2013, année du logis ?

Le secteur national du bâtiment s’avère un filon au point de drainer vers Alger les compétences internationales en la matière.
Le ballet incessant des prétendants au programme de construction de 2,400 millions de logements témoigne de cet intérêt.
Le ministère de l’Habitat n’a pas désemplit de prétendants en cette veille de fin d’année.

Le programme dont il est prévu la réalisation de 200 000 unités par an, pour pouvoir honorer l’engagement de réaliser en 2014 les 1,2 million de logements conformément aux objectifs du programme quinquennal en cours ne peut s’accommoder de bricolage.

Le besoin de diversifier ses partenaires entre dans cette logique de faire vite et bien avec, en prime : faire profiter les entreprises algériennes de cette expertise étrangère.

Les françaises, italiennes, russes et indiennes en sus des turcs et égyptiennes sont les prétendantes à ce programme.

Leurs représentants ont visité Alger au courant de ces deux derniers mois, avec dans leurs valises tout pour séduire.

C’est une opportunité indéniable qui s’offre aux entreprises étrangères dont notamment les américaines et européennes qui devront se défendre sérieusement pour se placer sur un marché qui offre toutes les conditions, y compris financières puisqu’il est prévu la création d’une banque de l’habitat pour financer les nouveaux projets immobiliers.

Les Américains mettent le paquet

Les derniers en date sont les représentants d’une douzaine d’entreprises américaines, réparties en trois consortiums venus proposer leurs services, cela, va de l’étude à la réalisation en passant par les travaux d’architecture et de maitrise d’ouvrage d’art.

Prêts à en découdre avec la concurrence, ils ne lésinent pas sur l’offre en souscrivant à la démarche algérienne. Ils proposent le partenariat avec les entreprises algériennes et selon les règles algériennes d’investissement.

Cela, en plus de l’engagement pour le respect des délais ainsi que de la qualité des matériaux utilisés et avec un rapport qualité/ prix concurrentiel. La technologie américaine en matière d’habitat consiste à bâtir des structures métalliques résistantes qui peuvent être montées en deux mois.

« Les constructions de type californien à un étage correspondent très bien à l’Algérie », selon Smail Chikhoun, président du conseil d’affaire algéro-américain qui a conduit la délégation américaine.

Il a aussi expliqué le choix américain de pénétrer le marché algérien avec des consortiums par l’opportunité de réunir les expériences et le savoir- faire des entreprises américaines dans les différents domaines relatifs à la construction, surtout que c’est une démarche déjà usitée et qui se doit de respecter les exigences locales, ajoutant que « les compagnies américaines sont prêtes à s’adapter aux exigences du système algérien de construction et de respecter le plan d’urbanisme local ».

En pragmatique, la délégation américaine est allée à la rencontre des organisations patronales représentant les opérateurs privés dans le domaine du bâtiment afin de discuter d’éventuels partenariats.

Les Espagnols promettent d’apprendre aux Algériens comment construire

Les Espagnols, représentants de la confédération des Asturies à laquelle sont affiliées pas moins de 600 entreprises ,ont rentabilisé leur séjour algérois en signant avec l’AGEA un protocole d’accord, suivi de toute une journée de négociations durant laquelle ils ont soutenu leur prétention à ce programme par la création d’une école de formation professionnelle à leurs frais, pour former des formateurs dans tous les métiers du bâtiment comme ils ont exprimé leur adhésion aux lois et règlements du pays pouvant favoriser la création de sociétés mixtes algéro-espagnoles selon le droit algérien.

Pour rappel, un accord cadre a été signé précédemment par le ministre de l’Habitat et le secrétaire d’Etat à l’équipement espagnol. Cet accord a donné suite à des discussions entre opérateurs des deux pays sur les possibilités de créations d’entreprises partenaires pouvant réaliser près de 50 000 logements à l’horizon 2014.

Même l’ANIREF a profité de l’occasion pour engager des discussions avec un partenaire espagnol portant sur la création d’une société mixte chargée de piloter l’aménagement des nouvelles zones industrielles.

C’est dire la disponibilité des Espagnols qui, après avoir été depuis des années de simples fournisseurs de faïence, entrent en lice pour arracher une part de marché.

Les Portugais déjà partenaires de Indjab

Les Portugais ne sont pas en reste. En octobre dernier, un protocole d’accord algéro-portugais a été signé par les deux parties .Il a porté sur la création de joint-ventures pour la réalisation de plusieurs projets de logements et d’équipements d’accompagnement. Les Portugais ont proposé leurs « meilleures » entreprises prêtes à conclure pour des partenariats avec les entreprises nationales et s’engagent à œuvrer pour un transfert de savoir- faire en matière de techniques de construction.

