Les idéaux et les IDE

Le constat est clair : les Investissements Directs Etrangers -IDE- en Algérie marquent le pas depuis 2009.

Coïncidence ou pas, c’est également l’année de la mise en oeuvre de la règle des 49-51%. La loi de finances complémentaire de 2009, qui a introduit cette règle pour régenter les investissements étrangers en Algérie, semble avoir repoussé, sinon refroidi les ardeurs de nombre d’investisseurs potentiels sur le marché algérien.

Associer un partenaire algérien rebuterait en fait beaucoup de porteurs de projets étrangers, dont certains projets sont des délocalisations ou des projets neufs, notamment dans le BTPH, l’agriculture ou l’agroalimentaire et les services. Des secteurs à forte valeur ajoutée, créateurs d’emplois et qui assurent un retour rapide sur investissement.

Durant les cinq dernières années, le montant global des investissements directs étrangers en Algérie avait atteint les 8,25 milliards de dollars selon un bilan de l’ANDI.

C’est à dire moins de deux milliards de dollars pas an. La tendance à la chute libre des IDE en direction de l’Algérie par rapport à d’autres pays africains comme le Nigeria, l’Egypte ou même le Congo, est par ailleurs confirmée par la conférence des Nations-Unies sur le commerce et le développement ( Cnuced ).

Elle estime même que les IDE sont en net recul en Algérie. Selon le rapport mondial de 2011 de la Cnuced, l’Algérie, même si elle est classée à la 8éme position en Afrique, n’a pu capter que 2,29 milliards de dollars d’IDE en 2010 contre 2,76 Mds de dollars en 2009. Et, sur l’ensemble des investissements hors hydrocarbures réalisés au cours des cinq dernières années, les IDE sont orientés vers l’Industrie, les médicaments, l’agroalimentaire et les matériaux de construction.

Ce n’est pas une configuration type investissements dans le secteur des hydrocarbures avec un chèque de plusieurs milliards de dollars, mais le fait est que les IDE en 2012 devraient enregistrer une courbe descendante.

La cause? Beaucoup de patrons de PME algériennes pointent du doigt la  règle des 49-51%, même si les responsables de l’ANDI estiment le contraire, chiffres à l’appui, mais seulement pour les projets « déclarés  » et non effectivement entamés ou réalisés. Il y a, d’autre part, les difficultés que rencontrent les opérateurs étrangers à rapatrier leurs bénéfices réalisés en Algérie, ou les conditions draconiennes qui leurs sont imposées par rapport aux facilités accordées aux investisseurs étrangers par des pays voisins ou africains. Au final, l’Algérie reste une terre qui n’attire pas vraiment les grandes compagnies internationales.

En fait, le climat des affaires s’est dégradé en Algérie au cours de ces dernières années. Le rapport Doing Business 2012 établi annuellement par la Société financière internationale (SFI), organe chargé du secteur privé à la Banque mondiale, l’affirme. Il classe l’Algérie à la 148e place sur les 183 pays étudiés, le pays a ainsi enregistré une perte de cinq places par rapport à 2011. Un signe évident d’une détérioration de l’environnement des affaires.

A titre comparatif, il faut moins d’une semaine pour un investisseur étranger pour inscrire son projet et finaliser toute la paperasse au Maroc, et environ deux semaines en Tunisie et plus près de six mois en Algérie. Le climat politique délétère qui règne en Afrique du Nord, sur le sillage du Printemps arabe, est l’autre raison avancée pour expliquer le coup de frein donné aux IDE en direction de cette région.

Par Ali Sassi   

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