Le modèle allemand : Perspective générale

Le modèle allemand: ses déterminants

Le modèle social

Le modèle allemand se distingue selon un cadre de référence qui privilégie le «marché social» en opposition à la seule économie de libre marché.
En bref, le marché social entretient la conviction que l’économie et le développement social sont intrinsèquement liés.
Pour les Allemands, l’entreprise est assujettie à une responsabilité dans la gestion de l’ordre social, tant sur le milieu du travail que dans l’organisation de la vie communautaire.

Ainsi, les pouvoirs publics tout autant que les regroupements de travailleurs et les syndicats ont leur mot à dire dans la gestion de l’entreprise (enrichissement des tâches, innovation…) et dans l’implication de l’organisation dans les activités relatives à la qualité de vie en général (environnement, infrastructures publiques, éducation…).

Cette dynamique de concertation et de dépendance formelle de l’organisation atténuerait, selon certains observateurs, la flexibilité essentielle aux activités de créativité et d’innovation. Or, il est démontré que le résultat de cette culture organisationnelle est davantage bénéfique pour assurer une gouvernance dynamique et proactive.

Le partenariat social de l’organisation garantit une participation des syndicats dans la gestion économique et le développement des activités de l’entreprise.

S’ajoute à ce contrat social, l’implication syndicale dans l’élaboration des programmes de formation appuyés financièrement par les pouvoirs publics et le secteur privé et définis selon les normes nationales et les besoins spécifiques des entreprises.

Parmi les autres caractéristiques du système social, les salariés des entreprises de cinq employés et plus détiennent le droit d’élire des représentants au comité de gestion de l’organisation avec plein accès aux informations financières, stratégiques et opérationnelles.
Droit de gouvernance et droit d’intervention consolident donc le modèle du consensus incitatif à l’innovation sociale, managériale et technologique au sein des organisations. Aussi, une atténuation des résistances au changement.

La compréhension et l’adhésion des salariés aux impératifs des pressions concurrentielles internationales, l’innovation, l’amélioration continue, le développement des compétences et la prise de risques n’étant pas les moindres.

Le modèle d’affaires

L’Allemagne se distingue historiquement sur le podium des pays dont la contribution à la science et la technologie a eu les retombées les plus importantes et durables dans une panoplie de secteurs qui couvrent les sciences pures et appliquées, les sciences naturelles et biologiques, la médecine, le génie industriel et mécanique et les télécommunications, pour ne retenir qu’une énumération forcément partielle.

Outre la contribution intellectuelle exceptionnelle des scientifiques (les scientifiques allemands détiennent le record des prix Nobel au XXe siècle), les environnements institutionnels du savoir, universités, centres de recherche et laboratoires ont constamment côtoyé les milieux d’affaires, grandes, moyennes et petites entreprises en s’assurant de leur permettre d’incuber les découvertes susceptibles d’améliorer leurs capacités et de déployer leur savoir-faire à l’échelle planétaire. Pari remporté et culture du progrès renforcée.

Retenons, à titre d’exemple, la poursuite du projet SME robotics auquel se greffe une constellation d’intervenants européens et dont l’objectif principal est d’élaborer des solutions technologiques destinées à la robotique intelligente pour le bénéfice des PME manufacturières.

Concertation des parties prenantes, innovation ouverte et adaptabilité, une fois de plus réaffirmées.!

Le modèle d’affaires se décline selon des contours stratégiques qui intègrent de manière efficace les orientations gouvernementales et optimisent le rôle régulateur et financier des pouvoirs publics.
L’équilibre entre technologie, ingénierie et mise en marché soutient avantageusement les PME innovantes dans des secteurs où l’industrie allemande de la machinerie, notamment, rayonne de manière incontestée. Rappelons que les usines chinoises utilisent principalement des équipements allemands…

Le cliché qui affirme que l’innovation de rupture différencie favorablement les innovations américaines par rapport aux innovations allemandes, davantage incrémentales, est largement contesté.
La distinction plaiderait davantage sur une efficience de la chaîne de valeur allemande qui assimile davantage les innovations de rupture dans son système de production et les rendraient plus structurantes au plan industriel.
L’innovation incrémentale et l’amélioration continue caractérisent la stratégie allemande de domination et de différentiation.
La subordination de cette approche à des marchés de niche réconcilie ainsi le marché social et les exigences d’une économie ouverte sur le monde.
L’innovation endossée par l’ensemble des parties prenantes au processus global de l’organisation.
La cohérence sociale de l’organisation comme facteur de réussite.

L’approche allemande de coalition des intervenants de proximité s’élargit également à l’espace européen et à des partenaires internationaux dans certaines niches où le couple R&D et innovation est porteur de retombées commerciales et d’intégration du système social allemand.
Hégémonie pour les caciques, stimulation nécessaire pour les partisans d’une Europe communautaire de la valorisation technologique et industrielle.
Cette initiative de concertation paneuropéenne consiste en l’établissement d’une feuille de route nationale où sont planifiées les activités prévues et leur imputabilité auprès des commanditaires publics et privés.
Consentement et engagement selon ses ressources sont privilégiés à la coercition.

Six priorités sont retenues :

[tie_list type=”lightbulb”]

  • Optimisation des systèmes nationaux de recherche.
  • Renforcement des initiatives conjointes et des partenariats de R&D.
  • Mobilité accrue des scientifiques et techniciens à travers l’Union.
  • Équité des genres.
  • Dispositif intégré de production et de diffusion des découvertes.
  • Internationalisation sélective de l’Espace européen de recherche (EER).

[/tie_list]

Les commentaires sont fermés.