Henni annonce la réforme juridique de la CNMA

N’incluant pas la sécheresse comme «calamité naturelle», la CNMA subira donc quelques réformes juridiques afin d’intégrer les pertes dues à l’absence de pluies dans sa nomenclature.

La production de blé, constituant un réel défi pour le renforcement de la sécurité alimentaire, et la situation des acteurs de la filière céréalière, dont une grande partie subit de plein fouet les effets de la sécheresse qui affecte cette année les zones de production agricole, notamment à l’ouest et au centre du pays, s’apprêtent à faire l’objet de nouvelles mesures dans les mois à venir. C’est ce qu’a laissé entendre ce jeudi le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Mohamed Abdelhafidh Henni, sur les ondes de la chaîne 3 de la radio nationale.

Pour ce qui est de la production et de l’approvisionnement du marché national en céréales, le ministre qualifie le cas de l’Algérie de «particulier», compte tenu du fait que, déclare-t-il, «notre modèle de consommation s’appuie essentiellement sur le blé tendre et la farine». C’est pourquoi, il y a «nécessité à réadapter ce modèle de consommation, en commençant par les plus jeunes générations», ajoute l’invité de la rédaction de la chaine 3, suggérant donc l’adoption d’un nouveau système alimentaire privilégiant des produits autres que le pain.

Evoquant la situation de la céréaliculture locale cette saison qui suscite beaucoup d’inquiétudes avec l’absence de précipitation depuis presque trois mois, à une période où de surcroît les plantes céréalières sont à une étape cruciale de leur développement, le ministre affirme que «nous avons relevé une baisse importante de la pluviométrie, notamment à l’ouest du pays. Face à cette situation, nos objectifs pour l’année en cours sont, d’un côté, la préservation des semences nationales, et cela est fait, même dans les régions qui sont touchées par la sécheresse.

D’un autre côté, au niveau des régions centre et est du pays, les premières estimations ne font pas état de grands changements, que ce soit en termes de surfaces cultivées ou des rendements attendus. Les évaluations sont presque identiques à celles de la saison précédente», tout en se refusant à avancer le moindre élément statistique, parce que, selon lui, «cela risqueraient de prêter à confusion ».

Au sujet de la sécheresse historique qui frappe l’ensemble du bassin méditerranéen cette année, sans épargner l’Algérie, le ministre de l’Agriculture a annoncé de nouvelles mesures qui ne manqueront sans doute pas de réjouir les acteurs de certaines filières, notamment les céréaliculteurs, concernant leur indemnisation. A ce propos, l’invité de la radio a fait état de certaines mises à jour au niveau de la CNMA (Caisse nationale de la mutualité agricole) afin de faciliter le processus d’indemnisation des agriculteurs affectés.

45 000 hectares de cultures oléagineuses

N’incluant pas la sécheresse comme « calamité naturelle », la CNMA subira donc quelques réformes juridiques afin d’intégrer les pertes dues à l’absence de pluies dans sa nomenclature. «Il faut obligatoirement intégrer la problématique de calamité naturelle dans la nomenclature de la Caisse (CNMA, ndlr)» et pour cela, ajoute le ministre, le dossier est ouvert au niveau de la CNMA afin de «disposer d’un encrage juridique pour commencer à indemniser les agriculteurs» victimes de sécheresse.

«Nous sommes devant des défis majeurs, telles les problématiques climatiques et de sécheresse récurrentes», poursuit le ministre, selon qui, ces nouveaux défis imposent donc au secteur de s’adapter à la nouvelle donne climatique. C’est le même cas aussi avec les nouveaux rapports de force géopolitiques à l’échelle mondiale, avec des lignes qui commencent à bouger qui, selon M. Henni, impose à l’Algérie «une nouvelle vision vraiment appropriée et précise sur l’avenir de notre pays, en comptant sur nos propres capacités».

Il citera à cet égard le choix de l’Algérie d’intégrer le groupe des BRICS, dont les indicateurs qui font d’elle «une économie forte» plaident en sa faveur pour cette adhésion.

Sur le moyen et long terme, le ministre a révélé que la feuille de route tracée pour le secteur, comprenant «27 filières» végétales et animales, s’articule sur deux éléments clé qui sont la production céréalière et le lait. Cette nouvelle vision est liée à «des programmes qui s’appuient sur des contrats de performance au niveau de chaque wilaya qui permettent d’évaluer le travail au niveau décentralisé», dira le ministre en précisant que «les céréales et le lait» en constituent pivot central.

Concernant le développement de nouveaux périmètres agricoles dans les wilayas du sud, constituant ces dernières années l’une des priorités du secteur, le ministre a fait savoir que son département «a reçu plus de 3 000 demandes d’investissement dans l’agriculture saharienne», précisant que la céréaliculture représente un important volume. Tandis que, pour les cultures oléagineuses, il a fait état de 45 000 hectares à l’échelle nationale.

Mohamed Naïli

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