Relance de l’industrie automobile : la CAPC propose une démarche en trois phases

La Confédération algérienne du patronat citoyen (CAPC) a présenté, lundi dernier, une réflexion sur le développement de la filière mécanique en Algérie. Faisant le constat d’une instabilité juridique qui dure depuis au moins une dizaine d’années, en plus de l’option pour une augmentation du taux d’intégration, l’organisation patronale propose une démarche en trois phases pour relancer l’industrie automobile en Algérie.

D’emblée, la CAPC appelle à «un changement de cap devant mettre en ligne de mire la balance commerciale au lieu et place du taux d’intégration». Non sans insister sur la nécessité de libérer les projets en cours et les opérations lancées dans l’automobile et les différents domaines de la sous-traitance.

La CAPC assure que la démarche qu’elle propose assurera au secteur automobile une autosuffisance en devises à court terme et un excèdent d’exportation à long terme, tout en fédérant les acteurs économiques du secteur de la mécanique autour de mêmes objectifs. Il s’agit principalement de la préservation des réserves de change et le développement du tissu industriel.  

La contribution de la CAPC est sous le titre : «les pistes de relance de l’industrie automobile». Elle a été réalisée en collaboration avec d’autres organisations patronales réunies au sein de la Coordination nationale du patronat (CNP) nouvellement créée.

Allant dans le détail, les auteurs de cette réflexion rappellent que l’intégration a été au cœur de la politique industrielle nationale et est devenue l’objectif à atteindre. Cela devrait booster l’industrie. Sur le terrain, les choses se passent autrement.

«Cependant et au regard de la particularité de l’industrie automobile qui connait une externalisation de plus en plus accrue, se focaliser sur des taux d’intégration élevés parait irrationnel» fait observer la CAPC. Sur un autre plan, notre pays «dispose d’importants avantages comparatifs, notamment les coûts de l’énergie, de la main d’œuvre et l’infrastructure existante en pleine expansion».

De même, «l’accroissement des coûts de la logistique et les problèmes d’approvisionnements induits par la COVID et les différentes crises constituent des opportunités additionnelles pour notre pays qui peut bénéficier des colocalisations industrielles particulièrement avec l’avènement du projet de loi sur les investissements».

Selon la Confédération algérienne du patronat citoyen, l’augmentation du taux d’intégration n’est pas sans risques majeurs sur tout l’écosystème économique. Elle en cite particulièrement trois : risque induit par les pertes de change, risque de désindustrialisation et risque d’accroître le gap technologique.

La nouvelle démarche préconisée consiste en «l’utilisation des excédents de devises susceptibles d’être générés à travers des opérations d’exportation bien définies pour financer l’importation de véhicules destinés pour le marché local».

Dans la première phase qui est de courte durée, il est question d’opter pour l’exportation de véhicules (acquis dans le cadre de crédits fournisseurs) montés en Algérie sous le régime douanier du perfectionnement actif. Il s’agit, précise la même source, de procéder au montage pour l’exportation avec un changement de position tarifaire à même de permettre une algérianisation du produit et le bénéfice des dispositions des différents accords. Le bénéfice tiré en devises pourrait être utilisé par l’assembleur national et son fournisseur pour alimenter le marché local, soutient-elle.

Résultat de telle démarche, estime la CAPC, le parc national est renouvelé progressivement sans affecter les devises détenues localement, tout en fructifiant les infrastructures existantes et en exploitant la main d’oeuvre déjà formée.

La deuxième phase est à moyen terme. Elle consiste en l’homologation d’un nombre prédéfini de pièces de rechange par les sous-traitants et de produits déjà existants, dans le domaine de la mécanique, ce qui rendra cette filière exportatrice. 

La Confédération du patronat citoyen soutient que «l’Algérie dispose d’une assise industrielle beaucoup plus importante et plus compétitive mais surtout plus diversifiée que certains pays activant dans la mécanique». Partant, «différents intervenants peuvent valablement développer la filière à travers des sociétés et des investissements qui existent déjà».

En ce qui concerne la troisième phase, celle-ci étant à long terme, la CAPC note qu’en plus de la câblerie électrique et faisceaux de câble, l’Algérie dispose d’un énorme potentiel à travers les investissements déjà réalisés ou en cours de réalisation mais qui nécessitent un minimum de mise à niveau. Elle cite l’emboutissage de tôle, diverses pièces moulées, pièces électroniques auto (les modules embarquées), pièces électriques auto (batteries sans entretien, ampoules…) et diverses pièces en plastique.

Karima Mokrani

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