Cnuced : La dette africaine envers le FMI a augmenté de 32 milliards USD en 5 ans

A l’instar de plusieurs autres institutions internationales, c’est au tour de la Cnuced (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement) qui vient de se pencher sur l’analyse de l’état des lieux et des perspectives du commerce mondial et des actions pour le développement durant l’année en cours et à moyen terme, en relevant plusieurs éléments sur les évolutions constatées à travers le continent africain.

Dans son nouveau compte rendu, publié ce mois d’avril, sous le titre de «mise à jour du rapport sur le commerce et le développement», l’institution onusienne relève de prime abord «des effets défavorables spécifiques à chaque pays qui s’ajoutent aux défis induits par les chocs extérieurs» en Afrique.

A ce propos, les analystes de la Cnuced soulignent qu’ «alors que la croissance (du PIB) en Afrique est projetée à 3% en 2024, après avoir été de 2,9% en 2023, l’activité économique restera modérée et insuffisante pour faire des progrès significatifs vers le Développement Durable, qui est le principal objectif de l’approche de l’économie de développement».

Pour justifier le retard qu’accuse le continent pour enclencher un nouvel essor de son économie, l’institution évoque les contreperformances que connaissent les principales économies de la région, qui sont l’Afrique du Sud, le Nigéria et l’Egypte, considérées comme étant les moteurs de croissance en Afrique.

«Des performances économiques médiocres dans les trois plus grandes économies, Nigéria, Egypte et Afrique du Sud, laissent présager des perspectives de croissance pessimistes, alors qu’à eux seuls, ces pays représentent près de la moitié de la population africaine et de la production économique globale», souligne l’organisation dans ce nouveau rapport.

Outre ces trois économies, la Cnuced ne prévoit pas non plus des perspectives positives dans le reste du continent, tel qu’il ressort de ce document, soulignant qu’ «ailleurs dans la région, de multiples obstacles au développement subsistent, y compris des poches de conflits armés et d’instabilité politique, parfois alimentée par les tensions géopolitiques mondiales, ainsi que des effets négatifs du changement climatique, entrainant des chocs extrêmes.»

Cependant, le continent dans sa majorité est confronté à un autre défi au niveau des capacités financières des Etats, selon l’institution, qui relève que « l’érosion des ressources budgétaires limitent les dépenses publiques pour le développement », alors que l’arrivée à échéance de la dette de nombreux pays constitue un obstacle supplémentaire pour le financement du développement en Afrique et la mise en œuvre de projets d’investissement qui répondent aux besoins des populations locales.

54 pays africains ont des dettes envers le FMI

Pour illustrer l’ampleur de la dette extérieure et son impact sur les économies africaines, les auteurs du rapport de la Cnuced relèvent qu’au mois de février 2024, 48 des 54 pays du continent « ont des dettes en cours avec le FMI (Fond monétaire international), totalisant 56 milliards de dollars, contre 40 pays endettés, cumulant 24 milliards de dollars en 2019 ». Ainsi, en l’espace de 5 ans, la dette de pays africains envers l’institution de Bretton Woods uniquement a plus que doublé, en progressant de 32 milliards de dollars, avec 8 pays endettés supplémentaires. 

Il est à noter que le constat de la Cnuced intervient dans un contexte où, depuis 2023, pas moins de trois pays africains sont entrés en situation de défaut de paiement, à savoir l’Ethiopie, dont les négociations avec le FMI pour un près supplémentaire de 3,5 milliards de dollars risquent d’être compromises, le Ghana ainsi que la Zambie.

Evoluant dans ce climat, les économies d’une grande partie des pays du continent traversent en conséquence une conjoncture marquée par « des politiques économiques prônant des restrictions monétaires, la hausse des coûts d’emprunt (interne), des tensions et des pénuries de devises », est-il encore souligné, ce qui aggrave donc les vulnérabilités des secteurs productifs.

Cependant, ces perspectives de croissance en Afrique peu reluisantes risquent d’être accentuées par d’autres facteurs extérieurs qui ont un impact direct sur les potentialités des pays du continent à l’exportation, prévoient les experts de la Cnuced qui notent une « baisse de la demande de partenaires commerciaux majeurs tels que la Chine et l’Union européenne. »

Néanmoins, le nouveau rapport relève certains « points positifs » comme, par exemple, « des pays comme le Bénin, la Côte d’Ivoire et le Rwanda, qui continueront d’enregistrer une croissance supérieure à 5% ».

M. N.

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