Zhao Dongliang:«L’Algérie pourrait exporter ses produits agro-alimentaires vers la Chine»

De 2014 à 2017, le volume des échanges commerciaux entre l’Algérie et la Chine dépasse les 8 milliards de dollars par an. Depuis 2014, la Chine est devenue le 1er fournisseur de l’Algérie. Les exportations algériennes vers la Chine, essentiellement dans les hydrocarbures, sont de l’ordre de 400 millions de dollars par an, mais peuvent s’améliorer avec la signature entre les deux gouvernements d’un mémorandum sur la coopération agricole et de la pêche en attente de ratification. En novembre prochain, à Shangai, la plus grande ville économique du pays abritera la 1re édition de l’exposition internationale d’importations, auquel est conviée l’Algérie pour faire valoir les produits fabriqués localement. Autant de points que Zhao Dongliang, conseiller économique et commercial, ambassade de Chine à Alger, a évoqués dans cet entretien accordé à TABADOULAT, après avoir abordé les relations économiques entre l’Algérie et la Chine.

Pouvez-vous nous donner un aperçu sur la coopération commerciale entre l’Algérie et la Chine ?

Avant cela, je à rappeler que cette année marque le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux pays. Depuis 60 ans, la coopération commerciale, économique et technique entre l’Algérie et la Chine avance sans cesse. Nous entretenons de très bonnes relations entre nos deux pays. Permettez-moi de rappeler l’évolution historique de cette relation économique qui date de très longtemps. Elle a même commencé avant l’indépendance de l’Algérie. Durant la guerre de Libération, la Chine avait déjà commencé à accorder son soutien à la révolution algérienne en l’aidant matériellement pour l’accompagner dans sa détermination de libération du pays. En septembre 1958, au moment de la proclamation de la création du gouvernement provisoire algérien au Caire, la Chine avait immédiatement pris contact avec ce gouvernement et a été le premier pays à reconnaître l’Algérie en dehors du monde arabe. Le 20 décembre 1958  les deux pays ont officiellement établi leurs relations diplomatiques.

En septembre 1964, les deux gouvernements ont signé les premiers accords commerciaux, ces accords ont porté sur la formalisation des échanges commerciaux entre l’Algérie et la Chine. Cet accord a été renouvelé par deux fois, en 1979 et en 1999, et dénote  l’évolution des relations économiques entre les deux pays.

En 2004, les deux pays ont annoncé la mise en place d’une coopération stratégique, et en février 2014, notre président Xi Jinping et le président Abdelaziz Bouteflika ont signé une déclaration conjointe pour l’établissement d’un partenariat stratégique global. Cette initiative a une signification historique puisqu’elle scelle l’approfondissement de la coopération dans divers domaines entre les deux pays.

Pouvez-vous aujourd’hui quantifier, par des chiffres, la coopération commerciale entre l’Algérie et la Chine ?  

Depuis l’établissement des relations diplomatiques entre nos deux pays, la coopération commerciale, économique et technique évolue très bien. Surtout ces vingt dernières années où elle a connu un développement rapide, à grande échelle et dans tous les secteurs. S’agissant du commerce avant 1999, le volume des échanges entre les deux pays était de 200 millions de dollars. En 2009, il a atteint les 5 milliards de dollars et depuis 2014, annuellement, le volume des échanges dépasse les 8 milliards de dollars. Depuis 2014, la Chine est devenue le 1er fournisseur de l’Algérie.

Qu’exporte la Chine vers l’Algérie ?

Essentiellement des équipements, des machines, des véhicules, des engins, les textiles, les vêtements et les appareils électroniques et électroménagers. Je dois souligner que les exportations de la Chine vers l’Algérie se font essentiellement par des hommes d’affaires et commerçants algériens qui font des commandes aux entreprises chinoises, en Chine pour leur commercialisation en Algérie.

Et qu’exporte l’Algérie vers la Chine ?

S’agissant des exportations algériennes, le volume n’est pas important, il est de l’ordre de 300 à 400 millions de dollars et concerne essentiellement les hydrocarbures, comme le gaz naturel liquéfié.

En dehors des hydrocarbures, quels seraient les produits fabriqués en Algérie  qui pourraient intéresser le marché chinois ?

L’agro-alimentaire par exemple ! Il y a un déficit commercial entre les deux pays, et nous sommes en train de prendre des mesures pour équilibrer. Les deux gouvernements ont déjà signé en 2017 deux conventions, en plus d’un mémorandum sur la coopération agricole et de la pêche qui est en attente de ratification.  Il faut savoir qu’en novembre prochain, la Chine organisera à Shangai, la plus grande ville économique, la 1re édition de l’exposition internationale d’importations. Cela témoigne de la volonté du gouvernement chinois d’aller vers une libéralisation économique et commerciale. A cette occasion, nous avons eu des contacts avec le ministère du Commerce et la Safex pour encourager la participation algérienne. Cet évènement international sera pour l’Algérie l’occasion de montrer à la Chine et aux autres pays ses produits fabriqués localement. 200 m2 sont déjà réservés pour la participation algérienne.

