Les inquiétudes de M. Djoudi relayées par le FCE

Dans le cadre de ses rencontres de réflexion et de débats autour de thèmes d’actualité intéressant l’économie nationale, particulièrement la PME, le Forum des chefs d’entreprises (FCE) a tenu, le lundi 26 novembre dernier en son siège, un atelier traitant de la loi de finances 2013.

Au menu, deux communications. Celle de Mouloud Hedir, conseiller économique du FCE, et touchant aux équilibres budgétaires de l’Etat, suivie de celle présentée par Lyès Kerrar, expert financier et dirigeant de Humilis Finance, qui, lui, a choisi de mettre l’accent sur la fiscalité de l’entreprise à la lumière des dispositions de la loi de finances 2013, tout en abordant la nécessité pour l’Etat d’élargir l’assiette fiscale.

Un débat s’en est suivi en présence de nombreux chefs d’entreprises, de responsables institutionnels ainsi que la presse nationale.

Même si on ne le voit pas de prime abord, c’est sans doute dans le souci d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur la nécessité et l’urgence d’orienter les dépenses publiques plutôt vers les investissements productifs que se justifie le thème choisi par Mouloud Hedir.

Ce dernier s’est en effet vivement inquiété du train des dépenses publiques, notamment en ce qui concerne les budgets de fonctionnement de l’Etat, où il parle carrément de « dérive ».

Si cette alerte a déjà été donnée par le premier argentier du pays, Karim Djoudi, au FCE on souhaite que le débat sur cette question soit aussi élargi et public puisqu’il concerne toute la société.

Mouloud Hedir explique qu’il est urgent de veiller aux équilibres budgétaires de l’Etat, notamment en cette conjoncture de crise financière et économique mondiale dont l’Algérie ne peut rester constamment à l’abri de ses effets.

Une analyse faite à la lumière des chiffres communiqués ces dernières années par le ministère des Finances et par laquelle l’intervenant s’interroge sur les niveaux des dépenses, notamment concernant les budgets de fonctionnement, les coûts des projets et la maitrise de la dépense.

S’appuyant sur une note de présentation du ministère des Finances qui résume l’approche économique des pouvoirs publics quant à la situation générale de notre économie, et ayant servi de base à l’élaboration de la loi de finance, Mouloud Hedir apporte sa critique pour dire qu’on ne peut établir des prévisions sur la base d’un prix du baril de pétrole retenu à hauteur de 90 dollars sur l’ensemble de l’année, alors qu’il s’agit d’un marché aux fluctuations fréquentes dont notre économie reste dangereusement dépendante. On assiste alors à des « prévisions très approximatives ».

L’on retiendra qu’en 2009, l’écart entre les prévisions et le prix réel du baril avait été de – 62%, (+37% en 2010, +47% en 2011 et +18% en 2012).

Les niveaux de ces écarts, même positifs, renseignent sur la faible capacité d’anticipation de l’évolution des marchés, explique Mouloud Hedir.

D’où la difficulté de maitrise des dépenses budgétaires compatibles avec le niveau des recettes fiscales escomptées.

Le Fonds de régulation des recettes de plus en plus destiné à combler les déficits

Dans le but d’équilibrer les niveaux des ressources d’année en année, les pouvoirs publics ont recouru, en 2000, à la mise en place du Fonds de régulation des recettes (FRR), « conçu pour loger les excédents des ressources non budgétisées ».

Celui-ci est censé servir de régulateur.

Or, ses ressources sont de plus en plus consacrées à combler les déficits.

Evoquant une éventuelle chute brutale des prix du baril, scénario déjà produit dans les années19 80, l’intervenant rappelle qu’il « ne faut pas oublier l’objectif principal et la raison de création du FRR, celui de préserver la ressource par la maitrise de dépense ».

Il fait remarquer que « les déficits successifs du Trésor sont en train d’aspirer de plus en plus les ressources du Fonds (…) Près de la moitié (44,4%) de ces ressources ont été ainsi absorbées à la fin 2011 ».

Ceci en présence des faibles performances de l’économie algérienne comme l’atteste le tableau ci-dessous :

Il apparait que les taux de croissance restent décalés par rapport aux prévisions faites chaque année, tandis que le taux d’inflation, qui était jusque-là relativement maitrisé, a sérieusement dérivé au cours de 2012.
Toutes ces données et bien d’autres sont, de l’avis du conseiller du FCE, des signes forts plaidant pour une meilleure maitrise des dépenses publiques.
Après les déclarations du ministre des Finances lui-même dans ce sens, voilà que les patrons adoptent le même discours présageant d’une politique d’austérité à laquelle les Algériens doivent visiblement se préparer.

Par Manel Sadaoui

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