Louisa Aknouche: sur la route d’un safran d’une qualité exceptionnelle

Difficile de trouver un instant pour discuter avec Louisa Aknouche lorsqu’elle est dans son stand dans l’un des nombreux salons professionnels auxquels elle prend souvent part pour présenter son safran et tous les produits dérivés, tels que les confitures, miel et gelés de thé et safran.

Assaillie de toutes parts par une clientèle connaisseuse,  à la recherche d’un produit de qualité, de surcroît fabriqué localement,   la safranière formée en France finit par trouver un moment pour nous raconter sa «formidable» aventure et les difficultés qu’elle rencontre en tant que chef d’entreprise pour mener à bien sont projet.

Projet accompagné par Acim, Ader Méditerranée et Medaf CO Consulting dans le cadre du projet DiaMed et  implanté dans la localité de Ben Badis, dans la wilaya de Constantine, sur un terrain d’un hectare et demi prêté par un céréaliculteur, il y a de cela  5 ans.

«La première année a été une année d’expérience,  nous l’avons consacrée mon mari et moi  à étudier la qualité, le rendement et le comportement sur notre sol du bulbe que nous importons de France  et qui je tiens à le préciser fait partie de la banque des espèces. C’est dire qu’il y a une traçabilité», raconte avec un fort accent du Sud de la France notre interlocutrice qui avec son conjoint a monté son entreprise au nom évocateur  « Safran Tariki». Une fois récolté, le safran est envoyé en France pour des analyses.

Le résultat est inattendu. «Le safran cultivé à Constantine dépasse tous les taux  des safrans marocains», soutient, non sans une certaine fierté, Louisa Aknouche, qui rappelle que le safran n’est pas seulement une épice mais aussi une plante médicinale qui gagnerait à être cultivée en Algérie.

«Le taux de crocine, de  picrococine et de safranel du safran que nous avons cultivé à Ben Badis  s’est révélé largement supérieur (258%) à ceux cultivés dans certains pays, notamment le Maroc».  La récolte du safran dont la plantation se fait entre avril et septembre se fait fin octobre, et elle est souvent source de tracas pour le couple d’agriculteurs qui ont du mal à trouver de la main-d’œuvre.

«Cueillir les fleurs du safran  demande une certaine technicité, nous avons donc recours aux saisonniers que nous formons, ailleurs, cette formation est payante»,  fait remarquer l’entrepreneur qui souhaite avec les services concernés trouver une formule gagnant-gagnant  pour que la saison des récoltes du pistil soit une formation pour ceux qui ont pris option pour les métiers verts.

Louisa Aknouche en est convaincue, la culture du safran est  une niche qui peut s’avérer très rentable à l’export pour peu que les pouvoirs publics concèdent  toute l’aide voulue à ceux qui, comme elle, ont investi le créneau de la culture de l’or rouge, de surcroît 100% bio.

Une qualité très prisée outre-mer. Le safran cultivé sur la safranière de Ben Badis,  lauréate du Pacem, était,  au moment où nous l’avons rencontrée en voie de labellisation avec  l’appellation AOP de l’Anvredet en Algérie  et  Ecocert en France.   Des «certifications» qui devraient ouvrir la voie à une longue route à «Safran Tariki», dont la gérante rêve d’avoir un plus grand terrain de pas moins de 10 ha  pour réaliser la première safranière en Afrique et offrir de nombreux emplois à la région où elles sont implantées et de rivaliser ainsi et sans complexe avec les safranières du Maroc, d’Iran et d’ailleurs.

 

 Sabrina Mouloud    

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