Il a été retenu de ce fait un actionnariat de la SGP Indjab du côté algérien à hauteur de 51% du capital des joint-ventures auxquelles il sera confié dans le cadre du programme gouvernemental un quota de 50 000 logements au minimum avec tous les équipements d’accompagnement, notamment les établissements scolaires, de santé et de sécurité.

Les Chinois perdent du terrain

Les entreprises chinoises, qui avaient raflé le marché du logement il y a 10 ans, ne sont plus les favorites. Elles n’auront plus les mêmes conditions d’alors ou elles étaient pratiquement seules à faire valoir l’avantage des délais courts.

Chose d’ailleurs qu’elles ne peuvent aujourd’hui avancer comme réussite au regard des retard enregistrés dans l’exécution de l’ancien programme gouvernementale émaillé de lacunes techniques comme ce fut le cas pour le lot des logements de Bab Ezzouar Bis et d’autres sites encore ou le retard a été pénalisant et pour le souscripteur et pour l’Etat, qui n’a pu honorer ses engagements d’attribution dans les délais impartis.

Ce n’est donc pas une réussite de l’expérience chinoise vers laquelle l’Algérie s’est tournée à un moment de son histoire durant laquelle le déficit en matière de logements était menaçant.

D’ailleurs, les discussions que le ministre à eues avec le président de la société (CRCC) postulante au programme ont porté sur le respect des impératifs de qualité et de respect des délais avec la mobilisation de tous les moyens matériels et technologiques dont dispose cette entreprise en vue de contribuer efficacement à la réalisation des différents programmes de logements en Algérie.

Les entreprises chinoises auront cette fois- ci à faire face à une concurrence rude et pénible qu’exerceront les entreprises européennes dotées de meilleurs moyens techniques et technologiques ,ce qui leur permet d’être aussi de redoutables concurrents sur le critère délai d’exécution d’autant qu’elles sont animées de volonté de fer pour se faire une place sur le marché algérien.

Au regard de l’importance du marché du logement. La diplomatie s’en mêle

Le programme en question consenti sur fonds publics s’avère un enjeu de taille pour les entreprises étrangères qui se disputent les parts de marché national au point ou celles-ci sont parrainées par leurs gouvernements respectifs.
L’on n’est plus dans la logique du solo, c’est en consorsiums que ces entreprises entament le rapprochement avec les autorités algériennes mettant en oeuvre toute la machine diplomatique.

Le ministre de l’Habitat a du recevoir les demandes française et italienne exprimées officiellement par leurs ambassadeurs respectifs en poste à Alger.

La France, quant à elle, devra dépêcher dans les prochains jours son ministre du Logement pour faire sa demande. Les entreprises espagnoles du bâtiment ont, quant à elles, été accompagnées par le secrétaire d’Etat espagnol à l’Equipement, au Transport et à l’Habitat M. Rafael Catala Polo.

Les discussions ont bien avancé et pourraient être couronnées par la signature de trois à quatre protocoles d’accords portant sur la création de sociétés mixtes. Les Espagnols n’attendront pas, les entreprises créées devraient être opérationnelles dès la fin du mois de décembre ou début janvier 2013.

Coté portugais, c’est le secrétaire d’Etat chargé de l’Economie et du Développement régional, Antonio Almeida Henriques, qui a signé en personne le protocole d’accord en marge de sa visite algéroise.

Outre la démarche individuelle, les Européens ont aussi tenté une approche collective en dépechant l’ambassadeur de la Commission européenne pour plaider en faveur de leurs entreprises.

A notre ministre de l’Habitat qui l’a reçu, l’ambassadeur, a exprimé « la disposition des pays européens à accompagner la réalisation de projets de logements à travers des conseils importants en relation avec les futurs programmes de logements».

Les Américains ont choisi de faire les choses dans la concertation en jouant sur la coopération bilatérale.
Le parrainage a été confié au Conseil d’affaire algéro-américain sous la présidence de son président Smail Chikhoun qui a conduit la délégation des chefs d’entreprises intéressés.

Pour ces opérateurs américains, ce partenariat est considéré comme un « atout » pour les Américains dans la mesure ou il permettra de « faciliter davantage la tache et d’aller vite, car il les aidera à mieux connaître les modalités et les spécifications algériennes ».

Par Sabrina Mouloud

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