CGF: accompagner les opérateurs économiques algériens en Afrique

La Confédération générale des finances (CGF) présidée par Me Karim Mahmoudi, fait un constat sans appel de la présence des hommes d’affaires algériens dans le continent africain. «En Afrique, sur le plan économique, nous n’existons pas. Dans tout le continent, il y à peine 6000 opérateurs économiques algériens dont seulement 220 au Sénégal. En revanche, les marocains sont au nombre de 5 millions, le nombre des tunisiens avoisine un million, les égyptiens sont au nombre de 12 millions» a indiqué l’avocat, président de la CGF mercredi 14 juillet 2021, à l’ouverture des travaux d’un colloque organisé par la confédération, coïncidant avec son 32ème anniversaire. 

Une rencontre organisée par la CGF et placée sous le thème : «quelle place économique et commerciale pour l’Algérie dans le continent africain ?». Y ont été conviés les ambassadeurs économiques du Nigeria et du Sénégal et d’autres représentants africains, ainsi que des experts économiques algériens, en plus d’avocats d’affaires.

L’avocat est formel : «en terme de présence, on est très loin». Cela malgré les actions engagées par les hautes autorités du pays, durant ces dernières années notamment, à la faveur de la création du corps des représentants économiques, la ratification de l’accord de zone de libre-échange interafricaine (ZLECAF) et les travaux de parachèvement de la route transsaharienne.

C’est que «le monde des affaires, c’est sur le champs» expliquera le président de la CGF qui soutiendra que l’urgence aujourd’hui est d’aller sur le terrain. D’autant que, fait-il observer, il y a un «front contre l’Algérie» dans le continent africain. Dès lors, il estime que les opérateurs économiques des différents pays africains n’ont pas à attendre des démarches officielles des  Etats et des politiques  pour se décider à se déplacer eux-mêmes dans les pays où ils aimeraient investir. «Au niveau des Etats, c’est très compliqué. C’est entre 12 mois à 5 ans pour mûrir un projet. Les mécanismes sont très lourds. Nous, on milite pour que les gens se rencontrent et discutent directement entre eux» soulignera-t-il.

Le président de la CGF lance un appel aux investisseurs potentiels pour se rapprocher de la confédération de façon à travailler ensemble pour accomplir toutes les procédures administratives et autres nécessaires au lancement de leurs affaires.

De l’avis de tous les présents, le continent africain offre de grandes opportunités d’investissement. Il y a de la matière première, des richesses naturelles et une ressources humaines qualifiée, parallèlement à une insuffisance manifeste d’infrastructures, tous types confondus (écoles, établissements de santé, routes, chemins de fer, raccordement aux réseaux d’électricité et de gaz…et autres). Ce qui signifie une bonne part de marché d’investissement.

Dans son intervention, Me Mahmoudi souligne la nécessité de sensibiliser «nos frères subsahariens qui ont fait des études en Algérie» pour aider au renforcement des échanges entre les opérateurs économiques et permettre la naissance et le développement de projets communs pour le bien des pays et de tout le continent. L’objectif n’étant pas seulement de commercialiser des produits, insistent les présents, mais d’investir : «la vente, ce n’est pas cela notre objectif».

Pour ce qui est de l’Algérie, le président de CGF recommande aux pouvoirs algériens d’autoriser les producteurs à vendre 20% de leurs marchandises dans les pays d’Afrique. Les recettes en devises qui en découleraient serviraient à l’achat de la matière première, au développement et à la restructuration de l’entreprise. De même, il considère que la décision d’ouvrir un guichet de la Banque extérieur d’Algérie (BEA) dans le continent n’est pas la bonne solution mais l’idéal aurait été d’aller vers l’ouverture de plusieurs banques algériennes dans ces pays africains, avec éventuellement une participation de 30 à 50 millions d’euros dans leur capital.

Autre point abordé, le transport, précisément celui aérien. Aujourd’hui, entre les deux compagnies Air Algérie et Tassili Airlines, il y a 5 rotations par jour dans les cinq pays qui sont le Sénégal, le Mali, le Niger, le Côte d’Ivoire et le Burkina Faso. Pour mûrir un projet, un homme d’affaires a besoin d’au moins une dizaine de rotations. D’où la nécessité d’augmenter le nombre des rotations par jour à entre 6 et 12.

Faisant l’autre constat que les hommes d’affaires algériens en Afrique sont «perdus, livrés à eux-mêmes» et se proposant de les accompagner dans les pays où ils souhaiteraient se lancer et peut être s’y installer, la confédération générale des finances affirme sa décision de développer un réseau composé, entre autres, d’hommes d’affaires, d’experts en économie, de banquiers, d’assureurs, d’avocats d’affaires et autres. Un réseau qui travaillera directement avec la société des finances installée par la confédération à Accra et à Dakar. Une sorte de structure de conseil.

Pour mieux se faire connaître et vulgariser son projet, la CGF prévoit d’organiser quatre rencontres régionales dans le pays, en octobre prochain, ainsi qu’une émission spéciale continent africain sur la télévision algérienne, en plus d’autres rencontres directes avec les concernés eux-mêmes. Le tout pour aider à l’améliorer du climat des affaires, dans un continent marqué par les conflits, les guerres et une instabilité politique aux conséquences lourdes sur la vie économique.

Karima Mokrani

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