Systèmes agroalimentaires : l’accès des femmes ferait gagner 1 000 milliards d’USD à l’économie mondiale(FAO)

Un nouveau rapport de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) révèle que l’accès des femmes à l’égalité dans les systèmes agroalimentaires pourrait stimuler l’économie mondiale à hauteur de 1 000 milliards d’USD et faire baisser le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire de 45 millions le nombre de personnes exposées à l’insécurité alimentaire.

Le rapport intitulé «La situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires», le premier consacré à ce thème depuis 2010, précise que la lutte contre les inégalités liées au genre dans les systèmes agroalimentaires et l’autonomisation des femmes contribuent à faire reculer la faim, à stimuler l’économie et à renforcer la résilience face aux chocs tels que le changement climatique et la pandémie de covid-19. 

A l’échelle mondiale, les femmes ont en outre des droits fonciers plus précaires sur les terres agricoles, accèdent moins facilement au crédit et à la formation et doivent travailler avec des technologies qui ont été conçues pour les hommes. Conjuguées aux discriminations, ces inégalités engendrent un écart de productivité de 24 pour cent entre agriculteurs et agricultrices, à taille d’exploitation égale, note la FAO.

L’étude souligne par ailleurs que les systèmes agroalimentaires constituent une source de moyens d’existence plus importante pour les femmes que pour les hommes dans de nombreux pays. Par exemple, en Afrique subsaharienne, 66 pour cent des emplois occupés par des femmes le sont dans ce secteur, contre 60 pour cent de ceux occupés par des hommes. En Asie du Sud, les femmes travaillent en grande majorité dans les systèmes agroalimentaires (71 pour cent des femmes contre 47 pour cent des hommes), bien qu’elles soient moins nombreuses que les hommes dans la population active.

Quels avantages économiques ?

Les projets qui visent spécifiquement à autonomiser les femmes ont des retombées plus importantes que les projets dans lesquels on se contente d’intégrer les problématiques liées au genre, précise l’étude de la FAO. Les auteurs de ce rapport expliquent que si la moitié des petits producteurs bénéficiaient d’interventions de développement axées en priorité sur l’autonomisation des femmes, cela permettrait d’accroître de manière notable les revenus et de renforcer la résilience de respectivement 58 millions et 235 millions de personnes supplémentaires.

Le rapport indique par ailleurs que lorsque la situation économique se dégrade, les emplois féminins sont les premiers à en faire les frais. À l’échelle mondiale, 22 pour cent des femmes ont perdu leur emploi dans les segments non agricoles des systèmes agroalimentaires durant la première année de la pandémie de covid-19, contre seulement 2 pour cent des hommes.

En outre, l’insécurité alimentaire des femmes s’est aggravée plus vite que celle des hommes pendant la pandémie, et il leur a fallu assumer davantage de tâches de soins, de sorte que, bien souvent, les filles ont davantage manqué l’école que les garçons. Les violences fondées sur le genre se sont également aggravées, en particulier les violences domestiques à l’encontre des femmes et des filles. 

Les recommandations de la FAO

Les auteurs de cette étude initiée par la FAO recommandent de combler le manque persistant de données de qualité ventilées selon le sexe, l’âge et d’autres facteurs de différenciation sociale et économique, qui sont d’une importance primordiale pour pouvoir suivre et accélérer les progrès en matière d’égalité des genres dans les systèmes agroalimentaires. 

Dans les conclusions de cette étude, on note que dans 40 des 46 pays qui communiquent des données sur l’indicateur 5.a.1 des objectifs de développement durable, les hommes sont plus nombreux que les femmes à posséder des droits de propriété ou des droits garantis sur des terres agricoles.

Aussi, l’écart entre les femmes et les hommes sur le plan de l’insécurité alimentaire s’est creusé, passant de 1,7 point de pourcentage en 2019 à 4,3 points de pourcentage en 2021.

Le rapport précise que si 75 pour cent des documents de politique générale relatifs à l’agriculture et au développement rural établis par 68 pays mentionnent les rôles joués et/ou les difficultés rencontrées par les femmes dans ces domaines, seulement 19% d’entre eux énoncent des objectifs d’action publique en matière d’égalité des genres.

Synthèse Rabah Nadri.

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