Tchin Lait : « Un million de litres de lait jour à moyen terme »


Dans l’entretien qu’il a bien voulu accorder à DZEntreprise , suite au rachat de Général Laitier Jugurtha (ex- Yoplait ) par Tchin Lait , Mr Fawzi Berkati, directeur général, a indiqué que le chiffre d’affaires de son entreprise est en constante augmentation depuis l’entrée en exploitation en 2001 de l’usine de Béjaia . A hauteur de 200 millions de dinars en 2012, il a atteint les 10 147 millions de dinars en 2012.

Le rachat de l’usine de Baraki , que Tchin Lait a entièrement équipée de lignes neuves de production de lait, va permettre de répondre à une demande sans cesse croissante des produits Candia.
Le directeur de Tchin Lait a répondu, et sans détour, à toutes nos questions.

DZ-Entreprise : Vous entamez votre 14 année de franchise avec Candia, quel Bilan en faites -vous ?

Mr Fawzi Berkati : Positif ! Juste pour rappel, notre premier contrat remonte à aout 1999, avec une exclusivité sur tout le territoire. Le contrat est renouvelé par tacite reconduction après 10 ans. Une période durant laquelle nous avons oeuvré à mettre en avant l’avantage de la brique de lait. Il fallait vulgariser sur le produit et l’emballage UHT en mettant en la préservation de la qualité du produit.
Le procédé UHT , qui aujourd’hui veut dire en Ultra Haute Température, fait que le lait est porté quasi- instantanément à une température très élevée (entre 140 et 150°C) pendant un temps très court (de 2 à 5 secondes) pour stériliser le produit qui est débarrassé d’un grand nombre d’enzymes tout en gardant toute sa qualité nutritionnelle.
Il faut savoir le plus gros avantage de la brique est que le lait se conserve sans problème à température ambiante. Ce qui est pour le transport et le stockage hors froid très intéressant en termes de réduction des coûts.

DZ-Entreprise : Et aujourd’hui, la culture du lait UHT est entrée dans les moeurs ?

Mr Fawzi Berkati : Aujourd’hui oui, mais au départ nous avons galéré plus de 2 ans. Ce n’est qu’en 2001 que les choses ont commencé à marcher, nous avons pris le temps qu’il fallait pour vulgariser. Et convaincre tout le monde sachant que le prix pouvait être un handicap. En 2013, nous avons du mal à satisfaire toute la demande et ce, bien que notre unité tourne 24 heures sur 24.

DZ-Entreprise : Quelle est la ville ou le produit marche le mieux et est- ce que vous desservez toutes les wilayas ?

Mr Fawzi Berkati : Oui, et nous avons fait en sorte que le prix de la brique de lait soit le même partout. Nous assurons donc le coût du transport sur un rayon de 600 km, reste qu’Alger représente 40% de notre chiffre d’affaires, Oran vient en second, à Annaba, bastion du lait en vrac, on réussit moins. En fait, tout est question de pouvoir d’achat.

DZ-Entreprise : Vous aviez, lors d’une de vos sortie médiatique, regretté le manque de foncier à Béjaia pour agrandir votre usine, or, les pouvoirs publics encouragent la délocalisation vers d’autres wilayas où le foncier industriel est disponible …

Mr Fawzi Berkati : D’accord pour la délocalisation, sauf que ce n’est pas une épicerie qu’il faut déménager, c’est toute une usine qu’il faut amener ailleurs et c’est techniquement impossible !
En ce qui nous concerne et pour répondre à la demande et préserver la qualité, nous avons pris une autre option, Tchin Lait a racheté Général Laitier Jugurtha, usine de production de lait et de produits dérivés de Baraki, l’ex-Yoplait.
Nous avons formalisé il y a une année déjà, et l’unité entre en production courant juillet avec une capacité de 400 000 litres jour. Soit la moitié de ce que produit l’usine de Bejaia.
Ce site produira à moyen terme un million de litres jour.
Ce qui nous permettra de couvrir toutes les wilayas du Centre…
Et les lignes de produits frais redémarreront en principe dès octobre prochain. Pour ce qui est du lait, tous les équipements sont neufs ! Quelque 200 emplois sont créés pour commencer pour arriver à 500 comme à Bejaia, à moyen terme.

DZ-Entreprise : «Etre les meilleurs avant d’être les premiers » est votre devise et vous l’avez, avec un certain sourire, rappelé lors de notre discussion à bâtons rompus alors que nous parlions d’hygiène dans l’industrie agroalimentaire…

Mr Fawzi Berkati : La qualité est notre priorité ! Et il n y pas de qualité si toutes les normes requises pour l’industrie agroalimentaire ne sont pas respectés.
Alors il est évident que l’hygiène est notre priorité absolue. La franchise avec Candia nous a apporté un savoir- faire, et si cette marque a reconduit son partenariat ,c’est que sur ce plan nous sommes intransigeants, comme vous avez pu le remarquer en visitant l’unité, nous avons un laboratoire, nous traçons l’intégralité des entrants et nous sommes en mesure de vous dire à partir de la date et de l’heure à la seconde près de fabrication où se trouve le produit, que nous pouvons retirer immédiatement en cas de souci.
Ce qui à ce jour ne nous est pas arrivé. Nous sommes certifiés Iso 9001 version 2005 et nous sommes en phase de mise en place de l’Iso 22 000 spécifique à l’agroalimentaire.

