Les travailleurs de l’Eniem une nouvelle fois en “congé technique”

Nouvel arrêt de l’activité de production à l’Entreprise nationale des industries de l’électroménager (ENIEM), sise à Oued Aissi, dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Les travailleurs seront mis en congé technique à partir du 6 juin prochain. C’est une décision de la direction générale de l’entreprise, en accord, soutient-elle, avec la section locale UGTA.

Comme chaque fois, la quatrième depuis juillet 2019, cette suspension de l’activité de production est justifiée par des difficultés d’approvisionnement en matière première.

«Nous portons à la connaissance de l’ensemble des travailleurs que suite à la rupture des stocks de la matière première au niveau de toutes les unités de production, il a été décidé d’un commun accord avec la partenaire social (UGTA) et l’absence du comité de participation d’anticiper le congé annuel 2020/2021 au 6 juin prochain» est-il indiqué dans une note destinée aux travailleurs.

Dans cette même note adressée aux 1700 travailleurs de l’Eniem, la direction générale assure que «des efforts seront conjugués quant à l’approvisionnement en matière première dans les meilleurs délais pour la reprise d’activité à partir du 6 juillet prochain».

Une promesse qui est loin de rassurer les centaines de travailleurs. Ces derniers, à travers leur syndicat UGTA, ont décidé, encore une fois, d’interpeller les plus hautes autorités du pays sur leur situation. Ils ont particulièrement décidé de saisir par écrit, via une lettre ouverte, le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, avec l’espoir de trouver écho à toutes leurs revendications socioprofessionnelles.

Ainsi, la désignation, le 25 janvier 2021, de Mustapha Chaoui, à la tête de l’Eniem, en remplacement de Djilali Maouzer ,pour rappel, congédié suite à un mouvement de protestation initié par les travailleurs, est loin de d’annoncer la fin des turbulences à répétition au sein de cette entreprise, jadis fleuron de l’industrie électroménager en Algérie.

Un remplacement imposé par les travailleurs, suite à un mouvement de grève qui a duré plus d’un mois. Les manifestants reprochaient notamment à leur ex-directeur d’aller vers un plan de redressement qui impliquerait une réduction des effectifs et des licenciements, selon leurs dires.

Pour rappel, en 2019, un arrêt technique a été décidé pour la même raison qui consiste en la rupture des stocks d’approvisionnement en matières premières. Un autre a eu lieu en février 2020, suivra un troisième fin décembre 2020. Prévue initialement pour un seul mois, la mise en congé des travailleurs dépassait largement cette durée, malgré les promesses des autorités et de la banque BEA d’assurer les financements nécessaires, le temps que l’entreprise retrouve son équilibre.

Une réunion de crise, présidée par le ministre de l’industrie avait même été organisée, fin 2020, pour dégager les mesures urgentes, à prendre pour l’Eniem et l’Eni afin de sauver l’outil de production et l’emploi.

Pour rappel, Djilali Maouzer, l’ex PDG de cette entreprise publique,  avait affirmé que le problème de financement n’est résolu qu’en partie. En raison du fait que la somme de 1,1 milliard de dinars promise par la BEA n’était pas exclusivement destinée à l’importation des intrants. «Il faut déjà savoir que ce n’est pas de l’argent que la banque nous donne directement mais une autorisation d’acheter la matière première. Pour importer, il faut toujours passer par la banque. En octobre 2020, soit avant même la fin du délai de paiement de 9 mois, elle nous a débités d’une somme de 730 millions de dinars» avait indiqué M. Maouzer pour expliquer la situation de blocage dans laquelle se trouve l’Eniem.

Aussi, a-t-il poursuivi, «quant à la marchandise acquise avec le reste de l’argent, elle est toujours au port et à l’aéroport. Les services des Douanes refusent le dédouanement des collections CKD. Le non renouvellement des autorisations CKD est un autre problème pour nous». Un arrêt d’activité qui est aussi à l’origine de l’annulation de plusieurs marchés.

Karima Mokrani

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