Tentant d’entrer dans le capital de Naturgy : Les Emiratis comme élément perturbateur du marché énergétique en Méditerranée

Dans un contexte où le bassin méditerranéen est devenu l’un des facteurs clé de stabilisation du marché régional de l’énergie, notamment en gaz naturel, les Emiratis affichent leur volonté de jouer les trouble-fêtes, en cherchant à s’y interférer en ciblant Naturgy.

La compagnie d’Abou Dhabi Taqa, spécialisée dans la production d’énergie et d’eau, manœuvre actuellement pour tenter d’entrer dans le capital de la compagnie énergétique espagnole Naturgy, ex-Gas Natural, en ouvrant des discussions avec deux de ses principaux actionnaires pour le rachat de leurs parts de capital, qui s’élèvent à 20% chacun, selon des informations relayées la semaine dernière par des médias espagnols et que vient de confirmer l’autorité de régulation du marché boursier en Espagne CNMV (Comicion Nacional del Mercado del valores).

Naturgy est détenue par une multitude d’actionnaires, parmi lesquels l’entreprise financière espagnole Criteria Caixa avec 27% de parts, le fonds d’investissement australien avec 15%, la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach avec 4%, mais aussi les fonds d’investissement GIP (Global Infrastructure Partners), américain, et CVC Capital Partners Ltd., basé au Luxembourg, qui cumulent 40% de parts.

C’est donc avec ces deux derniers que les Emiratis de Taqa sont en négociations pour entrer dans le capital de la compagnie énergétique espagnole. Cependant, d’autres discussions sont également en cours avec Caixa, qu’est l’actionnaire majoritaire, pour le même motif.

La holding « Taqa confirme qu’elle est en pourparlers avec Criteria Caixa en relation avec un éventuel accord de coopération relatif à Naturgy. Taqa confirme également qu’elle est en pourparlers avec CVC et GIP en relation avec l’éventuelle acquisition de leurs parts dans Naturgy », a affirmé la CNMV.

 En plus de la participation à hauteur de 4% dans son capital, il faut noter que Naturgy est l’un des principaux partenaires du groupe Sonatrach dans le bassin méditerranéen avec d’importants contrats gaziers qui les lient.

Outre ses acquisitions sur le marché algérien de gaz, étant l’un des clients phare de Sonatrach, la compagnie énergétique espagnole est surtout actionnaire à hauteur de 49% de parts dans le capital de Medgaz, société qui gère le gazoduc à travers lequel le marché espagnol est approvisionné en gaz algérien, d’une capacité de 11 milliards m3/an.

A la fin 2023, le groupe Sonatrach est aussi parvenu à un accord avec son partenaire espagnol sur l’application de nouveaux prix pour le gaz livré à l’Espagne.

Autant d’enjeux qui entourent donc les impulsions de l’émirat du Golfe dont les desseins visent à perturber cette donne. Néanmoins, des sources proches du dossier laissent entendre d’ores et déjà que le gouvernement espagnol ne semble pas enclin à céder à une éventuelle OPA (offre publique d’achat) de la holding Taqa sur la principale compagnie gazière du pays.

M. N.

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