IANOR : l’Institut Algérien de la Normalisation.

Chaque année, le 14 octobre, l’Institut algérien de la normalisation (IANOR) célèbre la Journée mondiale de normalisation. Cette année, l’évènement a eu lieu au sein de l’Ecole nationale supérieure de management (ENSM).
Rencontrée en marge de cette journée, Ratiba Chibani, directrice générale de l’IANOR, a bien voulu revenir dans cet entretien sur son parcours professionnel et sur les métiers de cette institution qu’elle dirige depuis 2012.
Une institution jugée très peu réactive, par les managers de certaines entreprises en attente de certifications de certains produits.

DZEntreprise : Beaucoup d’entre nous vous connaissent en tant que directrice générale de l’IANOR, mais quel est votre parcours professionnel ?

Mme Ratiba Chibani : Ingénieur automaticienne de formation, j’ai entamé ma carrière à l’IANOR. J’ai eu à gérer les comités techniques, les sous- comités techniques, à former des cadres et auditeurs, j’étais en charge de la certification produit pendant cinq ans. En quête de nouvelles expériences et afin de diversifier mes compétences, j’ai par la suite travaillé au niveau de l’Organisme algérien de l’accréditation (ALGERAC) au poste de chargée de l’accréditation des organismes certificateurs. C’était en 2007, au démarrage de cette institution. Une année après, j’ai été nommée responsable de la filiale algérienne de l’Association française de normalisation (AFNOR) qui est le premier certificateur en Algérie. Quatre ans après, en 2012, le ministère de l’Industrie m’a fait appel pour assurer la gestion de l’IANOR.
Aujourd’hui, j’ai une expérience aussi bien dans le domaine de la normalisation, de la certification de produits, des systèmes et des personnes , l’accréditation que dans la formation aux normes.

DZEntreprise : Quels sont les métiers de l’IANOR ?

Mme Ratiba Chibani : L’institut algérien de normalisation a constitué une équipe pluridisciplinaire autour de quatre grands métiers au service des entreprises et collectivités, à savoir :
– l’animation du système algérien de normalisation ;
– l’information des acteurs économiques sur l’évolution des normes au niveau national et international. Pour cela, nous avons un espace d’accueil sur place, par téléphone, par fax ou par email.
– La formation autour des normes en fonction des besoins du marché. Et ce, à travers l’organisation de séminaires. Sur des thèmes tels que l’environnement, la qualité, l’hygiène et sécurité, le management des risques, des compétences et des projets,…, le choix des thèmes se fait en fonction de l’apparition de nouvelles normes…;
– la certification des produits (marque TEDJ), en s’appuyant sur des référentiels normatifs algériens. Cette certification devient de plus en plus un argument commercial et de marketing vis-à-vis de consommateurs de plus en plus informés.

DZEntreprise : Quel est le thème de la Journée mondiale de normalisation pour cette année ?

Mme Ratiba Chibani : L’événement de cette année avait pour thème « Les normes internationales garantissent des changements positifs », il traduit les préoccupations de la société à chercher un équilibre entre l’évolution des marchés mondiaux et la recherche de solution aux changements climatiques.
C’est un défit à relever tous les jours dans les parties du monde qui nécessite la mobilisation des experts pour l’élaboration des normes internationales couvrant les domaines techniques et de gestion. En effet, les normes internationales ISO offrent des outils concrets pour aborder bon nombre des défis mondiaux actuels.

DZEntreprise : Quel est le niveau d’accès et d’influence de l’Algérie dans le système ISO ?

Mme Ratiba Chibani : Il existe trois catégories de membres au sein de l’Organisation internationale de normalisation avec différents niveaux d’accès et d’influence. À travers l’IANOR, l’Algérie est un Comité membre au niveau de l’ISO. Nous sommes habilités à participer avec plein droit de vote aux réunions techniques et politiques de l’ISO, mais aussi à vendre les normes internationales et les adopter en tant que normes nationales.
L’Algérie participe ainsi à toutes les étapes de l’élaboration des normes à commencer par le choix des thèmes. Il est plus intéressant pour le pays de participer à l’élaboration des normes plutôt que de les subir, il faut savoir que les normes ne sont pas neutres, il y a des enjeux derrière.

DZEntreprise : Est-il possible pour l’IANOR d’élaborer des référentiels algériens pour répondre à la demande des entreprises locales?

Mme Ratiba Chibani : L’IANOR est certificateur produit aux normes algériennes depuis 1997 ; à ce jour, nous avons certifié 30 produits. TEDJ est une marque de qualité nationale, cette marque apposée sur un produit, atteste que ce dernier a été évalué et certifié conforme aux normes algériennes le concernant.
Le système de certification TEDJ des produits comporte des essais pour la vérification de la conformité des caractéristiques applicables et l’évaluation du système qualité concerné. La surveillance du système qualité est réalisée et des échantillons du produit peuvent être prélevés soit sur le marché, soit sur le lieu de fabrication, ou les deux, et ils sont évalués en vue d’établir la continuité de la conformité.
Nous avons des projets en cours, des demandeurs qui souhaitent gagner la confiance de leurs clients et partenaires.

DZEntreprise : Beaucoup d’entreprises déplorent la lenteur du processus de certification. Comment pouvez-vous justifier cela ?

Mme Ratiba Chibani : Effectivement, des demandeurs jugent que le processus est trop long pour les raisons suivantes :
La certification produit nécessite d’une part l’adoption des normes algériennes, l’élaboration du référentiel de certification du produit concerné s’il n’existe pas, l’identification d’un laboratoire compétent ayant les moyens pour assurer les prélèvements selon un plan d’échantillonnage d’une durée de 1 à 7 mois. D’autre part, les essais et l’implémentation par le demandeur des normes algériennes et le système de qualité exigé dans le référentiel de certification .

DZEntreprise : Quels sont les failles du système algérien de normalisation en général ?

Mme Ratiba Chibani : Le système algérien de normalisation rencontre des difficultés de la faible adhésion des parties prenantes pour l’élaboration du programme national de normalisation reflétant le besoin de notre marché ainsi que le taux d’implémentation des normes par les opérateurs économiques. Un programme a été mis en place justement pour mettre à niveau ce système.

DZEntreprise : Quels sont les différents programmes dont bénéficie l’IANOR dans le cadre de la mise à niveau du système national de normalisation ?

Mme Ratiba Chibani : Dans le cadre de la mise à niveau de ce système, l’IANOR a bénéficié des programmes PMEII, P3A, GIZ, PTB, ASDI ayant des retombées sur le développement de ses métiers, à savoir la normalisation, l’ information, la formation et la certification.

Entretien réalisé par Hind Slamani

Les commentaires sont fermés.