La Bourse d’Alger prête à lancer le produit Sokouk

La Bourse d’Alger tente de développer de nouveaux produits et pouvoir ainsi, attirer l’intérêt des investisseurs. Selon son DG Yazid Benmouhoub, son institution travaille aujourd’hui, sur trois axes essentiels à savoir la mise en place d’un système de cotation en ligne que qui sera opérationnel à partir de 2019, ainsi que la vulgarisation et de rapprochement des chefs d’entreprises à travers des rencontres et séminaires. Enfin la mise en place du produit islamique « les Sokouk », dès que la mise en place d’une assise juridique.

Quel est le  rôle de la Bourse ? 

Permettez-moi d’abord de faire un petit historique sur la Bourse d’Alger, née en 1997. La Bourse est un marché de capitaux qui permet aux entreprises de lever des fonds à travers l’ouverture du capital ou via une émission d’obligations. Ce sont les deux produits que nous avons actuellement. Nous avons pour l’instant 5 sociétés cotés, dont trois privées (Nca Rouiba, Alliance et Biopharm), et deux publiques (l’Aurassi et Saidal) avec une capitalisation boursière d’environ 45 milliards de dinars. En 2012, nous avons ouvert un marché destiné aux PME et PMI. Pour l’instant, nous pensons que la Bourse a beaucoup de marge dans l’avenir pour participer dans le financement des entreprises.

Mais le rôle de la Bourse d’Alger demeure très minime dans l’économie nationale ?

Effectivement, il est vrai que le rôle de la Bourse d’Alger demeure minime par rapport au secteur banquier. D’ailleurs, c’est dans l’optique d’attirer plus de clients, nous travaillons sur plusieurs axes à savoir la vulgarisation et la sensibilisation. Aujourd’hui, nous travaillons avec les chefs d’entreprises, les associations patronales privées et publiques, et nous leur expliquons les techniques et les méthodes de bénéficier des financements boursiers, comment s’introduire en bourse, ainsi que les avantages et les inconvénients de ce type de financement. Dans le contexte actuel caractérisé par une baisse des ressources financière de l’Etat, il y a une pression terrible sur le secteur bancaire pour le financement économique. Il faut rappeler que l’économie algérienne est financée à 90% par le secteur bancaire public et aussi par le trésor public. Ainsi, la Bourse participe marginalement dans le PIB du pays.

Vu cette situation, la Bourse peut introduire de nouveaux produits pour attirer la clientèle. Que comptez-vous offrir dans l’avenir ?

Certes, comme je l’avais dit, nous travaillons sur plusieurs produits.  Aujourd’hui, l’idée c’est comment créer l’intérêt pour attirer les entreprises et les citoyens à s’introduire en bourse. Dans le contexte actuel, si nous parlons de la finance alternative ou de le finance « Chariaa compatible », la bourse contient, depuis sa création, un produit qui lui-même « Chariaa compatible ». Il s’agit du financement à travers l’ouverture du capital. Le principe de la finance islamique, est basé sur le partage des pertes et profits (PPP). Lorsque une entreprise, prend des actions, partagera les pertes et les intérêts après le bilan annuel. Actuellement, les 12000 actionnaires en bourse reçoivent des dividendes chaque fin d’année. A titre d’exemple pour la fin de l’année 2016, nous avons eu des rendements qui étaient de l’ordre de 6 à 10,75% d’intérêt, chose qui n’existe pas dans le secteur bancaire. Malgré cela, la bourse n’arrive pas encore à attirer les investisseurs. Ainsi, dans l’objectif de créer des produits islamiques en direction des clients, nous avons pensé d’orienter la bourse vers ces produits. D’ailleurs, nous avons lancé depuis plus d’une année en collaboration avec le secteur universitaire un projet sur la possibilité d’émettre des Sokouk au niveau de la bourse d’Alger.

Vous venez d’aborder « les Sokouk ». Il s’agit de quoi exactement ? 

En fait les Sokouk sont des obligations, des titres d’endettement. Ainsi, l’entreprise peut se financer en émettant des Sokouk. Ces derniers seront rémunérés en fonction des résultats et ce n’est des taux d’intérêts fixés d’avance comme c’est le cas actuellement. Nous pensons que cela pourra créer un intérêt pour la bourse et pour les investisseurs. Cela fait partie de l’innovation financière mais également nous sommes convaincus du principe de l’inclusion financière, qui aujourd’hui, défendu par les institutions financières internationales. Chaque citoyens a le droit d’accéder à des financements (compte bancaire, un chéquier, placer son argent…), c’est dans ce cadre que nous lançons de nouveaux produits qui peuvent intéresser le maximum des citoyens. Nous diversifions les produits et laisser les clients choisiront en fonction de leur capacités financières, leurs croyances et leur niveau d’éducation…

Puisque ce produit islamique pourra attirer l’intérêt des investisseurs. Pourquoi ce retard dans son lancement?

Il y a d’abord un travail qui doit être fait par le ministère des Finance en mettant en place la législation propre aux Sokouk et après nous seront prêts à lancer ces produits sur le marché, et ce après l’aval de la Commission d’organisation et surveillance des opérations boursières (COSOB). Ce que je peux dire c’est que nous sommes prêts à lancer le produit Sokouk. D’ailleurs, nous sommes déjà sur un projet d’acquisition d’un nouveau système d’information, que nous allons installer à partir de l’année 2019 et qui permettra de faire des transactions directement en ligne sans se déplacer au niveau de la Bourse.

Y a t-il de nouvelles entreprises qui vont intégrer la Bourse d’Alger ?

Comme je l’avais déjà annoncé, nous avons lancé en 2012, un produit pour le marché de la PME. Ainsi, aujourd’hui, AOM Inevest, spécialisée dans les études et l’investissement dans le tourisme thermal qui s’apprête à entrer en bourse à partir de cette année. Ils ont déposé leur demande auprès de la COSOB et ils attendent le visa de cette dernière pour lancer l’opération. Nous pensons que cela va attirer d’autres PME vers le marché, tout en sachant qu’aujourd’hui beaucoup de ces PME sont en crise financière et n’arrivent pas se financer. Une grande majorité également est sous-capitalisée, et à travers la bourse elles peuvent augmenter leur capital et avoir des crédits bancaires via les banques.

In Mutations ° 102 ( Revue de la Chambre Algérienne de Commerce et d’Industrie)

 

 

Les commentaires sont fermés.