Vous avez parlé de coopération économique, globalement, sur quoi porte-t-elle ?

La coopération économique et technique est centrée essentiellement sur la construction. Nous avons 70 entreprises étatiques chinoises, qui emploient 40.000 personnes de nationalité chinoise, qui sont présentes en Algérie, il y a aussi des entreprises privées chinoises, mais je n’ai pas le nombre exact puisqu’elles s’inscrivent directement au registre du commerce algérien, elles ne sont pas obligées de passer par notre mission puisque la Chine pratique la politique du libre-échange et de la liberté d’activité.  Je cite entre autres grandes entreprises présentes en Algérie, la CSCEC, la plus importante qui a son actif de grands projets, tels que le Centre international des conférences, l’aéroport d’Alger. Même en Chine, cette entreprise, qui est présente en Algérie depuis 35 ans, est la plus grande société de construction. Elle intervient dans tous les domaines de construction d’infrastructures.

Vous avez lors de notre briefing évoqué la coopération entre les  deux Etats, que vous avez qualifiée d’exemplaire, pouvez-vous nous en dire plus ?

La coopération est principalement  dans le développement. La Chine a accordé à l’Algérie, sur ces 60 ans de relations, une aide économique de 2 milliards et 300 millions de yuans pour le financement de projets de 11 projets, tels que le pavillon central et le bloc d’administration de la Safex, l’usine de céramique de Guelma, aujourd’hui privatisée, et plus récemment l’Opéra d’Alger, qui très bientôt va recevoir pour deux ans, dans le cadre d’une coopération, une équipe technique composée de 11 ans experts pour la maintenance et formation du personnel technique de l’opéra.

Il y a également la deuxième phase de l’amélioration des terres salines à Relizane, un projet avec l’Institut national de recherches agricoles INRA, qui va démarrer très prochainement, l’autre grand projet, dont les accords ont été signés entre les deux gouvernements, est celui du centre culturel et de loisirs pour les jeunes à Baraki (Alger), le démarrage de la construction du projet est prévu pour 2019

La première mission médicale chinoise a été envoyée en Algérie en 1963. Où on est-on aujourd’hui ? 

La coopération avec l’Algérie dans le domaine de la santé publique fête cette année son 55e anniversaire. La Chine a envoyé la première équipe médicale en Algérie, c’était en avril 1963, c’était également la première équipe envoyée en Afrique. Nous en sommes aujourd’hui à la 25e équipe, soit une mission tous les deux ans et dans toutes les spécialités, mais essentiellement la génécologie et la pédiatrie. Depuis le début de cette coopération, 3 228 médecins chinois ont séjourné en Algérie, ils ont soigné en externe quelque 23 millions    de malades, 2 millions de malades hospitalisés et 1 million 50 000  naissances et 1 million 60 000 actes de chirurgie. L’équipe médicale chinoise a, en 55 ans, contribué à former un grand nombre de personnel médical algérien.

Vous avez évoqué la coopération dans la formation de la ressource humaine…

Le développement de la ressource  humaine est un axe important dans les relations entre nos deux pays. A fin 2017,  la Chine a financé à travers des formations dans notre pays, dans divers domaines, quelque 2 747 personnes des différentes institutions algériennes. Cette coopération devient l’un des principaux axes de la coopération. Depuis 2017, La Chine accorde également, en dehors des bourses accordées par le ministère chinois de la Culture, entre 25 et 40 bourses universitaires dans divers domaines.

La Chine est l’invitée d’honneur de la 51e FIA, quel est votre sentiment ?

Comme je l’ai précisé plus haut, cette année marque  le 60e anniversaire de la coopération entre l’Algérie et la Chine, le ministère algérien du commerce nous a conviés à ce salon en qualité d’invité d’honneur. Invitation que nous avons acceptée avec beaucoup de plaisir et à laquelle le ministère chinois du Commerce accorde une grande importance. Nous avons mobilisé à fin avril 56 entreprises chinoises qui vont participer, une quarantaine vient de Chine, le reste ce sont des entreprises installées en Algérie et qui sont dans le domaine de la construction. Celles qui viennent de Chine sont spécialisées dans le textile,  la mécanique et l’électronique.

Cette Foire est une activité importante pour nos deux pays, la conjoncture mondiale étant ce qu’elle est ces derniers temps, les entreprises chinoises vont faire valoir leur savoir-faire et trouver des opportunités de partenariat. La Chine a encouragé les sociétés pour ce faire.

Entretien réalisé par S. A.  In Tabadoulat N°3 (Revue de la Safex) 

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