300 CET seront prêts d’ici à 2014

Les gains en matière de valorisation et de recyclage peuvent atteindre 6 milliards de DA par an.

Bientôt, plus de décharges sauvages en Algérie ? Plus que jamais d’actualité, la question semble trouver réponse avec la multiplication ces dernières années de centres d’enfouissement technique (CET).
Une décision que vient de rappeler le gouvernement Sellal qui semble vouloir en découdre avec les décharges sauvages et organiser la filière déchets génératrice d’emplois.

C’est du moins ce que suggèrent les mesures prises dès la nomination de Abdelmalek Sellal à la tête du gouvernement pour donner la pleine mesure à un projet ambitieux qui ne peut, on l’imagine, que réunir l’adhésion de populations particulièrement affectées par la lente et inexorable dégradation du cadre de vie avec les incessantes atteintes à l’environnement.

«Plus donc de décharges sauvages.» On peut l’espérer. Le croire, quand c’est le PDG de l’Agence nationale des déchets (AND), créée il y a une dizaine d’années (en 2002), qui le soutient. Lazhar Gourine nous le confirme en annonçant, par exemple, que et pour réaliser cet important objectif, c’est-à-dire le traitement des 10 millions de tonnes annuelles d’ordures ménagères et autres, dont une grande partie se «perd» dans la nature, «97 centres d’enfouissement technique sont programmés. 300 CET seront prêts d’ici à 2014, c’est-à-dire à la fin du programme quinquennal. 38 sont d’ores et déjà réalisés.»

Parmi les mesures d’urgence inscrites au programme et pour la seule année en cours, on insiste du côté des responsables de cette structure sur l’opération de réhabilitation de pas moins de 40 décharges échappant à tout contrôle, de même qu’est prévue la réalisation de 100 unités de tri, 95 décharges contrôlées, 48 déchetteries et 17 décharges pour les déchets inertes.

Lazhar Gourine, qui n’oublie de préciser que les principaux « points noirs » sont « les petites décharges sauvages dont les rejets sont souvent strictement ménagers » et dont il ne faut pas trop craindre « les retombées certes nuisibles mais limitées » , met en exergue le rôle des CET chargés de gérer près de «75% des déchets ménagers et assimilés» et des emplois indirects que ceux-ci peuvent engendrer quand on sait que de plus en plus de personnes intègrent chaque jour le circuit informel de la collecte ,du tri et même du recyclage .

Et avec la mise en place d’un «réseau d’experts en matière de gestion des déchets.», les choses devraient aller plus rapidement même si, de l’aveu du directeur de l’AND, il n’est pas très aisé de mettre en place le réseau en question.

C’est donc en connaissance de cause que le directeur de l’AND plaide pour une formation spécifique.
Et à tous les niveaux. Il y a des métiers qu’il veut voir « émerger » pour mieux encadrer la filière de la gestion des déchets. Il rappelle , à l’occasion de l’entrevue qu’il a bien voulu nous accorder ,que « Le ministère de la Formation a lancé en 2011 une vaste opération devant menant à une classification des profils devant être préparés par les différents centres de formation professionnelle.

Cette nouvelle dynamique contribuera à rendre employables les jeunes, femmes et hommes, avec ou sans qualification. Nous devons valoriser les diplômes dits «borgnes» comme la licence, le baccalauréat ou le BEM qui doivent constituer des portes d’entrée au monde du travail vert » et de rappeler une fois encore que l’agence qu’il dirige , en collaboration avec le Conservatoire national des formation à l’environnement (CNFE) ,doit contribuer, à l’horizon 2015, à la création, dans la gestion des déchets uniquement, de plus de 100 000 emplois répartis entre 12 000 micro- entreprises et 3 000 PME.

Une opération pilote fut tentée en 2011 dans la wilaya de Djelfa, au niveau du chef-lieu, a permis la création de 55 micro- entreprises de récupération spécialisées par matériau.

Qu’est ce que l’Agence nationale de gestion des déchets ?

– L’AND, comme son nom l’indique, a pour prérogatives les études et la recherche en matière de gestion des déchets ainsi que l’assistance des collectivités locales dans ce domaine .

Quelques chiffres :

– Selon des données de l’Agence, l’Algérie génère un volume de 10 300 000 tonnes par an, sur ce nombre on peut procéder à la revalorisation d’une bonne partie, soit un volume de 2 900 000 tonnes.

– La production nationale globale de déchets industriels est de 2 547 000 tonnes par an avec un stock de 4 483 500 tonnes dont 325 100 de déchets spéciaux.

– «Plus de 2 millions de tonnes sont en attente d’une solution d’élimination», révèle un récent document de l’Agence.

-Les gains en matière de valorisation et de recyclage peuvent atteindre 6 milliards de DA par an.

Repères:

– La gestion, le contrôle et l’élimination des déchets est règlementée par la loi du 11 décembre 2001. Un rôle important est dévolu au privé et aux municipalités dans ce domaine. Outre les déchets ménagers, ce sont les déchets spéciaux dangereux qui posent problème. A cet effet, un programme spécial a été initié par l’Algérie à travers le PNAGDES, Programme national de gestion des déchets spéciaux et DASRI pour les déchets d’activité de soins à risque infectieux.

La récupération et le traitement des déchets par les personnes et entreprises qui ont une existence administrative et fiscale ne dépassent guère 4% des quantités générées, soit 160 000 tonnes, et occupent entre 7 et 9000 travailleurs pour tous les matériaux (papier, carton, verre, plastique, métaux, textiles, bois, batteries, huiles usagées, pneumatiques, les DEEE, etc.).
Il faut signaler que le traitement des DASRI représente un créneau pourvoyeur d’emploi : 37 440 tonnes sont produites annuellement et peuvent favoriser la création de 5 000 postes de travail.

Par Rabah Mazigh

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