Blé dur français : les importations de l’Algérie chutent de 60%

Dans une récente étude statistique, FranceAgriMer, Office agricole français, vient de relever une baisse sensible de 60% des importations de l’Algérie en blé dur durant la saison 2021/2022. Laquelle tendance qui confirme l’objectif annoncé jeudi dernier par le Premier ministre concernant cette céréale.

Dans son intervention à l’ouverture des travaux du forum sur «la sécurité alimentaire en blé dur», organisé par le CREA (Conseil du renouveau de l’économie algérienne) à Alger, Aïmene Benabderrahmane a affirmé que l’Etat est déterminé à atteindre l’autosuffisance alimentaire en blé dur à court terme, compte tenu des potentialités dont la filière céréalière dispose en la matière.

Quant à l’organisme français, son étude, intitulée «Marché du blé dur France, Union européenne, Monde, les données, campagne 2021-2022», fait ressortir des indicateurs confirmant cette volonté de l’Algérie à réduire ses importations en la matière. Il en ressort ainsi qu’ «avec près de 26 000 tonnes, les ventes vers l’Algérie sont en recul de 60 % par rapport à la moyenne quinquennale des exportations de la France vers ce pays». Laquelle baisse qui n’est pas moins significative comparativement au volume des importations en blé dur en provenance de l’Hexagone durant la saison 2011/2012, soit il y a 10 ans, qui a été de plus de 438 000 tonnes, selon la même étude.

En revanche, les exportations européennes globales en blé dur vers l’Algérie ont connu une forte hausse durant la saison agricole précédente (2021/2022), ayant atteint 156 000 tonnes, selon le même document. Mais, une année auparavant, soit durant la saison 2020/2021, les exportations de l’UE en blé dur n’ont pas dépassé le volume de 41 000 tonnes, faisant de l’Algérie le troisième client de l’UE hors Europe pour ce type de céréales, après la Turquie (166 500 tonnes) et la Tunisie (84 000 tonnes).  

En outre, les experts dudit organisme se montrent moins optimistes quant aux perspectives des récoltes pour la saison 2022/2023, et ce, dans les deux rives de la Méditerranée. «Les premiers éléments de récoltes pour la campagne 2022/23 ont confirmé des volumes de production en repli en Europe, très dégradés au Maroc et faibles en Algérie», notent-ils, en avançant les contraintes climatiques, à savoir la sécheresse due à la baisse des précipitations durant la saison hivernale de cette année ayant affecté non seulement l’Afrique du nord mais aussi une bonne partie de l’Europe, pour argumenter cette tendance.

Mais, malgré ce bond enregistré durant la saison dernière, l’Algérie importe sensiblement moins de blé dur du marché des 27 qu’il y a 10 ans, comparativement au volume de plus de 516 000 tonnes atteint durant la saison 2011/2012, tel qu’il ressort de l’étude de FranceAgriMer.

Tensions sur les légumineuses

Autant d’indicateurs qui reflètent donc les capacités dont dispose la filière céréalière locale pour parvenir à la couverture de la totalité des besoins exprimés en blé dur. Dans ce registre, le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Abdelhafidh Henni, a affirmé que le blé dur a représenté 65% des 41 millions de quintaux de récoltes céréalières atteints durant la campagne 2021/2022, ce qui a permis la couverture des besoins exprimés à hauteur de 90 à 95%.

Par ailleurs, le spectre de pénurie guette les légumineuses sur le marché mondial pour la campagne 2022/2023, en raison des prévisions pessimistes sur les récoltes au sein des pays producteurs. Ainsi, une étude prévisionnelle sur la disponibilité des produits alimentaires en France, publiée su le site « ça m’intéresse », prévoit « une disparition des étals dans les mois prochains » de produits comme les pois chiches ou les lentilles, en faisant référence à des données du quotidien de l’économie « Les Echos ».

Selon ce dernier, en effet, «après la farine, l’huile de tournesol, la moutarde… les pois chiches ? L’alerte est lancée sur l’offre mondiale de cette petite graine riche en protéines, qui pourrait chuter de 20 % cette année, selon la Confédération internationale des légumineuses. Des conditions météorologiques défavorables, des perturbations sur les chaînes d’approvisionnement et la guerre en Ukraine ont nui aux pois chiches, entraînant une hausse des prix et laissant les industriels sur le carreau».

Dans ce domaine aussi, l’Algérie vise l’objectif de réduire sensiblement le recours aux importations, en encourageant les producteurs locaux à intensifier la production de lentilles, pois chiches et haricots blancs et en confiant depuis février dernier l’exclusivité de l’importation de ces légumineuses à l’OAIC.

Mohamed Naïli

Les commentaires sont fermés.