Incendies : ce que recommande la Banque mondiale pour l’Algérie

« L’Algérie ne ménage pas ses efforts pour relever le défi de la gestion des feux de forêt, mais aucun pays ne peut affronter seul les situations d’urgence et les catastrophes naturelles ». C’est en ces termes que la Banque mondiale a résumé les derniers incendies qui ont ravagé plusieurs wilayas du pays et qui ont dévasté des massifs forestiers, semant la mort, engloutissant des propriétés sous les flammes et causant une perte d’actifs économiques de plusieurs millions de dollars.

Dans une récente étude, la Banque mondiale a révélé qu’« un livre blanc de l’administration sur l’impact des changements climatiques en Algérie montre que, bien que les forêts et les arbres couvrent moins de 1 % de la masse terrestre du pays, les feux de forêt constituent l’une des trois plus grandes menaces pour la vie, la propriété et l’activité économique ».

Selon cette étude, entre 2010 et 2019, l’Algérie a recensé près de 3 000 incendies qui dévastent, chaque année, l’équivalent de quelque 30 000 terrains de football.

Au plan économique, les chiffres donnent le tournsi ! En effet, « les pertes annuelles d’actifs atteignent le chiffre vertigineux de 1,5 milliard de dinars algériens, soit 11 millions de dollars, alors qu’en 2020, les indemnités versées aux sinistrés sont évaluées à 600 millions de dinars, soit 4,4 millions de dollars.

Devant cet état de fait, la Banque mondiale recommande à l’Algérie une « gestion durable des forêts », c’est-à-dire «  une méthode éprouvée dans la lutte contre les risques d’incendie »

Pour la Banque mondiale, « il existe une solution qui transforme la gestion des forêts, réduit les départs de feu potentiels et valorise davantage les forêts »

Cette approche, connue sous le nom de « gestion durable des forêts », est mise en œuvre dans de nombreuses régions du monde.

Cette approche vise à améliorer la valeur économique, sociale et environnementale des forêts pour les générations d’aujourd’hui et de demain, tout en prenant en compte le risque d’incendie.

« Mais que pourrait-elle apporter à l’Algérie ? », s’interroge la Banque mondiale.

Cette institution internationale relève, d’emblée, que « la gestion forestière peut intégrer de nombreux aspects, comme le rétablissement de conditions historiquement plus saines, la réduction de la pression sur les surfaces boisées, la modification des comportements par la sensibilisation des populations, une plus grande résilience des communautés dans les zones sensibles ».

Par ailleurs, ajoute la Banque mondiale, d’autres leviers existent, comme le reboisement, l’octroi de fonds supplémentaires pour la prévention des incendies (avec la création d’allées coupe-feu, par exemple), mais aussi l’amélioration de la détection des feux, de la formation et de la préparation à l’extinction rapide des incendies.

Citant le succès de cette méthode en Turquie, en Inde et d’autres pays, la Banque mondiale préconise à l’Algérie de s’y inscrire progressivement dans la gestion durable des forêts, en tenant compte, souligne la Banque mondiale, des différentes composantes d’un paysage, comme l’agriculture, la sylviculture, les bâtiments et les axes routiers.

La Banque mondiale rappelle qu’en 2020, elle avait travaillé « à un diagnostic de la gestion du risque de catastrophe en milieu forestier, avec le concours de la Délégation nationale aux risques majeurs du ministère algérien de l’Intérieur et 12 autres organismes gouvernementaux ».

Cette initiative a été suivie par une étude virtuelle du monde entier pour éclairer la gestion du risque de catastrophe, notamment en matière de feux de forêt, comme en France et au Portugal.

« Grâce à cette série de webinaires, nous avons pu échanger de bonnes pratiques et discuter des outils d’analyse, dans le but d’appuyer les initiatives algériennes destinées à trouver les moyens d’intégrer le risque d’incendie dans la gestion durable des forêts », a déclaré Emmanuel Cuvillier, représentant résident de la Banque mondiale en Algérie.

En conclusion, ce diagnostic fait ressortit que « l’Algérie pourra lutter de manière appropriée contre les feux de forêt à condition de moderniser ses équipements et ses techniques de lutte contre les incendies (…) L’Algérie doit également se doter d’un système d’alerte rapide intégré avec système d’alarme des feux de forêt, et sensibiliser les populations afin de les inciter à changer de comportement ».

Nadine. S

Les commentaires sont fermés.