DZ-Entreprise : Vous avez, et à maintes reprises, regretté que la Banque d’Algérie ne valide pas les franchises, les choses évoluent-elles sur ce point précis ?

Mr Fawzi Berkati : Pas du tout ! La Banque d’Algérie ne valide toujours pas, nous sommes contraints de recourir à des contrats de prestation.
Nous payons la franchise sous forme de prestation, pour les uns cela peut paraitre intéressant, mais il reste qu’un contrat de prestation est un contrat de prestation et cela ne nous permet pas d’être sereins.
Nous avons saisi et à maintes reprises la Banque d’Algérie à ce propos et à ce jour pas de réponse. On fait le choix de l’économie de marché on doit s’y adapter !

DZ-Entreprise : Justement, s’agissant des « choix » des pouvoirs publics, vous qui êtes membre du FCE et de l’Apab avez-vous l’impression que les volontés du Premier ministre de lever tous les verrous pour la relance de l’économie nationale se matérialisent sur le terrain ? Y a-t-il du concret ?

Mr Fawzi Berkati : Nous sommes plein d’espoir. Les orientations sont claires, mais sur le terrain il y a beaucoup de réticences.
Je crois qu’il faut qu’il y ait un canal pour que les informations remontent fidèlement.
Il faut qu’il y ait périodiquement des évaluations de ce qui a été fait et de ce qui ne l’a pas été et pourquoi.
Il est très difficile de venir à bout des mauvaises habitudes !

DZ-Entreprise : Un exemple ?

Mr Fawzi Berkati : Tout simple ! Les intrants ne doivent pas être taxés en douanes. Le bouchon qui n’est pas fabriqué en Algérie, comme celui qu’on utilise dans nos briques, le Combiswift, ou le bouchon à ouverture facile si vous préférez, que nous importons est taxé.
Un autre exemple, le temps de passage en douanes a été réduit substantiellement, c’est bien, sauf que les bateaux restent jusqu’à 15 jours en rade.
Et depuis l’interdiction du conventionnel pour désengorger le port d’Alger, le port de Bejaïa est dépassé ; nous nous sommes retrouvés dans l’obligation d’augmenter notre stock outils pour parer à toutes éventualités…

DZ-Entreprise : Justement en parlant des intrants que vous importez, il y a la poudre de lait et l’emballage, or, pour ce dernier il n y pas possibilité de recyclage…

Mr Fawzi Berkati : Tout à fait, et malheureusement il n y pas de récupération de cet emballage qui contient une couche d’aluminium, qui même infime ne peut pas être recyclé chez nous, ils finissent donc à la déchèterie.

DZ-Entreprise : Ils ne peuvent pas être réexpédiés dans le cadre d’une convention avec les fournisseurs de ce type d’emballages ?

Mr Fawzi Berkati : Nous ne sommes pas arrivés à ce stade !

DZ-Entreprise : L’unité de Bejaïa, c’est 500 employés tous profils confondus, avez-vous des difficultés à trouver du personnel qualifié et avez-vous des rapports avec l’université ?

Mr Fawzi Berkati : Sur ce nombre de personnes dont 29femmes, que Tchin-Lait qu’emploie , 10% d’entre eux sont des cadres, 37% des agents de maîtrise et le reste sont des agents d’exécution.
La qualification, c’est l’entreprise qui l’assure à travers diverses formations.
Sur site où à l’étranger, grâce aux avantages de la franchise, Candia assure le perfectionnement en termes de technologies et maintenances du personnel du laboratoire et produits 30% de l’effectif.
Il faut savoir que dans le cadre de l’échange université et industrie, nous recevons régulièrement des étudiants pour des stages de fin de cycle et des professeurs pour des échanges dans différents domaines, ce qui permet de mettre en oeuvre des expériences comme cela a été le cas d’un étudiant qui a « fabriqué » du jus à partir de grenades.

DZ-Entreprise : Le jus, Tchin Lait en fabrique, mais sous le label Candia, pourquoi ?

Mr Fawzi Berkati : En fait l’idée de faire du jus est venue en1999, au démarrage, les lignes de production n’étant pas saturées, nous en avons produit, puis quand nous avons vu qu’on n’arrivait pas à satisfaire la demande de nos produits phares, nous avons abandonné.
Dans le cadre de la franchise, si cela peut répondre à votre question, il y a le partie recherche et développement, il y a donc un échange d’information.
Les boissons fruitées sont une recette Tchin Lait, comme l’est d’ailleurs la boisson chocolatée qui fait de plus en plus d’adeptes.

DZ-Entreprise : Et vous arrivez à satisfaire la demande ?

Mr Fawzi Berkati : On fait tout pour, et la moindre rupture de stock nous ait signalée, parfois par le consommateur lui-même, souvent des mères de familles d’ailleurs.

Entretien réalisé par : Sabrina Mouloud

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