Algest-2021: Donneurs d’ordre et sous-traitants réunis pour la relance

La 6ème édition du Salon de la sous-traitance (Algest-2021) aura lieu 22 au 25 novembre au Palais des expositions (Safex) d’Alger. A la bonne heure si les organisateurs ont réussi à mobiliser 80 entreprises pour participer à cet événement qui, vraisemblablement, se veut une étape déterminante pour relancer un secteur considéré, jusqu’ici, comme le maillon faible de l’industrie, donc de l’économie nationale.

« Il faut arriver à ce que le secteur de la sous-traitance soit en mesure d’offrir les produits qu’on lui demande en matière de quantité et de qualité, et que les mécanismes, qui lient les deux secteurs ( industrie et sous-traitance) soient systématisés. Aujourd’hui, l’Etat prévoit un certain nombre de mécanismes incitatifs fiscaux et parafiscaux ; à l’instar du décret exécutif n°20/311 du 15/11/2020 relatif à l’exemption des droits de douane et de la TVA, des composants et matières premières, importés ou acquis localement par les sous-traitants, dans le cadre de leurs activités.» confiait dans un entretien accordé à DZEntreprise, Agsous Kemal, président de la BASTP.

Le président de la BASTP, co-organisateur d’ Algest-2021, espère que la législation voulue pour relancer et asseoir l’activité soit appliqué dans les meilleurs délais et ne pas connaitre le même sort que le décret précédant (publié en 2017) portant sur le même objet et qui n’a jamais connu un début d’exécution.

Pour rappel, le phénomène de la désindustrialisation de l’Algérie durant ces dernières décennies a provoqué une érosion dans le produit intérieur brut qui ne dépasse pas 5 % et, fort malheureusement, 70% des entreprises importent leurs inputs. Seulement 30 % des entreprises s’approvisionnent du marché local.

Il faut dire que les précédents échecs essuyés par les entreprises publiques et privées étaient essentiellement dus à l’absence d’un tissu censé booster la production au lieu de recourir aux procédés de montage en SKD et CKD et aux importations des intrants tous azimuts. Aujourd’hui, la tendance mondiale est à l’encouragement des PME-PMI qui activent dans la sous-traitance industrielle.

Source de richesses et d’emplois par excellence, la sous-traitance industrielle touche tous les secteurs d’activités. une bonne partie sera présente ou représenté lors du Algest-2021. On citera, entre autres, le secteur de l’énergie, l’automobile, les hydrocarbures, l’électronique, l’électroménager, la métallurgie, le plastique, le caoutchouc et toutes les pièces et composants qui soutiennent une industrie.

Force est de le constater, la sous-traitance industrielle, levier majeur de la compétitivité et de développement ne s’est pas taillé la part du lion en Algérie cette activité est au point mort dans plusieurs segments.

Si la politique gouvernementale exige, dans le discours, des opérateurs économiques des taux d’intégration, ce qui est légitime, il n’en demeure pas que dans la méthode, les choses évoluent aussi lentement qu’on le puisse imaginer.

Concrètement, l’expérience des usines automobiles en est la preuve, les produits développés par les sous-traitants algériens font face à une farouche résistance des entreprises étrangères basées en Algérie.

Celles-ci exigent des investisseurs algériens des certificats d’homologations des pièces produites, ce qui n’existe pas en Algérie au demeurant.

Reste que l’absence des outils d’homologations et de certifications handicape nos investisseurs, contraints de recourir à des laboratoires étrangers pour se faire délivrer ces précieux sésames, évidemment en payant un prix fort en devises.

Ajoutés à cela, la bureaucratie, la lenteur des banques, l’accès au foncier industriel et les mesures fiscales et parafiscales qui pèsent sur les opérateurs qui voudraient investir dans ce créneau.

Ce salon organisé conjointement par le World Trade Center Algiers et la Bourse algérienne de sous-traitance est directement parrainé par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, dont la décision d’accompagner cet événement se veut une garantie pour les chefs d’entreprises, publics soient-ils ou privés, pour donner le ton d’une reprise effective de cette activité motrice et qui pèse sensiblement sur le PIB.

Et si ce salon est dédié aux professionnels, notamment les entreprises révélatrices du potentiel national de sous-traitance, il est clair que la présence de compétences national, notamment dans les industries mécanique, devra booster ce créneau qui exige un savoir-faire de haut niveau.

En somme comme l’avait souligné le président du World Trade Center Algiers, Ahmed Tibaoui, il est temps de recouvrir cette confiance perdue par les cadres du secteur public pour qu’ils s’engagent dans leurs actions, dit-il, « sans craindre des poursuites judiciaires pour mauvaise gestion ».

Le président de la BASTP, qui sera présente à Algest-2021 souhaite une impulsion «au plus haut niveau des pouvoirs publics pour leur mise en œuvre notamment en créant un climat favorable au développement de relations durables et de confiance entre les acteurs de l’industrie nationale indépendamment des statuts juridiques des uns et des autres.»

Rabah Nadri

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