ce faire : «Il est certain que la flotte de distribution est la clé de toute entreprise. Toutefois, dans l’immédiat, nous ne pensons pas à avoir nos propres camions. C’est grand comme projet. Pour le moment, nous allons travailler avec des distributeurs».

Géré par la nouvelle génération, le groupe Inamed vise haut et grand pour mieux se positionner dans un marché en perpétuelle évolution. Il ambitionne de devenir un pôle agroalimentaire rayonnant sur toute la Méditerranée.

Les frères Ferradji travaillent pour que la jeune entreprise soit aux standards internationaux. Ils ambitionnent de la voir parmi les entreprises de renommée internationale.

Karima Mokrani

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