Concurrence : c’est le privé qui ne respecte pas les normes

Construire des appartements haut standing à des prix raisonnables semble être le défi de Nabil Gharbi, un jeune de 25 ans qui, après avoir décroché un MBA en management, a choisi de se lancer dans la promotion immobilière.
Une voie loin d’être facile quand on sait qu’elle est semée de problèmes.
« Avant de lancer mon propre projet, j’avais d’abord commencé par acheter des appartements semi-finis que je finissais et vendais par la suite », se rappelle Nabil.

[dropcap]«A[/dropcap]u fil du temps, je me suis demandé pourquoi ne pas me lancer carrément dans la promotion immobilière et faire de la vente sur plans, des petits blocs de 15 appartements, avec ascenseurs et parkings au sous-sol ?
L’idée avait si bien germé dans ma tête que j’ai fini par acheter un lot de terrain à Souidania et entamé toutes les démarches administratives pour pouvoir concrétiser mon projet »
.

Un projet où il ne manque pas de se démarquer des autres.
Il allie le style moderne au style mauresque et propose des façades simplifiées avec des moucharabiehs.
Son diplôme en management y est certainement pour beaucoup dans la réussite de son projet. En effet, dès le départ, il savait ce qu’il voulait.
C’est-à-dire réaliser des appartements en clos et couverts.

« Cela veut dire qu’ils sont terminées à presque 95% », nous explique t-il. Mais, pour réussir encore mieux, il n’hésite pas à entreprendre une formation en architecture qui va lui permettre de bien comprendre un plan et même d’y déceler des erreurs quand elles s’y trouvent.

« Par deux fois, j’ai détecté des inexactitudes dans le plan. Une fois c’était dans le parking sous-sol et une autre fois dans la cage d’escaliers », nous raconte Nabil qui, pourtant, soustraite avec des bureaux d’études.
« Il faut reconnaître que le déficit en architecte est flagrant ». En fait, ce n’est pas le seul déficit recensé par le jeune promoteur qui, dès le début, n’arrête pas d’énumérer toutes les contraintes rencontrées tous les jours et qui retardent immanquablement l’avance des travaux et influent sur la durée du chantier.

Le premier écueil commence avec l’achat du terrain.
« Il y a un grand souci avec le foncier que nous sommes contraints d’acheter chez le privé, donc à des prix plus chers, ce qui ne manque pas de se répercuter sur le prix de revient de l’appartement. Ensuite, il faut savoir si ce terrain est urbanisable.
Il y a un manque d’informations et d’interlocuteurs »
.
Une fois le terrain acquis, les plans réalisés et vérifiés, commence la mission presque impossible de trouver la main d’oeuvre.
« Nous rencontrons beaucoup de problèmes pour trouver des ouvriers qualifiés comme les ferrailleurs et les coffreurs mais, il faut le dire, même pour les simples ouvriers, cette difficulté est rencontrée. Les jeunes refusent catégoriquement de faire ce métier. Parfois, pour décharger des camions de briques ou autres, il faut attendre avant de trouver qui accepte de le faire ».
Manque du foncier approprié, manque de main d’oeuvre qu’elle soit qualifiée ou pas, déficit en architectes, lenteurs administratives à qui il faut ajouter les ruptures des matériaux de construction.

« Nous constatons un énorme déficit en matériaux de construction ; à savoir ciment et briques, surtout en plein saison.
Un chantier qui attend une centrale à béton, prend invariablement du retard »
.

Ces difficultés ne sont pas pour décourager Nabil car elles ne sont pas insurmontables même si elles retardent l’avancée des travaux.
Comment, à travers les difficultés citées arrive-t-il à allier haut standing et prix raisonnables ? Sa réponse ne se fait pas attendre.

« Pour pouvoir réussir cette équation, il faut d’abord trouver le bon terrain, choisir ensuite la superficie des appartements, généralement elle ne dépasse pas les 80 mètres carrés. Aller au-delà, c’est se risquer à avoir de l’espace inexploité. Ensuite, aller en hauteur car, c’est connu qu’avec le premier niveau, l’on amortit l’achat du terrain, avec le deuxième, l’on amortit la construction et enfin avec le troisième, l’on commence à faire des bénéfices.
C’est pour cela qu’il faut choisir le terrain où l’on est assuré de pouvoir réaliser plusieurs étages »
.

Rien ne semble refréner son élan à aller de l’avant même la commande publique qui lui a porté une concurrence.

« C’est surtout pour la formule LPP qui s’adresse à une clientèle que nous visons. Dès le départ, la donne n’est pas la même car le prix des terrains où se construiront ces projets est symbolique. Mais, ce qui nous gène le plus, ce sont les privés qui ne respectent pas les normes et vendent à des prix défiant toute concurrence ».

Après le projet de Souidania, Nabil a quatre autres projets où il propose des logements mixtes,

« c’est-à-dire un côté où il n’y a que des villas et l’autre des immeubles. Dans ce projet, je change de vision car je veux toucher d’autres clients ».

Il compte aussi, dans peu de temps, ouvrir une usine pour la fabrication des cuisines, en partenariat avec des Tunisiens.

Par   Khadidja Mohamed Bouziane

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