Conférence nationale: Principales recommandations de l’atelier «Développement agricole»

Revoir les programmes actuels de soutien agricole, notamment pour les filières dites stratégiques, en prenant en compte l’importance de la filière et son rendement. C’est là une des recommandations des experts présents à l’atelier « développement agricole » de la conférence pour la relance de l’économie tenue les 18 et 19 aout dernier, dont nous avons obtenu une copie.

Le développement agricole, passe aussi par le développement de l’irrigation tout en veillant à préserver les ressources hydriques, améliorer la gouvernance des terres agricoles, réviser le cadre juridique relatif au foncier surtout pour les régions du Sud et les Hauts Plateaux.

Le défi auquel doit répondre le secteur agricole en Algérie est de taille. En effet, nourrir 65 millions d’habitants à l’horizon 2050 n’est pas une mince affaire. Pour suivre cette courbe ascendante, le secteur agricole doit subir une transformation profonde qui lui permettra à la fois d’augmenter sa production et de créer plus d’emplois et de richesses. Ce défi est à prendre en compte dans toutes les prochaines politiques agricoles.

Lors de l’Atelier développement agricole, les présents se accordé à dire que pour arriver à transformer ce secteur, il faut procéder à des changements à commencer par augmenter la taille des exploitations agricoles, recourir à des techniques de production plus performantes, encourager les industries de transformation, les chaines de distribution et les plateformes logistiques, afin de l’adapter aux besoins du marché national et assurer sa présence sur les marchés internationaux.

Le diagnostic du secteur permet de mettre en évidence des actions à mettre en place rapidement, avec pour but de « booster » le développement agricole. Il s’agit d’améliorer l’environnement économique et institutionnel des exploitations agricoles, ce qui aura pour effet de faire émerger les exploitations dont la performance est avérée.

Il faut également assurer une meilleure gestion des ressources naturelles à savoir, l’eau et la terre et entamer des dynamiques de développement durable dans les zones rurales soutiennent les participants à l’Atelier développement agricole.


Le ministère de l’Agriculture, qui doit chapeauter toutes cette réforme, doit pour sa part bénéficier d’une réorganisation en terme de ressource humaine et de capacités financières afin qu’il puisse répondre favorablement aux changements qui s’imposent. La mise en place d’un système de statistique et d’information englobant l’information géographique est d’une grande importance dans l’établissement des politiques à prendre.

Les leviers de croissance pour le développement agricole

Les leviers à même d’impulser ce développement dans le secteur agricole sont, de l’avis d’experts dans le secteur, déjà définis. Il s’agit d’une manière pratique de revoir les programmes actuels de soutien agricole et leur donner plus d’efficacité. Par exemple, pour la filière blé, il serait plus judicieux d’octroyer une subvention pour l’achat d’équipements d’irrigation quand l’existence d’une source d’eau mobilisable est justifiée et de donner une subvention annuelle en cas de rendement intéressant.

Pour ce qui est des filières stratégiques à savoir, lait, blé et pomme de terre, le système de subvention et de régulation doit être changé. Généraliser l’électrification et installer des plateformes agro logistiques, pour l’export, est le meilleur appui à offrir aux investissements productifs structurants. Avec toutes ces actions, il ne faut pas oublier l’assainissement du foncier agricole public, soutenu par une stratégie d’exportations des produits agricoles frais qui doit comprendre toutes les facilitations, financières, fiscales et réglementaire afin de faciliter les opérations d’exportations.

Améliorer le secteur agricole à moyen et long terme

Selon les experts, l’amélioration du secteur agricole passe par une meilleure gouvernance des terres agricoles publiques. Pour ce faire, il est impératif de revoir le cadre réglementaire relatif au foncier public, en précisant les dispositifs permettant l’accès à ce foncier, surtout dans les régions du Sud et des Hauts plateaux, pour le programme de la mise en valeur des terres. Il faut aussi adapter le contenu des cahiers de charges pour l’exploitation des terres publiques en concession à la nouvelle conjoncture économique.

Le remembrement du foncier agricole pour augmenter la taille des exploitations agricoles ne peut se faire d’une manière arbitraire et exige la mise en place d’un cadre réglementaire qui facilite le fonctionnement des marchés fonciers notamment le foncier locatif.

C’est là qu’intervient le rôle de l’Office national des terres agricoles (ONTA), pour réguler le marché foncier. Ce remembrement implique d’autres démarches comme la mise en place d’outils financiers et fiscaux et aussi les mesures d’accompagnement, c’est-à-dire le système de réinsertion professionnelle et celui de la retraite.

Pour améliorer les investissements agricoles, les experts préconisent de mettre en place plusieurs mécanismes d’accompagnement et de développement du système de crédit agricole, en diversifiant les formules de financement comme le crédit bancaire, le crédit mutuel et le micro crédit. 

À cela s’ajoutent d’autres mesures pour encourager l’émergence d’entreprises, bureaux d’études et coopératives versés dans les prestations de services agricoles, comme la location des matériels, la réalisation de travaux culturaux et du conseil technique et économique.

Le développement agricole c’est aussi l’allégement de l’emprise administrative

Comme dans de nombreux domaines, l’innovation est la bienvenue dans le secteur agricole. Elle implique une restructuration du système actuel à commencer par celui de la recherche agronomique. D’abord en créant des pôles d’excellence dans la formation afin de doter ce système de chercheurs de haut niveau. 

Et aussi en intégrant le secteur agricole privé dans toutes les actions de vulgarisation, aussi bien des techniques que du conseil et expertise. La diffusion de cette innovation est recommandée afin que les différentes exploitations agricoles adoptent les techniques qui leur sont appropriées. Aussi, toutes les entreprises spécialisées dans la fourniture d’équipements et de produits agricoles sont appelées à prendre part activement dans cette diffusion de l’innovation.


L’assouplissement du cadre réglementaire régissant l’activité agricole dans sa totalité, en prévoyant des formes d’organisation beaucoup plus flexibles, alléger l’emprise administrative afin de libérer les initiatives et permettre aux acteurs du secteur de donner toute la mesure de leur engagement, sont des actions qui auront le mérite d’encourager le renouveau dans un secteur qui, malgré toutes les réformes, n’arrive pas encore à émerger pleinement bien qu’il dispose de toutes les potentialités.

En plus de l’allégement de l’emprise administrative, il est vivement conseillé de structurer les filières agricoles stratégiques autour de chaines de valeur et les doter d’organes de coordination pour renforcer leur intégration.

Yasmine Meddah

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